Quel avenir pour Terezin ?

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Terezin - Theresienstadt en allemand - est une ville fortifiée située à une soixantaine de kilomètres au nord de Prague qui fut transformée par les nazis en ghetto pour les Juifs et camp de transit vers Auschwitz. Marquée à jamais par l'histoire, Terezin se cherche aujourd'hui un avenir.

Karel Tolde
« Terezin au troisième millénaire » : tel était le titre de la conférence internationale organisée cette semaine par la Fondation Terezin, une conférence dont le but était de déterminer comment obtenir des fonds pour pallier les difficultés que la ville connaît depuis le départ des milliers de soldats qui la peuplaient et depuis les innondations qui l'ont endommagée en 2002. Karel Tolde est le président de la Fondation Terezin :

« Depuis que l'armée est partie il y a quelques années, Terezin est devenue un village de 1860 habitants, ce qui est peu car la ville est faite pour un minimum de 7000 habitants. Et parce que la majorité de la population - les soldats et leurs familles - était jeune, nous pensons que la meilleure manière de redonner vie à Terezin est d'attirer les jeunes grâce à des écoles ou d'autres types de centres de formation ».

Même si elle est visitée par des dizaines de milliers de personnes chaque année, la ville est en effet en train de devenir une ville-fantôme. Jan Hornicek est le maire de Terezin :

« Le plus gros problème d'après moi est que la ville n'a pas les moyens de préserver son patrimoine. Nous avons un projet de 'revitalisation' qui s'élève à environ huit milliards de couronnes et qui comprend notamment la rénovation des anciennes casernes. Sous la bannière 'europrojet Terezin', projet sur lequel nous travaillons depuis trois ans, sont prévus notamment une université, un centre international de musique et le 'centre Leo Baeck' de formation et de conférences. Bien sûr nous serions ravis d'obtenir des aides européennes, mais à chaque fois que nous rencontrons des représentants de l'UE, ils nous disent la même chose, à savoir que notre projet doit d'abord être soutenu par le gouvernement tchèque. Donc avec le soutien du gouvernement, notre avenir devrait être meilleur. »

A l'issue de la conférence, un groupe de travail a été chargé de trouver des fonds pour financer l'europrojet Terezin. Le maire polonais de la ville d'Auschwitz, Janusz Maszalek, fait partie de ce groupe :

« Je souhaite, en tant que maire d'Auschwitz, que la municipalité ainsi que les amis et soutiens de Terezin fassent tout leur possible pour aider cette ville petite par la taille mais très importante pour l'histoire de la République tchèque et de l'Europe. »

En 1997, une conférence similaire avait déjà eu lieu à Terezin. Les participants avaient alors proposé que la ville serve de centre de développement régional ou abrite des institutions de l'OTAN et de l'UE. Rien de cela ne s'est produit, et les habitants sont plus que sceptiques, comme Josef Tolar, propriétaire du bar-tabac de la place principale :

« Qui va financer tout ça ? Terezin est dans un état lamentable, cela va donc coûter énormément d'argent. Le maire nous a promis qu'il trouverait cet argent si les habitants étaient d'accord pour que la ville devienne une ville universitaire. Moi je suis résolument pour ; cela ne peut que réanimer la ville. Tous les gens qui avaient un pouvoir d'achat raisonnable sont partis depuis le départ des soldats et de leurs familles. Terezin est une ville morte. Et si vous voulez mon avis, monsieur le maire ne trouvera jamais les huit milliards nécessaires ! ».