Le patrimoine européen - élément de mémoire et de compréhension et base dela citoyenneté européenne

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La Tchéquie est le premier des nouveaux pays de l'Union européenne auquel le Conseil de l'Europe a confié l'inauguration de la 15e édition des Journées du patrimoine européen. La cérémonie solennelle a eu lieu vendredi 2 septembre à Clémentinum, à Prague, en présence de représentants du Conseil de l'Europe. Jaroslava Gissubelova a invité au micro M. Daniel Thérond, directeur du département de la culture et du patrimoine culturel, qui évoque, tout d'abord, que c'est par la France que les Journées du patrimoine se sont propagées vers l'Europe :

« Effectivement, ca vaut la peine de le dire, par Jack Lang, en 1985, à la conférence de Grenade des ministres du patrimoine architectural. Depuis, l'idée a commencé à se développer, et c'est en réalité à partir de 1990 qu'ont été organisées les Journées d'abord dans six pays, et puis progressivement nous arrivons maintenant à pratiquement tous les pays du continent, à 48 pays de la Convention culturelle. Au début, on ne parlait que du patrimoine architectural et maintenant on va vers le paysage, vers le patrimoine immatériel, les traditions orales, les fêtes, rites et traditions folkloriques et également les savoirs et les savoir-faire. Ca, c'est très intéressant, le patrimoine scientifique, technique et industriel. On a élargi énormément le champ des préoccupations. »

Quels sont les défis de la protection du patrimoine, compte tenu de cet élargissement et de l'élargissement de l'Europe ?

« Sur le plan politique, un travail est en train d'être fait au Conseil de l'Europe, qui est la préparation d'un nouvel instrument de l'organisation qui pourrait être soit une nouvelle convention soit une charte. Ce texte traiterait des valeurs du patrimoine pour la société, car cette valeur a un double aspect. Tout d'abord, le patrimoine est un élément de mémoire et un élément de compréhension mutuelle, d'abord de cohésion entre les personnes qui vivent dans un même lieu, mais également de compréhension mutuelle entre les diverses communautés qui occupent l'espace européen, avec les phénomènes d'immigration, de gens qui vont travailler ailleurs, c'est la mondialisation. Donc, un travail qui est à faire aujourd'hui sur le patrimoine est de se demander quel est le sens, la valeur de ce patrimoine dans les relations intercommunautaires. Quel est le patrimoine de qui, y a-t-il un patrimoine de l'Europe ? Et notre idée, c'est qu'il y a précisément un patrimoine commun de l'Europe, parce que ce patrimoine, c'est la représentation de diverses identités culturelles qui forment la substance même de l'Europe. Il n'y a pas une identité abstraite, il y a une série d'identités culturelles qui se combinent, qui sont la base de la citoyenneté de l'Europe. »

Y a-t-il encore une autre dimension à retenir sur la notion du patrimoine ?

« Un deuxième aspect intéressant sur le patrimoine, c'est son apport au développement durable. Parce que s'il est bien que le développement durable concerne la nature, l'environnement, la lutte contre la pollution, l'usage raisonnable des matières premières, c'est aussi une dimension sociale et culturelle. On s'en aperçoit dans la manière d'utiliser le patrimoine, on le voit avec le tourisme : il ne faut pas gâcher ou gaspiller cette ressource, qui parfois ne se reproduit pas, c'est-à-dire que, parfois, il ne faut pas trop visiter certaines choses ou les transformer en des exploitations commerciales qui rapporteraient de l'argent pour les générations actuelles, mais qui supprimeraient la ressource pour les générations futures. Donc, le patrimoine, c'est un laboratoire en matière de développement durable. »