La campagne pour la constitution européenne bat de l'aile
Il est vrai que les Tchèques n'ont, jusqu'à présent, guère brillé par un euroscepticisme militant. Mais depuis la crise au sein de l'Union européenne inaugurée par le refus français, puis hollandais, de la Constitution, les opinions négatives semblent avoir progressé. Dans le désordre causé par les deux référendums ratés, le gouvernement tchèque, aussi, doit s'adapter stratégiquement vis-à-vis de sa propre campagne. Où en est-on du projet européen en République tchèque ?
C'est le quotidien Mlada Fronta Dnes qui présente ce jeudi les résultats d'un sondage sur l'état d'esprit des Tchèques vis-à-vis de la Constitution européenne et sur la nécessité ou non de poursuivre la campagne en faveur de sa ratification : alors qu'en mai dernier, 62% des Tchèques soutenaient le projet constitutionnel, en juin, ils n'étaient plus que 21,1% contre 36,9 qui seraient contre. A noter cependant une majorité d'indécis, à 42%, chiffre qui reflète bien le malaise qui, depuis que le projet de Constitution a été lancé, a prévalu sur un texte dont la plupart s'accorde à dire qu'il ne pouvait susciter des vagues enthousiastes, car trop peu accessible à tout un chacun. On l'a vu, ce sentiment d'incompréhension, les Tchèques ne sont, de loin, pas les seuls à le ressentir. Mais de nombreux facteurs jouent à plein en défaveur du projet européen : après le rejet de la Constitution dans les référendums en France et aux Pays-Bas, deux pays fondateurs, dont l'un, considéré comme un des « moteurs » de l'UE, l'euroscepticisme bien connu du président Vaclav Klaus ne s'en est trouvé que légitimé. Et de précédents sondages avaient déjà indiqué que nombre de personnes interrogées avaient pour intention de se laisser guider par l'opinion présidentielle, même en ne connaissant pas le contenu du texte constitutionnel.
Quant au gouvernement de coalition, pro-européen, il a enfin pris une décision qui apparaît plus comme la solution intermédiaire d'une « campagne » au rabais. D'aucuns considèrent même qu'il ne s'agit même plus d'une campagne à proprement parler. Mais le gouvernement continue de vouloir organiser le référendum en juin 2006, ce qui laisse à penser pour l'heure que ce revirement de stratégie pourrait être considéré comme une « campagne-bis ». Une nouvelle stratégie qui, cependant, aura à pâtir d'un budget plus restreint puisqu'au lieu des 80 millions de couronnes d'abord envisagés, seuls 60 millions seront déboursés pour cette année, sans qu'il n'ait d'ailleurs été prévu quoique ce soit pour 2006. L'objectif est simple : informer le public au mieux sur l'Union européenne, de la position de la République tchèque dans les affaires européennes, aux changements législatifs ou aux dotations de l'Union, notamment par l'ouverture d'une ligne de téléphone gratuite ou d'« Eurocentres » dans les régions à la disposition du public. Reste à savoir si ces différents projets sauront attirer les Tchèques, dont près des trois quarts considéreraient le texte constitutionnel comme un « document mort », ce qui expliquerait que 43,7% de personnes interrogées pencheraient pour un abandon total de la campagne.