Les enfants maltraités en République tchèque

Enfants en fuite... Enfants portés disparus... Enfants maltraités... Le malheur des tout petits et des moins de 18 ans - on le voit partout dans le monde - peut prendre des formes très diverses. En ce qui concerne la République tchèque, la situation se présente comme particulièrement grave dans le domaine du mauvais traitement des enfants. Alena Gebertova.

Dominika n'a même pas deux ans. Elle avait été d'abord placée dans un foyer de nouveaux-nés. Dès que ses parents ont décidé de la « récupérer », elle a dû être hospitalisée à plusieurs reprises. Les médecins ont constaté chez elle, successivement, des blessures à la tête, des fractures de huit côtes et d'une main, des hémorragies. Finalement, la petite Dominika a eu de la chance. Elle a été placée dans un foyer d'enfants de type familial.

Elle a échappé, très probablement, au sort d'une cinquantaine d'enfants qui succombent chaque année en Tchéquie aux sévices qui leur sont infligés par leurs proches. Il s'agit d'un chiffre inquiétant, six fois supérieur à celui que l'on trouve, par exemple, en Grande-Bretagne, le nombre d'habitants étant pris en compte.

Marie Vodickova, qui gère le Fonds des enfants maltraités, organisation à but non lucratif, précise :

« Le nombre d'enfants maltraités en République tchèque se situe, selon nos estimations, entre 20 et 40 000. L'un des graves problèmes est que le système de protection des enfants ne fonctionne pas comme il faut. Les organes chargés de cette protection ne font pas le maximum. Aussi, le ministère de la Santé publique devrait-il sensibiliser les médecins pour qu'ils dévoilent plus facilement les cas de mauvais traitement.»

« Les enfants sont maltraités dans toutes les couches de la société, dit Marie Vodickova. Force est pourtant de constater que la brutalité est plus violente et que la vie est plus souvent menacée dans des milieux socialement défavorisés, dans des milieux pathologiques. Les parents avec une formation supérieure, eux, maltraitent leurs enfants, le plus souvent, sous des formes psychique et sentimentale, ce qui peut également entraîner chez eux, ultérieurement, de graves problèmes. ».

Marie Vodickova du Fonds des enfants maltraités espère que l'entrée du pays dans l'Union européenne améliorera la situation dans ce domaine. D'autant que les parlementaires semblent dorénavant enclins à prêter une oreille plus attentive à ce grave problème de société.