A Prague, les archéologues recherchent la dépouille de la résistante Zdena Mašínová

Zdena Mašínová, photo: public domain

En mars 2019, la ville de Prague a finalement autorisé l’exhumation de la dépouille de Zdena Mašínová. Le corps de cette résistante aux occupants nazis et au régime communiste se trouve quelque part dans une fosse commune du cimetière de Ďáblice, à Prague. C’est là, dans la partie nord du cimetière, que des fouilles archéologiques ont été récemment lancées, 64 ans après sa mort. La fille de Zdena Mašínová croit savoir où la dépouille pourrait se trouver.

Pour les Tchèques, le nom de Mašín est d’abord lié à l’histoire de Ctirad et Josef, ces deux frères qui, dans la foulée de leur père, résistant torturé puis exécuté par les nazis, ont choisi de créer une organisation clandestine pour lutter contre le régime communiste instauré suite au Coup de Prague de 1948. Après diverses opérations choc, ils fuient à l’Ouest par Berlin, les armes à la main.

Zdena Mašínová fille,  photo: Ben Skála,  CC BY-SA 3.0

Leur mère, Zdena Mašínová, a également été dans la Résistance pendant l’occupation allemande et emprisonnée. Au début des années 1950, elle organise une pétition demandant la grâce de Milada Horáková, députée démocrate victime des procès staliniens, dont on vient de commémorer la mort.

Pour cette raison, et pour les activités de ses fils, Zdena Mašínová est alors condamnée à 25 ans de prison pour espionnage et haute-trahison. Déjà gravement malade et incarcérée dans des conditions effroyables, elle meurt le 12 juin 1956 et est enterrée dans une fosse commune à Prague. Aujourd’hui, une simple pierre tombale rappelle sa mémoire, mais sa dépouille n’a jamais été retrouvée. Sa fille, qui se nomme également Zdena Mašínová, a confié à la Radio tchèque qu’elle pensait savoir où elle se trouve.

« Je sais où elle se trouve depuis les jours qui ont suivi sa mort. Je me suis retrouvée au cimetière de Ďáblice totalement par hasard. Et également par hasard, j’ai appris par une personne anonyme, qui ne s’est pas présentée, où se trouvait l’endroit. »

Il n’existe aucune trace écrite indiquant où la dépouille de Zdena Mašínová a été enterrée. La seule chose en possession des archéologues est une déclaration faite par des fossoyeurs datant de 1968. Jan Havrda, de l’Institut des monuments nationaux :

« Ils décrivent comment les gens étaient enterrés dans cette partie du cimetière dans des fosses communes. Et ils estiment à 70 ou 72 le nombre de ces fosses. »

Le cimetière de Ďáblice,  photo: Mojmir Churavy,  CC BY-SA 4.0

Les archéologues pensent que la dépouille de Zdena Mašínová pourrait être dans la partie supérieure de la fosse portant le numéro 52 :

« Nous allons dégager une surface d’environ 2,5 mètres sur 2,5. Nous espérons pouvoir révéler les contours de la fosse. Mais comme nous ne savons pas exactement où elle se trouve, ça devrait devenir un peu plus clair pendant le processus d’exhumation. »

Jan Havrda est l’archéologue qui s’est chargé en 2014 de l’exhumation de la dépouille de Josef Toufar, prêtre torturé à mort par les communistes au début des années 1950. Des tests d’ADN ayant confirmé son identité, il a ensuite été enterré en 2015 au cimetière de son ancienne paroisse de Číhošť.

Ces tests d’ADN seront également nécessaires pour confirmer celle de Zdena Mašínová le cas échéant. Si l’issue de ces recherches s’avère positive, sa fille pourra enfin accomplir ce pour quoi elle bataille depuis les années 1990 : offrir une tombe décente à sa mère, dans le caveau familial d’une petite commune de Bohême centrale.

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