Au pied de la Šumava, l’art à la campagne

L’exposition Iittala, photo: Magdalena Hrozínková

Žihobce, un village de 600 habitants situé au pied du massif de la Šumava, à environ 140 km au sud-ouest de Prague est petit par sa taille, mais riche par son patrimoine culturel : il peut se targuer d’une galerie d’art et d’un centre culturel finlandais, le seul qui existe en République tchèque. Début juillet, deux expositions y ont été inaugurées : elles sont consacrées aux objets en verre et en porcelaine de la marque finlandaise Iittala et à l’art tchèque du portrait à partir du XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui. Reportage.

Les origines de la commune de Žihobce remontent au XIe siècle. Sur la place centrale se trouvent l’Eglise de la Transfiguration, construite dans le style néo-roman, un château baroque entouré d’un vaste parc et la Galerie Netopýr, aménagée dans une demeure de la fin du XVIIIe siècle. C’est la propriété de la Chercheuse et ancienne professeure de langue, de littérature et de civilisation tchèque à l’Université de Lorraine, Lenka Froulíková, et de son mari Jaroslav.

Žihobce,  photo: Magdalena Hrozínková

Lenka Froulíková nous fait visiter les lieux :

Exposition de portraits à la sortie du confinement

Lenka Froulíková devant sa galerie,  photo: Magdalena Hrozínková

« Cette galerie fait partie de notre maison, où a vécu la famille de mon mari. Lui-même est né ici. La maison est très grande et nous n’avions pas besoin de toutes les pièces. Dans une belle salle voûtée, nous avons donc aménagé une galerie d’art, pour enrichir la vie culturelle du village et pour faire plaisir à ses habitants. Nous avons voulu amener l’art à la campagne. »

Votre galerie s’appelle Galerie Netopýr, littéralement traduit la Galerie de la Chauve-souris. Pourquoi ce nom ?

« Dans le parc du château voisin vivent des colonies de chauves-souris, c’est une particularité de notre village. Il y a une autre raison encore : dans la langue chinoise, il existe un mot qui signifie, selon la manière dont il est prononcé, soit la chauve-souris, soit le bonheur. Cela m'a beaucoup plu. »

Chaque année, au début de l’été, vous inaugurez une nouvelle exposition dans votre galerie, qui est ensuite à voir pendant toute l’année. Le vernissage s’accompagne généralement d’un concert… Depuis quand organisez-vous ces événements ?

« Nous avons commencé il y a environ quinze ans. Pour les expositions, nous essayons de varier les genres : nous avons présenté des peintures à l’huile, des sculptures, des œuvres graphiques de différents plasticiens tchèques. Cette année, nous avons opté pour l’art du portrait. »

Pourquoi justement le portrait ? Y-a-t-il une explication à cela ?

« Oui, car je suis quelqu’un de curieux et j’aime observer les gens. Or pendant la période de confinement, nous étions obligés de porter les masques et j’ai réalisé à quel point cela avait changé nos visages, notre communication et nos relations. Cela m’a paru tellement bizarre de ne voir que les yeux d’une personne… En réaction à cette situation, j’ai décidé d’organiser une exposition de portraits qui a un titre assez parlant : Tváří v tvář, ce qui signifie ‘face à face’ en français. »

Petr Vašát,  photo: Magdalena Hrozínková

Les portraits exposés jusqu’en juillet 2021 à la Galerie Netopýr de Žihobce proviennent de la collection du galeriste et philanthrope Petr Vašát, dont le portrait, réalisé par le peintre Milan Knížák, se trouve également dans l’exposition. Nous écoutons Petr Vašát :

« Cela fait quarante ans que je collectionne les œuvres d’art de plasticiens tchèques. C’est devenu ma passion. Ma collection contient plus de 2000 tableaux, donc faire une sélection pour la galerie de Žihobce a été assez facile. Evidemment, nous n’avons pas choisi les œuvres les plus chères, ce serait trop risqué du point de vue de la sécurité. Mais c’est une belle collection je trouve, avec des classiques de la peinture tchèque comme Brožík, Švabinský ou Ženíšek, des portraits d’aristocrates que l’on trouve dans les châteaux et dont les auteurs sont souvent méconnus, des portraits de paysans, d’hommes, de femmes et d’enfants, des peintures influencées par l’impressionnisme…  Nous avons fait une exposition destinée non pas à 1% des historiens de l’art, mais à 99% des gens qui viennent parfois de très loin pour voir de jolis tableaux. »

Centre culturel finlandais à Žihobce,  photo: Magdalena Hrozínková

Le design scandinave à Žihobce

Centre culturel finlandais à Žihobce,  photo: Magdalena Hrozínková

Stella Polaris est le nom de l’unique centre culturel finlandais en République tchèque, co-fondé à Žihobce par Lenka Froulíková, son mari et leur ami Ari Seppälä, un Finlandais amoureux de la Šumava. Le centre propose actuellement une exposition du verre et de la porcelaine de la célèbre marque Iittala, une référence du design finlandais. On écoute Eva Beránková, architecte et commissaire de l’exposition, dont le magasin en ligne arki.cz représente la marque en République tchèque :

Eva Beránková,  photo: Magdalena Hrozínková

« Iittala est une marque particulière, car ses produits de vaisselle, ses verres et ses vases peuvent être bien sûr utilisés, mais ils sont tellement beaux que les gens, dont moi-même, les collectionnent. C’est une marque fondée  en 1881 dans la ville d’Iittala, en Finlande. A l’origine, c’était une usine de verre qui, après la Seconde Guerre mondiale, a commencé à collaborer avec des designers reconnus. Leur objectif était que tout le monde puisse utiliser leurs produits qui se distinguent par leur fonctionnalité, leur qualité et leur beauté. »

« Ce que nous présentons ici, c’est par exemple le célèbre vase Savoy dessiné par Alvar Aelto en 1936 pour l’Exposition universelle de Paris. Elle est toujours fabriquée. Elle se distingue par sa forme qui rappelle les lacs en Finlande, ainsi que par ses couleurs. »

L’exposition Iittala,  photo: Magdalena Hrozínková

Au centre Stella Polaris à Žihobce, on peut également admirer la création du designer contemporain Klaus Haapaniemi, qui se laisse influencer par la nature, le folklore finlandais et le monde animalier. Pour sa collection de vaisselle Tanssi (la danse en français), il s’est inspiré de l’opéra La Petite renarde rusée du compositeur tchèque Leoš Janáček, monté à l’Opéra national d’Helsinki en 2015.

Les deux expositions sont à voir à Žihobce jusqu'en juillet 2021. Plus de détails : http://www.penziongalerie-sumava.cz/czech/netopyr.html

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