Le couple tchèque condamné pour terrorisme a été libéré par la Turquie - mais reste en quarantaine
Deux citoyens tchèques, Miroslav Farkas et Markéta Všelichová, condamnés en 2017 à plus de six ans de prison pour coopération avec les Unités de protection du peuple (organisation kurde connu sous l’acronyme YPG) ont été libérés par la Turquie et sont arrivés à Prague vendredi. Une libération considérée par le gouvernement tchèque comme une victoire pour sa diplomatie.
Vendredi 24 juillet, le jour où les deux Tchèques ont quitté la Turquie, n’était pas un jour pas comme les autres à Istanbul, où le président turc Recep Tayyip Erdogan participait activement à la première prière dans l’ex-basilique Sainte-Sophie.
Le Premier ministre tchèque Andrej Babiš, qui a annoncé leur libération à la presse, a évoqué les négociations précédant la libération du couple tchèque dans la vidéo hebdomadaire qu’il diffuse chaque semaine sur les réseaux sociaux :
« Je suis très content que nous ayons réussi à faire en sorte que Markéta et Miroslav soient à la maison et que le président Erdogan ait tenu sa promesse. Je l’ai rencontré début septembre 2019 et en ai reparlé avec lui à New-York fin septembre, nos concitoyens étaient condamnés à six ans de prison et ils ont été libérés après trois ans. Je leur souhaite de pouvoir reprendre une vie normale et je voudrais remercier aussi les services tchèques de renseignement BIS pour avoir complété l’accord que j’avais passé avec le président turc. »
Le ministre tchèque des Affaires étangères, Tomáš Petříček, a lui aussi tenu à saluer le rôle joué dans cette épineuse affaire par le BIS.
Avant d’essayer de reprendre une vie normale, Markéta Všelichová (29) et Miroslav Farkas (34) vont devoir passer encore une dizaine de jours en quarantaine, en raison des mesures anti-coronavirus en vigueur.
Ils ont passé en tout 44 mois et 11 jours dans les geôles turques, où lui a eu des problèmes de santé. « Le délit de combat contre l’Etat islamique (EI) m’a finalement été pardonné », a écrit samedi Markéta Všelichová sur son compte Facebook, avant de s’excuser "auprès de tous ceux à qui la situation avait causé des soucis et du travail".
Le couple avait été arrêté en 2016, puis condamné en 2017 pour apparenance au groupe YPG, considéré comme terroriste par Ankara, qui s’est illustré dans la guerre contre l’EI, notamment pendant la bataille de Kobané en octobre 2014.
Voici ce qu’avait déclaré Lubomír Zaorálek, le chef de la diplomatie tchèque à l’époque, au moment de leur condamnation, à propos d’une potentielle peine de prison à purger en République tchèque pour le couple :
« Il est difficile d’emprisonner quelqu’un en République tchèque pour un fait qui n’est pas considéré comme un délit par notre législation. Nous ne considérons pas YPG comme une organisation terroriste. Nous ne pouvons donc pas condamner quelqu’un pour ses activités liées à cette organisation. Mais je vais avertir le ministre turc des Affaires étrangères que cette affaire est très suivie en République tchèque et qu’elle pourrait avoir des impacts négatifs sur les relations tchéco-turques. »
L’Union européenne et les Etats-Unis ne considèrent pas les YPG comme une organisation terroriste. Selon un rapport d’Amnesty International publié en octobre 2015, les YPG se sont rendu coupables de déplacements forcés de population et de destructions de maisons, ce qui constitue des crimes de guerre.