Presse : le retour de touristes et des productions cinématographiques en Tchéquie

Pont Charles

Les touristes commencent à revenir prudemment à Prague, les retombées de la pandémie de coronavirus sur l’hôtellerie demeurent toutefois graves. Au menu de cette nouvelle revue de presse également, la controverse liée à l’allocation exceptionnelle destinée aux personnes retraitées. Le retour de certaines productions cinématographiques internationales en Tchéquie sera un autre sujet traité. Nous nous intéresserons enfin à Julius Fučík, auteur du texte  Ecrit sous la potence, exécuté par les nazis, auquel une nouvelle exposition est consacrée à Prague.   

La crise liée à la pandémie de coronavirus touche lourdement l’hôtellerie pragoise qui ressent notamment l’absence de touristes en provenance d’Asie, qui représentent le gros de ses clients. Les touristes allemands et autrichiens qui, quant à eux, commencent à redécouvrir la capitale tchèque, logent moins souvent dans les hôtels. Le site echo24.cz rapporté  à ce propos:

« Au deuxième trimestre de cette année, près de 90% de visiteurs en moins ont été hébergés dans les hôtels, les pensions ou les campings de Prague. D’ici la fin de l’année jusqu’à 65 % des professionnels du tourisme pourraient être licenciés, quelque 36 % d’emplois étant menacés. Cette année, les retombées de la crise des services d’hôtellerie sur l’économie nationale sont estimées entre 24 et 36 milliards de couronnes. »

D’autres destinations touristiques tchèques, comme les villes de Český Krumlov et de Karlovy Vary, sont également particulièrement touchées par la crise. Selon les économistes cités par le site, « le tourisme en Tchéquie n’est plus qu’une épave ». Pour les représentants de l’association Le Centre vivant, également cités dans le texte, la situation actuelle offre pourtant l’occasion de restructurer le tourisme tel qu’on l’a connu précédemment et de lui conféréer de nouvelles qualités.

Le quotidien Lidové noviny voit la situation actuelle d’un œil beaucoup moins pessimiste. « Prague se réveille. Les touristes sont de retour, seuls les Chinois restent absents », titre un article publié dans son édition de ce lundi qui prétend que le centre historique de la capitale surfe sur une nouvelle vague de visiteurs étrangers.

Bonus aux personnes retraitées : un ‘deal’ préélectoral ?

Photo illustrative: Michaela Danelová,  ČRo

La décision de la coalition gouvernementale du mouvement ANO et du Parti social-démocrate (ČSSD) de verser un bonus aux personnes retraitées dont la somme n’a pas encore été précisée mais qui pourrait atteindre jusqu’à 6 000 couronnes a provoqué un tollé de réactions négatives. « Il faut le dire sans détour. Le bonus appelé ‘rouškovné’ (allocation du masque) n’est ni plus ni moins qu’un ‘deal’ cynique, une tentative pour s’acheter les voix de près de trois millions des personnes », écrit, par exemple, un commentateur du quotidien économique Hospodářské noviny. Il explique :

« Le Premier ministre Andrej Babiš a justifié ce cadeau qui devrait être versé aux personnes retraitées d’ici les fêtes de fin d’année par leur situation prétendument difficile et par le stress dont elles auraient souffert durant la pandémie de coronavirus. Ce n’est pas tout à fait juste. Il est vrai que les personnes âgées étaient les plus menacées par le virus mais, économiquement parlant, elles ne l’étaient pas. Par contre, ce sont clairement les  mères ou les pères célibataires qui deoivent faire face à une situation beaucoup plus pénible et qui pourtant ne reçoivent aucune allocation exceptionnelle. »

« Ce n’est guère étonnant », conclut le commentateur avant de noter avec ironie : « Une telle récompense serait compliquée et politiquement peu efficace. Les mères de familles monoparentales ne peuvent pas apporter assez de voix  au mouvement ANO. »

« L’augmentation des pensions de retraite est absolument nécessaire, notamment en raison du taux d’inflation qui est à la hausse », constate le commentateur du site info.cz tout en ajoutant :

« Une allocation exceptionnelle prévue pour les fêtes de Noël, à la veille d’une grande crise économique et d’un endettement brutal, n’est qu’une simple manœuvre pré-électorale. Une générosité plus importante qu’à ‘la belle époque’ de la croissance économique est pour le moins absurde pour ne pas dire tout à fait irresponsable. »

Les cinéastes étrangers de retour en Tchéquie

Photo: infinity,  stock.XCHNG

Après une interruption de plusieurs mois, imposée par la pandémie de coronavirus, les cinéastes étrangers commencent à revenir en Tchéquie pour y tourner des films. Pour les productions étrangères et en particulier pour celles des Etats-Unis, le pays représente une destination intéressante, car  relativement peu touchée par le Covid-19. Transatlantic 473 est le nom de l’un des projets qui y sont réalisés à l’heure actuelle. L’hebdomadaire Respekt a rapporté  à ce propos:

« La Tchéquie a ouvert ses frontières à la fin du mois d’avril, sauf pour les pays tiers, parmi lesquels figurent également les Etats-Unis d’où vient le plus grand nombre de demandes de tournage. La Tchéquie a tranché le problème en inscrivant, à partir du mois de juin, les cinéastes sur la liste des professions qui ‘répondent à l’intérêt économique de la République tchèque’. Le pays s’est ouvert également à d’autres productions étrangères, de Hongrie et d’Allemagne, par exemple. »

Respekt remarque qu’il est pourtant difficile d’évaluer comment la situation va évoluer et combien il y aura finalement de projets qui pourront être réalisés en Tchéquie. L’intérêt des sociétés de production étrangères est tout de même évident, la réalisation de plusieurs grands films et séries sous l’égide de Paramount, Disney et Netflix étant désormais sérieusement envisagée. Toutefois, aucun nouveau tournage n’est à attendre dans un avenir immédiat. Le magazine fait savoir que l’an passé près de 80 films et séries étangers ont été tournés en Tchéquie, rapportant près de neuf milliards de couronnes. C’est une somme record depuis l’introduction en 2010 des incitations fiscales à l’intention des productions cinématographiques internationales.

Un regard inédit sur l’auteur du texte Ecrit sous la potence

Julius Fučík,  photo: Public Domain

« Communiste, journaliste et résistant exécuté par les nazis, Julius Fučík faisait partie de la mythologie communiste avant 1989. Ensuite, il a fait l’objet de tentatives de détériorer son image et de le présenter comme un traître et un délateur ». C’est ce que signale l’éditorialiste du supplément Orientace du quotidien Lidové noviny en lien avec l’inauguration, au Mémoiral national de Vítkov à Prague, d’une exposition consacrée à Fučík, l’auteur du célèbre texte Ecrit sous la potence. « Préparée en collaboration avec l’Institut d’étude des régimes totalitaire, elle renoue avec la précédente édition critique du livre, avec pour objectif de porter sur le protagoniste un regard objectif », écrit-il également.

« Milan Kundera et Pavel Kohout ont écrit des poèmes célébrant Julius Fučík », rappelle pour sa part l’auteur d’un texte publié sur le site aktualne.cz en vue d’illustrer l’ampleur du culte qui a été voué pendant des décennies à ce personnage controversé.  Il indique également :

Photo: SNDK

« Le texte ecrit sous la potence, œuvre emblématique de Fučík traduite en 90 langues, représente le principal pilier de l’exposition qui, selon ses auteurs, présente une histoire humaine très forte et multicolore. Son but consiste également à montrer comment le livre a été à différentes périodes lu et utilisé à des finds de propagande. »

Le site aktualne.cz rapporte en outre qu’au vu du nombre de ses éditions à l’étranger, il n’y a dans la littérature tchèque que Le brave soldat Chveïk de Jaroslav Hašek ou certaines œuvres de Karel Čapek, sans oublier celles de Franz Kafka, qui peuvent faire concurrence au texte de Fučík. Sa dernière publication en Allemagne, par exemple, remonte à la fin des années 1990. « A présent, les historiens considèrent Julius Fučík comme un écrivain important, auteur d’un texte littéraire fort, doté d’une valeur particulière, et aussi comme un des Tchèques les plus connus à l’échelle mondiale », remarque-t-il avant de conclure :

« Les analyses scientifiques et de criminologie effectuées après la chute du régime communiste en 1989 ont confirmé de façon univoque l’authenticité des billets clandestins que Fučík a fait sortir de prison ce qui a permis de dissiper les doutes qui ont longtemps plané sur eux. »