Le parti ANO d’Andrej Babiš remporte les régionales dans un scrutin marqué par la pandémie
Le parti ANO du Premier ministre Andrej Babiš a remporté les élections régionales qui se sont tenues en République tchèque ces vendredi et samedi, avec 21,87 % des suffrages au niveau national. Loin derrière, mais second (12,01 %), le Parti pirate peut espérer être représenté dans tous les conseils régionaux du pays. Tant les régionales que la sénatoriale partielle confirment la déconfiture de la gauche dans son ensemble.
La formation du milliardaire Andrej Babiš, entré en politique au début de la décennie, sort victorieuse de ce scrutin dans 10 régions, soit une de plus qu'en 2016. Les électeurs tchèques étaient appelés à renouveler les conseils dans les treize régions du pays (à l'exception de Prague). Cette victoire du parti ANO ne signifie toutefois pas qu'il siégera automatiquement dans tous les conseils régionaux : il y a quatre ans des coalitions entre d'autres formations politiques élues avaient été formées, excluant le parti d'Andrej Babiš. Les négociations s'annoncent également difficiles cette année.
Dans deux régions, le parti ANO n'arrive qu'en seconde position. Il perd en outre la Bohême centrale, finissant même troisième, dépassé par le parti de droite ODS, en seconde position. C'est le parti des maires et indépendants STAN qui remporte finalement la mise avec 22,13 % des suffrages.
Tout comme en 2016, la région de Liberec a plébiscité le parti des maires de la région (SLK) qui d'ailleurs font un meilleur score qu'il y a quatre ans (38,36 %). Avec la Moravie-Silésie, la région de Liberec est la seule où un parti dépasse la barre de 30 % des suffrages. Dans la région de Hradec Králové les électeurs ont favorisé une coalition formée entre autres du parti de droite ODS.
Au niveau national, le Parti pirate confirme son essor constant ces dernières années : avec certes près de 10 points d'écart il s'impose derrière le parti ANO, rassemblant 12,01 % des voix et pouvant ainsi espérer être désormais représenté dans tous les conseils régionaux de République tchèque. Dans neuf régions, le Parti pirate finit second ou troisième du scrutin.
Tous les autres partis n'atteignent de loin pas les 10 % des suffrages. Le parti de droite ODS arrive troisième et récolte 6,93 % des suffrages, suivi du parti d'extrême-droite SPD (6,14 %).
Le parti social-démocrate (ČSSD), membre de la coalition gouvernementale, qui avait perdu la plupart de ses neuf régions, sauf deux, lors des dernières élections, poursuit sa déconfiture ne dépassant même pas la barre des 5% dans la plupart des régions (4,92 % au niveau national), la limite nécessaire pour pouvoir être représenté aux conseils régionaux. Il arrive derrière le parti des maires et indépendants STAN (5,98 %) et les chrétiens-démocrates (5,11 %).
Le parti communiste ne dépasse pas les 5% au niveau national, confirmant, avec l'échec du ČSSD, l'effacement de la gauche dans le pays.
La formation souverainiste de Václav Klaus junior, Trikolóra, n'a pour sa part rassemblé que 2 % des suffrages au niveau national.
Ces élections régionales sont généralement considérées comme un moyen d’évaluer les forces de présence, un an avant la tenue des élections législatives.
Une sénatoriale partielle avec peu d'enjeu
Les électeurs tchèques participaient également au renouvellement d'un tiers de la Chambre haute du Parlement. Si certains candidats ont été élus ou réélus dès le premier tour, il faudra attendre le second tour à la fin de la semaine prochaine pour connaître les résultats définitifs de cette sénatoriale partielle.
Au vu des résultats du premier tour, le parti ANO, celui des maires, et le parti de droite ODS remportent un certain succès, contrairement au parti social-démocrate qui accuse le coup comme dans le scrutin régional.
Quel que soit le résultat de ce scrutin partiel, l’opposition à la coalition gouvernementale, composée du mouvement ANO et du parti social-démocrate, est assurée de conserver la majorité.
Une participation en légère hausse, malgré la pandémie
37,9 % des près de 8 millions électeurs tchèques ont fait le déplacement pour aller voter ces vendredi et samedi, en dépit de la pandémie de coronavirus qui pouvait faire craindre une importante abstention (40,66 % pour les régionales, 36,63 % pour les sénatoriales). Un taux qui est en légère hausse par rapport aux élections de 2016 où la participation avait été inférieure à 35 %.
Ces élections étaient le premier scrutin électoral depuis le début de la pandémie de la coronavirus. Leur organisation même a été marquée par la crise sanitaire, avec un vote anticipé dès mercredi pour les personnes actuellement en quarantaine qui ont pu déposer leur bulletin dans l'urne en votant par la vitre de leur véhicule dans des points de vote mis en place à cet effet. Covid-19 oblige, il était également possible cette année, sous certaines conditions, d’avoir recours à un bureau de vote mobile en cas de quarantaine.
Pour la majeure partie des électeurs qui ont fait le déplacement classiquement dans leur bureau de vote, masque couvrant les voies respiratoires, désinfection des mains et distanciation sociale étaient de rigueur cette année.
(Les pourcentages exacts des résultats définitifs peuvent insensiblement varier, et correspondent au moment où cet article a été publié.)