L’art moderne tchèque exposé à Paris grâce à Claude et Henri de Saint-Pierre
Ni cygne ni lune : c’est le titre d’une nouvelle exposition d’œuvres d’artistes tchèques au Centre Pompidou à Paris. Datant en majorité de la deuxième moitié du XXe siècle, beaucoup de photographies mais aussi des tableaux et des œuvres plus contemporaines y sont à découvrir, le tout faisant partie de la collection Claude et Henri de Saint Pierre, dont une partie a été donnée au Musée national d’art moderne (MNAM). Cette exposition a été réalisée sous la direction de Karolina Ziebinska-Lewandowska :
Karolina Ziebinska-Lewandowska : « Cette exposition est le résultat de longs échanges fructueux autour de l’art tchèque. En arrivant au Centre Pompidou, je m’intéressais beaucoup au développement de la partie d’Europe centrale de la collection du MNAM et on m’a présenté un couple fascinant de collectionneurs français spécialisé dans l’art tchèque de l’après-guerre. »
C’est une histoire qui remonte aux années qui ont suivi la chute du communisme, avec Henri de Saint-Pierre qui dans les années 1990 était conseiller pour des entreprises minières de Moravie-Silésie…
« Oui, donc il vient régulièrement dans le pays accompagné de sa femme Claude, passionnée par l’art et collectionneuse. Elle décide de découvrir l’art tchèque et contacte les gens du milieu en rencontrant des critiques d’art et des héritiers d’artistes. Elle commence à acheter des œuvres de Josef Šíma, Karel Malich, Václav Boštík… Elle commence aussi à collectionner des photographies abstraites. »
Cette exposition, programmée jusqu’en février 2021, est intitulée Ni cygne ni lune, pourquoi ce titre ?
« C’est le résultat de nos échanges avec Claude de Saint-Pierre. En regardant les œuvres exposées, nous sommes tombées sur cette très belle photographie d’Alois Nožička qui s’appelle ainsi (Ani labuť ani luna en tchèque, ndlr). Elle fait référence à un poème de Karel Macha ainsi qu’à un collage de Toyen qui illustrait le recueil de poèmes de ce poète du XIXe siècle redécouvert par les surréalistes tchèques. »
A quand remonte ce don des époux de Saint-Pierre à votre musée et ont-ils conservé d’autres œuvres tchèques dans leur collection privée ?
« Ce don date de l’année dernière, l’exposition rassemble les œuvres issues de ce don ainsi que des œuvres qui font toujours partie de leur collection. Pour montrer l’originalité et le caractère de cette collection il était important d’ajouter des œuvres non photographiques, le don étant majoritairement constitué de clichés. Pour moi, cette collection est un regard en profondeur sur la scène tchèque de l’après-guerre et qui mélange la photographie à la peinture. »
De la photographie et de la peinture, mais pas seulement. Il y a la période de l’après guerre et de la Tchécoslovaquie communiste mais également des œuvres plus contemporaines avec notamment un objet réalisé par un artiste tchèque de plus en plus connu en Europe et dans le monde, Krištof Kintera…
« En effet, c’est ce qui prouve l’ouverture et la jeunesse d’esprit des collectionneurs… Ils continuent à faire des voyages en République tchèque et restent très intéressés par ce qu’il s’y passe. Ils ont découvert Kintera qui avait une rétrospective à Prague et ont fait l’acquisition d’un de ses ‘Nervous trees’, qui tremble de temps en temps en effrayant les visiteurs… »