Confiserie : la célèbre marque de bonbons Hašlerky fête ses 100 ans
Tout comme le géant de la confiserie européenne Haribo, la marque tchèque Hašlerky vient de fêter ses 100 ans. Depuis précisément le 13 décembre 1920, ce bonbon noir contre la toux et l’enrouement porte le nom du chansonnier Karel Hašler. Cent ans après, les Hašlerky figurent toujours parmi les meilleures ventes de sucreries en Tchéquie.
En réalité, l’histoire des bonbons Hašlerky est plus que centenaire : ces bonbons auxquels on prête des vertus médicinales ont été inventés en 1877 par un pharmacien hambourgeois. Censées adoucir la gorge et les cordes vocales fatiguées, ils étaient très appréciés du ténor italien Enrico Caruso. Avant la Première Guerre mondiale, leur fabrication a été reprise, à Vienne, par le confiseur Erich Kirstein qui lance alors les bonbons Caruso.
Alors, comment les pastilles Caruso sont-elles devenues les Hašlerky et ont-elles conquis le marché tchèque ? Elles doivent leur succès à deux hommes : Karel Hašler et František Lhotský, comme l’explique le manager de la marque, Štěpán Zendulka :
« Karel Hašler qui a commencé sa carrière en tant que chanteur et comédien amateur, est devenu une grande vedette de la scène musicale tchécoslovaque de l’entre-deux-guerres. Il était cabaretier, auteur-compositeur-interprète et cinéaste. A l’époque, tout le monde connaissait ses chansons aux accents patriotiques. Frantisek Lhotský, lui, était un jeune entrepreneur. D’abord vendeur, il a ouvert en 1918, à Prague, un atelier de confiserie. Il obtient de la part d’Erich Kirstein la recette des bonbons Caruso et lance leur fabrication à Prague. »
L’atelier était situé rue Belgická, dans le quartier pragois de Vinohrady. Les bonbons Caruso n’ayant pas le succès espéré, František Lhotský conclue, en 1919, un accord avec la célèbre cantatrice Ema Destinová qui prête son nom à la marque. Les pastilles s’appellent désormais Destinky, mais… leurs ventes restent médiocres. Le véritable succès n’est venu qu’avec les Hašlerky, qui allaient surfer sur la popularité du chanteur Karel Hašler.
« Le 13 décembre 1920, le confiseur František Lhotský a rencontré Karel Hašler au cabaret Lucerna, à Prague. Après avoir goûté les bonbons, le chanteur a accepté d’être associé à la marque. Un document en ce sens est conservé aux archives du Musée national.
Lhotský lance alors une vaste campagne de publicité qui lui permettra de développer son business et dont on connaît plusieurs slogans, par exemple ‘Hašler kašle, nevadí, Hašlerky ho uzdraví’ (‘Hašler tousse, mais ça ne fait rien, les Hašlerky vont le soigner’). »
Quelle est alors la composition de ces fameux bonbons ? Ils contiennent les extraits de menthe, de mélisse et de plantain, mais pas de réglisse, malgré leur couleur noire. On écoute Štěpán Zendulka :
« Les gens pensent souvent que leur goût est dû à la réglisse, mais ce n’est pas vrai, ce sont des bonbons à l’anis. Quand ils ont été lancés, ils avaient la forme de rouleaux, mais depuis longtemps, leur forme est traditionnellement ronde. Nous avons conservé l’emballage d’origine, en bleu-blanc. »
Le musicien Karel Hašler est mort en 1941 au camp de concentration de Mauthausen. Dans l’après-guerre, František Lhotský a été privé de tous ses biens par le régime communiste, qui a notamment nationalisé son importante entreprise de fabrication de bonbons.
Depuis 1955 et jusqu’à aujourd’hui, les bonbons Hašlerky sont fabriqués dans l’usine Sfinx à Holešov, en Moravie. Rachetée après la révolution de Velours par le groupe Nestlé, la marque se porte bien : en Tchéquie, c’est le deuxième bonbon le plus vendu, après Tic-Tac, tandis que sur le marché slovaque, les Hašlerky occupent la troisième place, derrière les oursons en gélatine (JOJO Medvídci).
Chaque année, plus de 1000 tonnes de bonbons Hašlerky sortent de l’usine Sfinx. L’entreprise espérait augmenter ses ventes pendant la crise du coronavirus, prétendant que les gens allaient vouloir éviter la mauvaise haleine causée par le port du masque, mais comme le constatent les représentants de Nestlé, les chiffres ont au contraire tendance à baisser. Une conséquence de la distanciation sociale qui a tout autant surpris les fabricants mondiaux de chewing-gums.