Covid-19 : un Noël flexible en Tchéquie, avant un confinement strict à compter du 27 décembre
L’inquiétude grandit de nouveau en République tchèque, où le nombre de nouveaux cas de Covid-19 augmente progressivement depuis début décembre, pour s’élever à plus de 10 800 ce mardi. Même si le moral est en berne, les Tchèques s’apprêtent à fêter un Noël atypique, certes, mais moins restrictif qu’ailleurs en Europe. Tout changera à compter du 27 décembre, où la Tchéquie passera au niveau maximal d’alerte épidémiologique.
Pas même la pandémie de coronavirus n’a perturbé la tradition : les stands de carpes, vendues vivantes ou tuées et vidées sur place, pour être dégustées en tant que plat traditionnel du réveillon de Noël, ont été installés cette semaine à Prague et partout dans le pays.
Par ailleurs, à la différence de plusieurs pays européens, dont l’Allemagne voisine, tous les magasins sont ici restés ouverts avant les fêtes. Si l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou la Pologne ont décidé d’imposer des restrictions bien plus sévères qu’en République tchèque pour limiter le risque de contamination, le gouvernement tchèque a seulement recommandé aux citoyens de se réunir en nombre restreint, sans limiter le nombre de convives par foyer à Noël. Les Tchèques sont autorisés à se déplacer librement entre villes et régions pour retrouver leurs familles. L’un des rares conseils des autorités sanitaires concerne la consommation des traditionnels biscuits de Noël que l’on recommande désormais de servir « sur de petites assiettes » et non pas sur « un grand plateau ».
Toutefois, les célébrations de la fête chrétienne seront bien différentes des années précédentes : dans les églises, il y aura de la musique, mais pas de chant. Malgré le couvre-feu et la limitation des rassemblements, les Tchèques pourront assister à la messe de minuit. Or certaines paroisses ont fait savoir qu’elles préféraient les annuler, à la différence des autres messes de Noël, pour lesquelles il faut s’inscrire à l’avance. Il est toujours possible de suivre les offices en ligne, une possibilité dont de nombreux Tchèques profitent depuis le confinement du printemps dernier.
Alors que la campagne de test antigéniques gratuits, très sollicités par les Tchèques, se poursuit jusqu’au 15 janvier, ce week-end doit débuter une opération anti-Covid de bien plus grande envergure : le vaccin Pfizer sera livré en République tchèque et le chef du gouvernement et ministre de la Santé seront parmi les premiers à se le faire administrer, au côté de plusieurs milliers de professionnels de santé.
A la veille du 24 décembre, le Štědrý den ou « jour généreux » chez les Tchèques grâce aux largesses de « Petit Jésus » (Ježíšek), les médias nationaux ont publié une multitude de témoignages, analyses et réflexions sur la crise sanitaire.
« Alors qu’au printemps, nous avons assisté à une vague de solidarité en Tchéquie, la situation actuelle est toute autre. La plupart des gens ont tendance à ignorer que des malades meurent dans les hôpitaux, que beaucoup de familles ont perdu leurs proches et se trouvent en difficulté », constate par exemple le psychologue Dalibor Špok dans une interview pour Lidové noviny. Il estime qu’au début de la troisième vague de coronavirus, les Tchèques cèdent à la frustration, l’agressivité et le désespoir.
Dans les pages de ce même journal, le prêtre catholique, scientifique et écrivain Marek Orko Vácha a formulé un message plus encourageant : « Au lieu d’attendre les solutions du gouvernement, nous devons nous aider nous-mêmes. Etre attentifs aux personnes âgées, à la communauté dans laquelle nous vivons, inventer de bons projets qui, si nous ne les réalisons pas, ne verront pas le jour. Si la pandémie nous aura appris cela, ce n’est pas la moindre des choses. »