La moldavite, le bijou trop convoité de Bohême du Sud
En Bohême du Sud, la police tente de freiner les ardeurs de mineurs illégaux de moldavites, des pierres semi-précieuses de couleur vert bouteille que l'on trouve presque exclusivement sur le territoire de la République tchèque. Les riches gisements de cette « pierre d’énergie » trouvés dans la région attirent de plus en plus de chercheurs peu scrupuleux, qui dévastent le paysage local en creusant des trous profonds dans le sol.
Selon certains scientifiques, cette belle pierre, appelée Vltavín en tchèque, s'est formée à partir de vapeurs de roches condensées après l'impact d'une météorite, il y a plus de vingt millions d'années. Contrairement à ce que pourrait suggérer son nom à certains, la moldavite n’a aucun lien avec la Moldavie ; son nom vient du nom allemand de la Vltava – la Moldau. De riches dépôts de moldavites sont aujourd'hui dispersés dans le sud de la Bohême, où vous pouvez trouver la gemme sous sa forme brute.
Bien qu'il y ait plusieurs mines de moldavite en activité dans le pays, la pierre attire des groupes de chercheurs illégaux, qui peuvent gagner des sommes d'argent importantes en vendant les pierres au marché noir.
La petite ville de Jankov déplore la venue de ces mineurs illégaux depuis des décennies, mais ces dernières années, la situation s'est considérablement aggravée, selon le maire Jan Jílek. La raison est mercantile : l'augmentation du prix de la moldavite, qui peut actuellement se vendre jusqu'à 300 couronnes par gramme.
« Il y a une forte demande pour les pierres semi-précieuses, tant sur le marché occidental que sur le marché oriental. Il existe des bandes organisées qui tournent entre plusieurs sites. Parfois, les creuseurs passent quelques semaines à Jankov avant de disparaître à nouveau, laissant derrière eux des parcelles de terrain détruites. »
En creusant des gros trous, les chercheurs de moldavite laissent derrière eux un paysage dévasté. Avec la pluie, les trous, qui peuvent atteindre quatre mètres de profondeur, se transforment alors en mares boueuses. Ces pirates de la terre ferme creusent également dans les forêts, menaçant de déraciner les arbres.
Bien que les fouilles soient illégales, les mineurs n’encourent que peu de risques. À moins qu'ils ne soient pris en flagrant délit avec leur butin, le fait de creuser est simplement considéré comme un délit mineur.
Selon Jan Jílek, les autorités locales n'ont pas le pouvoir de s'occuper seules de ce problème. Une solution consiste à faire surveiller les sites par la police en permanence, mais il existe aussi une autre option - ouvrir une mine dans le village pour y extraire légalement la moldavite :
« L'autre option consiste à examiner le site pour voir s'il convient ou non pour l'extraction. Nous avons déjà reçu l'autorisation du ministère de l'environnement de procéder à une étude du site ».
Dans un effort pour combattre les mineurs illégaux, la police a récemment mis au point de nouvelles tactiques, explique le porte-parole de la police Jiří Matzner :
« Ces groupes clandestins opèrent généralement la nuit, et les mineurs placent des patrouilles sur les routes d'accès pour faire le guet. Nous avons commencé à employer des chiens policiers, qui peuvent flairer les creuseurs à une distance pouvant aller jusqu'à plusieurs centaines de mètres. Les policiers essaient alors de s'approcher le plus près possible d'eux, avec leurs émetteurs radio, leurs téléphones et leurs torches éteints".
Selon les autorités, ces groupes spécialisés dans la recherche de moldavite deviennent de plus en plus agressifs. La police a donc conseillé aux habitants de ne jamais les confronter seuls.