Milan Kundera, comme on ne l’a jamais vu, au Centre tchèque de Paris
Ce jeudi 20 mai sera inaugurée, au Centre culturel tchèque de Paris, une exposition inédite des dessins de l’écrivain tchéco-français Milan Kundera. Ce sera également l’occasion d’inaugurer la nouvelle bibliothèque de cette institution. Son directeur, Jiří Hnilica, a répondu à nos questions et a d’abord raconté la genèse de cette exposition :
« Les projets, l’exposition de Milan Kundera aussi bien que l’ouverture de la nouvelle bibliothèque, étaient en cours depuis un certain moment. La coïncidence fait que l’on peut inaugurer ces deux événements en même temps. Je m’en réjouis beaucoup car je dirais qu’il n’y a aucune personnalité de l’envergure de Milan Kundera pour faire venir, au Centre tchèque dans ce nouvel espace, un public qui connaît ou qui lit la littérature tchèque. Du moins, j’espère que ce sera aussi la meilleure porte d’entrée vers la nouvelle littérature tchèque également. »
Comment cela s’est passé pour obtenir le prêt de ces dessins, étant donné que l’auteur s’est retiré de la vie publique ?
« Tout le travail de communication avec Madame Kunderová, c’est le travail du directeur de la bibliothèque morave, Tomáš Kubíček. C’est lui qui est à l’origine de plusieurs projets autour de Milan Kundera. Cette exposition et justement le fait d’avoir des dessins inconnus a été permis ou est possible grâce aux rapports intimes et amicaux que Tomáš Kubíček a avec Madame Kunderová. »
Qu’est-ce que l’on pourra voir lors de cette exposition ?
« Ce n’est pas seulement l’exposition de Kundera qui est à voir et à découvrir, je pense que c’est le lieu même parce que grâce à cette exposition, grâce à ce parcours de vie, on va pouvoir monter la cage d’escaliers du Centre tchèque et accéder à la bibliothèque. Pour moi, il y a déjà un parcours architectural parce que la bibliothèque se trouve au deuxième étage et le public n’avait pas l’habitude de s’y rendre régulièrement. A côté, on trouve une sorte de chronologie de vie, des publications et des prix internationaux décernés à Milan Kundera. On pourra également voir les interviews d’époque tournées avec l’auteur à son arrivée en France. Sa dernière interview publique également. Donc ça, ce sera la partie audiovisuelle. Ensuite, il y a plusieurs collections des ouvrages de Milan Kundera traduits dans des langues, je dirais presque exotiques. On voit que son œuvre peut être lue dans le monde entier. Et je pense que c’est justement le mérite d’un grand auteur.
Ensuite, on arrivera jusqu’à la bibliothèque, où on aura les dessins de Milan Kundera, les originaux, très rarement exposés, quasiment inconnus. Il n’y en a pas beaucoup mais je pense que ces dessins démontrent très bien un autre univers de sa création. C’est partiellement le texte, il y a le dessin, de l’ironie également, de la caricature et c’est ça qui, je pense, rend l’œuvre de Milan Kundera très accessible. Et le dernier élément, je dirais thématiquement le plus important, c’est ce qui est dans le sous-titre de l’exposition « Milan Kundera, nostalgie de l’Europe », où les extraits choisis par Tomáš Kubiček nous guident à travers la vie de Milan Kundera, à travers son œuvre et à travers sa réflexion sur l’Europe. »
Que représente Milan Kundera pour le Centre culturel tchèque ?
« Je dirais qu’on ne peut pas juste répondre en décrivant qui est Milan Kundera. Pour le Centre culturel tchèque, Milan Kundera fait partie de la Pléiade européenne mondiale, avec Václav Havel, Bohumil Hrabal, Karel Čapek et j’en oublie d’autres. Donc Kundera représente un symbole culturel. D’un côté, c’est un auteur lu, peut-être moins actuellement qu’il y a trente ans, mais toujours un auteur qu’on lit, qui intéresse. Et donc pour moi, Milan Kundera, avec ces autres auteurs que je viens de citer, représente un des symboles de l’importance de la culture et de la littérature dans notre vie et c’est un élément essentiel pour la diffusion interculturel. »
Et jusqu’à quand pourra-t-on voir ces dessins ?
« Nous allons inaugurer l’exposition ce jeudi et elle sera rendue publique vendredi, à l’heure d’ouverture habituelle du Centre tchèque. On aura les originaux pendant un mois et demi, jusqu’à la fin du mois de juin et pendant la période d’été, l’exposition sera ouverte jusqu’à mi-juillet, avec fermeture définitive en septembre. Mais l’exposition qui concerne les textes et les images va rester ici pendant très longtemps a priori. »