Enfants en difficulté : la Tchéquie supprime des centres d’accueil pour nourrissons
Vendredi dernier, les députés tchèques ont voté en faveur de la suppression, à compter de 2025, des centres d'accueil pour les jeunes enfants de moins de trois ans. Une décision importante, discutée depuis une dizaine d’années en République tchèque, l’un des derniers pays en Europe à placer des bébés en institution.
De ce fait, le pays est depuis longtemps pointé du doigt par les organisations tchèques et internationales de protection de l’enfance. En République tchèque, les enfants en difficulté de moins de 18 ans sont placés dans des centres appelés « maisons d’enfants », tandis que les plus petits, âgés de moins de 3 ans, vivent dans des « centres pour nourrissons ». Un système déjà supprimé dans la majorité écrasante des pays de l’UE, y compris dans les autres anciens Etats communistes : à titre d’exemple, la Slovaquie a interdit de placer en institution les enfants de moins de six ans et en Pologne, la limite a été fixée à dix ans.
A Prague, les précédents gouvernements ont élaboré une stratégie qui tablait sur la suppression des centres pour nourrissons à compter de 2014, mais la législation relative à cette réforme n’a jamais été adoptée.
Finalement, un groupe de députés réuni autour de la vice-présidente du Parti pirate Olga Richterová a réussi à trouver un large soutien politique à la Chambre basse du Parlement : seuls les députés des partis communiste et SPD s’y sont opposés, prétendant que les enfants en difficulté ont surtout besoin des soins professionnels que les familles d’accueil ne seront pas en mesure de leur procurer.
La députée Olga Richterová est persuadée que la République tchèque compte suffisamment de familles prêtes à accueillir provisoirement les bébés. Elle a expliqué à la radio publique :
« Dans toute la République tchèque, il n’y a actuellement que 228 enfants de moins de trois ans qui sont élevés dans des centres pour nourrissons. Deux tiers d’entre eux sont susceptibles de revenir dans leur famille d’origine. Ils se sont retrouvés dans ces centres à cause de la situation sociale difficile de leur famille d’origine, souvent liée à des problèmes de logement. »
« Or ces petits enfants sont les plus vulnérables, ils ont besoin d’avoir une seule personne qui s’occupe d’eux. Le placement en institution risque de les défavoriser pour le reste de leur vie. »
« Il nous reste donc dans tout le pays quelque 75 bébés qu’il faut prendre en charge à long terme, ce qui ne posera pas de problème. »
Selon la députée du Parti pirate, de nombreuses régions tchèques ont par ailleurs déjà transformé le système d’aide aux enfants en difficulté. Les derniers grands « centres pour nourrissons » se trouvent à Most et à Plzeň. Dans les autres villes, les établissements mis en place en grande pompe sous le régime communiste ont été remplacés par de petits centres qui prennent en charge des enfants de moins de trois ans souffrant de lourds handicaps. Olga Richterová explique :
« Ces enfants handicapés pourront rester dans des centres accueil, car ils ont effectivement besoin d’une assistance spécifique. Pour cela, il nous faudrait d’abord former les familles d’accueil. J’espère qu’à long terme, ce sera également possible. Une autre exception concerne les groupes de frères et sœurs que nous ne voulons pas séparer. »
Le nouvel amendement, qui doit encore être validé par le Sénat et paraphé par le président de la République, prévoit également une augmentation de la rémunération des parents d’accueil qui sera calculée à partir du salaire minimum. En juin dernier, la Tchéquie comptait 723 personnes assurant un accueil familial temporaire, soit le nombre le plus bas enregistré au cours des cinq dernières années.