Après avoir visité, la semaine dernière, Luhačovice, une des plus belles stations thermales de Moravie, nous allons nous rendre pour ce nouvel épisode de notre série estivale au nord-ouest de la République tchèque, à Teplice, qui a la particularité d’être la plus ancienne ville d’eaux en Europe centrale.
« Pour connaître les origines de notre eau thermale, il faut remonter 18 000 ans dans le temps. Elle est née de l’eau de pluie qui est tombée sur les Monts métallifères et qui a imprégné la rhyolite locale. C’est précisément cette eau bienfaisante que nous utilisons pour les bains. »
Directrice des Spas de Teplice, Yveta Slišková explique que les sources thermales locales ont été découvertes en 762 déjà. Elles ont été exploitées dès le début du XIIe siècle, grâce à la reine Judith. L’épouse du roi tchèque Vladislav II, celle qui a également veillé à l’édification du premier pont de pierre à Prague, a fait construire un couvent de moniales bénédictines, auprès duquel ont été fondés les thermes et la ville médiévale de Teplice. Les sources chaudes locales, « teplé prameny » ont d’ailleurs donné leur nom à la station thermale.
Située entre le Plateau de la Bohême centrale et le massif des Monts métallifères (Krušné hory), non loin de la frontière avec l’Allemagne, la ville d’eau a acquis au fil des siècles une réputation internationale. Yveta Slišková précise :
« A l’époque comme aujourd’hui, on vient à Teplice pour soigner les rhumatismes et les maladies de l’appareil moteur en général, mais aussi les infections neurologiques et les maladies vasculaires périphériques. A Teplice, nous avons plus précisément une source thermale de sulfate d'hydrogénocarbonate de sodium, avec des taux élevés de fluor, de radon et de métaux rares. Cette combinaison de minéraux guérit les tissus. Elle est anti-inflammatoire et permet de rééduquer les patients qui souffrent de problèmes chroniques, ainsi que ceux ayant subi une blessure ou une opération. »
Grâce à son patrimoine culturel, son architecture, mais aussi au passage régulier de grandes personnalités politiques et culturelles qui ont séjourné à Teplice par le passé, la ville thermale a acquis dès le XIXe siècle le surnom de « Petit Paris ». La liste des curistes célèbres est longue : on y trouve le tsar Pierre le Grand, les empereurs Joseph II et Léopold II, ou encore le roi de Suède Gustave IV, ainsi que Frédéric Chopin, Robert Schumann, Franz Schubert et Richard Wagner.
La ville d’eaux a également accueilli de nombreuses personnalités tchèques qui ont marqué la culture du pays au XIXe siècle, à savoir Josef Dobrovský, Josef Jungmann, Josef Kajetán Tyl, František Palacký ou Karel Havlíček Borovský.
La ville n’oublie pas non plus que, sur les conseils de son docteur, le grand compositeur allemand Ludwig van Beethoven s’est rendu à Teplice en 1812, pour y rencontrer à cette occasion un autre génie de l’époque et son compatriote Johan Wolfgang Goethe.
Désormais, on peut trouver à Teplice un spa Beethoven, avec des piscines où l’eau de la fameuse source locale Pravřídlo est refroidie de 41°C à 35°C.
Ces bains sont au cœur des cures thermales à Teplice, comme l’explique Yveta Slišková :
« Ici, le traitement est fondé sur une combinaison d’hydrothérapie et d’autres méthodes, à savoir l'électrothérapie, la magnétothérapie ou le laser. Mais l’essentiel, c’est le bain thermal suivi d’un enveloppement et d’un massage. L’eau thermale prépare le corps aux doigts sensibles du masseur et le massage est alors beaucoup plus efficace. A cela s'ajoutent d’autres traitements dont des exercices physiques qui sont aussi très importants, car les bains et les massages ne peuvent, à eux seuls, apporter les bienfaits escomptés. »
Si l’été dernier, à l’occasion du 250e anniversaire de la naissance de Ludwig van Beethoven, des portraits de style Streetart imaginés par l’artiste Karel Vacek ont été installés dans un parc de Teplice, en 2018, la ville a rendu hommage à la fondatrice des thermes, la reine Judith, en inaugurant son buste en bronze, créé par Libor Pisklák, au centre-ville. Le visage de Judith a été reconstitué grâce à la visualisation 3D, suite à l’analyse de ses ossements retrouvés 900 ans après sa mort, dans la crypte de l’ancienne basilique romane de Teplice.