Etude : jusqu’à la moitié de la population tchèque aurait pu être contaminée par le Covid-19
Alors que les statistiques officielles indiquent qu'environ 17 % de la population tchèque a été infectée par le coronavirus, les premières conclusions d'une étude menée par le centre de recherche RECETOX de la faculté des sciences de l'Université Masaryk à Brno, montrent que jusqu'à la moitié de la population adulte tchèque pourrait avoir été contaminée par le Covid-19 depuis le début de la pandémie.
Alors qu'au cours de la première vague de la pandémie au printemps 2020, la République tchèque n'a enregistré que 87 cas confirmés pour 100 000 habitants en trois mois, au plus fort de la deuxième vague, plus de 100 nouveaux cas pour 100 000 habitants par jour ont été confirmés. La Tchéquie s’est ainsi retrouvée parmi les pays les plus touchés en Europe et dans le monde, affichant un nombre de décès dus au Covid-19 tristement élevé par rapport à sa population totale (plus de 30 000 dont une majorité à déplorer au cours de l’automne 2020 et l’hiver 2021).
Les scientifiques du centre de recherche RECETOX de l'université Masaryk viennent de publier les résultats de la première phase d’une étude qui a suivi la dynamique des niveaux d'anticorps développés contre le SRAS-CoV-2 dans la population tchèque. La recherche a été rendue possible par le Fonds de l'assurance maladie du ministère de l'Intérieur, qui a soutenu financièrement le suivi répété de la présence – ou non – dans le sang de 30 000 volontaires d’anticorps contre le coronavirus.
Les résultats de la première phase de l’étude montrent que jusqu’à 50% de la population tchèque aurait pu être contaminée par le Covid-19, soit bien plus que les statistiques officielles. Vojtěch Thon, de l’Université Masaryk de Brno, a dirigé l’étude :
« Nous avons un test qui étudie spécifiquement la présence des anticorps et qui est capable de déterminer si nous avons été en contact avec l’agent infectieux par le passé. Si l’on ne procède qu’à des tests PCR, vous avez une chance de trouver des cas positifs mais uniquement à l’instant précis où ce test est effectué. Cela ne vous dit rien sur le passé infectieux de la personne. Certaines personnes n’ont par exemple jamais fait de tests PCR, et pourtant, elles ont bel et bien été en contact avec le virus. C’est ce que montrent sans équivoquent les données de notre étude. »
Selon Vojtěch Thon, les résultats de la première phase de l'étude témoignent d'une exposition généralisée de la population tchèque au Covid-19 au cours de la deuxième vague de la pandémie : alors que seulement 28 % des volontaires présentaient les anticorps en octobre et novembre 2020, ils étaient 43 % en décembre 2020 et janvier 2021, et 51 % en février et mars 2021. Ainsi en mars 2021, une proportion importante de la population tchèque n'était plus immunologiquement naïve à l'infection au SRAS-CoV-2.
Notons que les auteurs reconnaissent quelques lacunes dans leur étude. D'une part, l'article n'a pas encore fait l'objet d'un examen indépendant par des pairs et, d'autre part, il n'est pas totalement représentatif car les volontaires testés n'ont pas été choisis de manière totalement aléatoire. Les personnes qui se sont portées volontaires étaient peut-être particulièrement intéressées pour savoir si elles avaient été atteintes par la maladie si elles avaient éprouvé des problèmes de santé par le passé. Certains segments de la population, comme les femmes âgées de 40 à 59 ans, sont également surreprésentés dans l'étude. Plus généralement, les personnes d'âge moyen étaient plus nombreuses dans l'étude, un groupe qui a plus de contacts et donc une plus grande probabilité d'infection.
Toutefois, l’étude se poursuit actuellement pour déterminer l’évolution du niveau des anticorps. Pour Vojtěch Thon, le fait qu’une partie importante de la population tchèque ait été exposée au virus – souvent sans même le savoir – combiné à la vaccination peut avoir des conséquences encourageantes sur la situation sanitaire des mois à venir :
« Du point de vue de nos connaissances en matière de principes immunologiques et des données que nous avons collectées, cette plus large immunité collective de la population tchèque peut avoir une incidence importante et positive sur l’automne qui se trouve à nos portes. Il va évidemment y avoir de nouveaux variants, mais notre corps aura déjà une expérience du virus, notre système immunitaire ne sera plus ‘naïf’ selon la terminologie scientifique. Il aura une mémoire immunitaire et pourra réagir en conséquence : mieux et de manière plus intense, afin que si infection il y a, elle ne soit pas aussi violente. »