Il y a 85 ans naissait le futur président tchèque Václav Havel
Enfant né dans une famille aisée, c’est parmi la classe moins désirable de la société que Václav Havel passa sa jeunesse.
Ce n’est que bien plus tard que, de l’obscurité des cellules de prison, il se retrouva sous le feu des projecteurs de la politique internationale. Et ainsi il déménagea de la maison de campagne qui lui servait de refuge pour emménager au palais présidentiel du Château de Prague. Auteur à l’origine interdit, ses œuvres furent publiées par les maisons d’édition les plus réputées du monde entier. C’est ainsi que se déroula la vie de Václav Havel, qui aurait fêté ses 85 ans le 5 octobre.
Peu de personnes ont eu une vie aussi changeante que Václav Havel. Né dans une famille pragoise privilégiée, cette cuillère en argent dans la bouche s’est rapidement avérée un fardeau : avec l’arrivée des communistes au pouvoir, son origine « inconvenante » (c’est-à-dire bourgeoise) est devenue un obstacle majeur à sa formation. Toutes ses tentatives pour être accepté pour des études supérieures dans le domaine des lettres furent infructueuses. En effet, à l’époque, sans recommandation d’un groupe local du parti communiste, cela était tout à fait impossible. En 1955, il finit par être accepté à l’Université technique de Prague (ČVUT), où il étudia l’économie. Vu les circonstances, cela était déjà un petit miracle en soi. Il fut finalement accepté à l’Académie tchèque des arts musicaux (AMU) en 1962 – mais seulement pour des études à distance, dont la qualité était considérée comme moindre.
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C’est en tant que machiniste que celui qui allait par la suite devenir un dramaturge à succès fit ses débuts dans le milieu du théâtre. Si le régime communiste fit subir à Václav Havel de nombreuses injustices, il fut également source d’inspiration pour son œuvre littéraire. Sa pièce Zahradní slavnost (La Fête en plein air) est un excellent exemple de théâtre de l’absurde tchèque. Ce texte se compose des phrases toutes faites et plates prononcées par des « inaugurateurs » et des « liquidateurs » lors de réunions auxquelles la participation est obligatoire. Quant à sa pièce Vyrozumění (Le Rapport dont vous êtes l’objet) il traite de la mise en place d’une langue artificielle, le « pydétypède », qui devient un moyen de contrôle bureaucratique de la société.
C’est dans les années 1960 que commence l’engagement citoyen public de Václav Havel. En 1968, pendant le Printemps de Prague, il affirmait qu’il fallait réclamer plus qu’une simple réforme du parti communiste et de son mode de gouvernement. La démocratisation ne lui suffisait pas : c’était la démocratie qu’il voulait. Cependant, tous les espoirs d’alors furent anéantis par l’invasion soviétique. Tous ceux qui, au printemps 1968, avaient activement soutenu le processus de renouvellement, devinrent un an plus tard des « ennemis du peuple », ou plutôt les ennemis jurés des nouveaux dirigeants du pays. C’est alors qu’Havel subit ses premiers interrogatoires, et qu’il fut accusé de subversion de la République. Toute son œuvre littéraire fut alors interdite, et c’est de la rémunération de la publication de ses livres et de la mise en scène de ses pièces à l’étranger qu’il vivait.
Il devint le leader du mouvement dissident tchécoslovaque et fut l’un des cofondateurs et porte-paroles de la Charte 77, qui constituait la force d’opposition au parti la plus puissante. Il ne parvint cependant pas à échapper à la prison une seconde fois : condamné en 1979, il en sortit en 1983. À nouveau condamné en 1989, il ne passa cette fois-ci que quelques mois en prison. En effet, cette même année, ce ne fut pas que la vie de Václav Havel, mais celle de toute la société tchécoslovaque qui fut bouleversée : la révolution de Velours balaya le régime communiste, et Václav Havel devint le président de la République.
Il s’inscrit dans l’Histoire à la fois en tant que dernier président de la Tchécoslovaquie qu’en tant que premier président de la République tchèque. À l’international, Václav Havel bénéficia d’une attention sans précédent à l’échelle de l’histoire tchèque. Il faisait en effet figure d’autorité morale universelle. Il exerça ses fonctions de chef de l’État jusqu’en 2003, et décéda le 18 décembre 2011, à l’âge de 75 ans.