Prague : à Suchdol, une crèche de Noël qui attire le public de toute la capitale
Chaque année, pendant la période de l’Avent, les habitants du quartier pragois de Suchdol, situé au nord de la capitale, installent en plein air une crèche de Noël assez particulière : elle est composée de plusieurs centaines de figurines en terre cuite qu’ils continuent à fabriquer eux-mêmes. Une belle tradition qui se perpétue depuis 2001.
Il y a une dizaine d’années, les enfants de Suchdol ont raconté dans un reportage de la Télévision tchèque comment ils fabriquent, dans un atelier de céramique, les figurines de cette crèche de Noël pas comme les autres. Tous les personnages sont les bienvenus : ainsi, on trouve parmi ceux qui vont à Bethléem pour rendre visite à l’Enfant-Jésus un crocodile, une tortue, un requin ou encore un astronaute.
Plasticienne et enseignante aux Beaux-Arts de Prague, Magdalena Vovsová a initié la création de la crèche avec ses amis :
« L’idée de départ était que tout le quartier se mobilise pour fabriquer une crèche de Noël, pas seulement ceux qui pratiquent des arts plastiques. Nous voulions que ce soit une œuvre commune qui soit ensuite exposée sur la place du quartier, en plein air, pour qu’elle soit accessible à tout le monde. Notre crèche est actuellement composée de 677 figurines, fabriquées au fil des années par les enfants, leurs parents et grands-parents. Nous venons d’installer la crèche, mais sans le Petit Jésus qui n’y apparaîtra que le 24 décembre, lors de la veillée de Noël. »
Les habitants de Suchdol ont pris l’habitude de se réunir, chaque dimanche de l’Avent et pendant les fêtes, autour de la crèche et d’y allumer des bougies. Des concerts et autres événements y avaient également lieu. Même si la tradition a été perturbée par la pandémie de Covid, elle continue sous une forme réduite :
« Cette année, aucun événement n’a été organisé à l’occasion de l’installation de la crèche. Depuis deux ans, nous n’avons même pas fabriqué de nouvelles figurines dans des ateliers. Mais il est vrai que nous en avons beaucoup. Depuis vingt ans, les gens ont créé un millier de petites figurines. Nous avons donné certaines d’entre elles à d’autres communes, à Dobřichovice par exemple, qui nous avait procuré les socles en granit et en grès sur lesquelles on installe les figurines. Nous avons 22 socles sur lesquels on peut placer au maximum 800 personnages. Donc si nous en avons trop, nous proposons aux gens de récupérer leurs figurines après Noël. Comme ça, ils peuvent se fabriquer leur propre crèche. »
« Pour les fêtes de cette année, nous avons d’abord pensé installer moins de figurines que d’habitude, pour exprimer le fait que la vie à l’époque pandémique est très particulière, contraignante. Mais finalement, nous avons décidé d’exposer la crèche dans son intégralité. Cela nous rappelle l’époque où nous avons pu vivre des choses dont nous sommes privés actuellement. »
Magdalena Vovsová est persuadée qu’en dépit des restrictions, le plaisir de la création perdure :
« Quand on travaille l’argile, quand on modèle un objet, on peut penser à la création d’Adam… En plus, la terre est éternelle. Elle peut geler, sécher, elle survit à tout. Quand elle est cuite, on peut la broyer et la réutiliser. Elle ne brûle pas, ne s’émiette pas, ne disparaît pas. C’est une matière facile à travailler. Ainsi, beaucoup de gens de notre quartier continuent à fabriquer les figurines chez eux. L’objectif n’est pas de créer des œuvres d’art, mais de se faire plaisir. Je pense que quand on s’y met, ça ne nous lâche plus. »