Journée internationale des femmes, où en est la parité dans le sport tchèque ?
Ce mardi, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le Conseil de l’Europe organise une table ronde autour de la question des femmes et du sport. En effet, le sport est un bon moyen d’évaluer les progrès parcourus en termes de parité, c’est également le cas en République tchèque.
Le sport le plus populaire en République tchèque est le hockey sur glace. Une étude de l’Agence nationale des sports tchèque parue en décembre 2020 sur l’attractivité des sports en République tchèque classe plus généralement les sports collectifs et les sports d’hiver en haut du tableau. Chez les femmes, le patinage artistique est le sport le plus attractif à suivre. Par ailleurs, 27% des Tchèques interrogés affirment regarder du sport au moins plusieurs fois par semaine. Plus précisément, c’est 39% des hommes et 16% des femmes. Cet écart est largement moins marqué dans la pratique puisque 51% des hommes contre 48% des femmes font du sport au moins une fois par semaine.
Historiquement, le pays a toujours été très tourné vers les sports d’hiver et vers le hockey sur glace. Comme ailleurs, le sport tchèque se féminise. Ce constat se fait d’abord sur le nombre, les fédérations sportives accueillant de plus en plus de femmes parmi leurs adhérents, mais également en termes de diversification. La pratique des femmes s’ouvre à des disciplines autrefois jugées trop masculines.
C’est particulièrement le cas du hockey en République tchèque. Le hockey féminin a peu en commun avec sa version masculine, les règles sont différentes, les contacts plus limités, ce qui devrait permettre aux filles de se diriger plus facilement vers ce sport.
De récentes avancées dans le sport professionnel et amateur
Les délégations tchèques pour les Jeux olympiques réduisent peu à peu les écarts. Aux Jeux olympiques d’été de Tokyo, les rangs tchèques se composaient de 74 hommes et 41 femmes. Au Jeux olympiques d’hiver dernier 55 femmes pour 59 hommes partaient défendre leurs chances à Pékin. Il faut préciser que les deux médailles tchèques ont été remportées par des femmes.
Toutes les équipes nationales de sport collectif présentent désormais une équipe masculine et une équipe féminine. A la différence de ses voisins européens, et bien que très populaire chez les spectateurs et téléspectateurs, le football n’est pas le sport le plus pratiqué en République tchèque, encore moins chez les femmes. Mais là encore, cela évolue. Par ailleurs, les équipes féminines tchèques de sport collectif, notamment, le rugby, le hockey sur gazon ou le water-polo devraient se voir attribuer 150 millions de couronnes supplémentaires avait annoncé Filip Neusser, président de l’Agence nationale des sport, en septembre 2021. L’objectif serait alors d’amener plus d’équipes aux Jeux olympiques de 2028.
Sur le plan du sport professionnel, les progrès sont souvent impulsés par les grandes instances du sport mondial et européen. A l’échelle nationale, et au niveau de la pratique amateur, les mouvements sont plus difficiles mais visibles. L’UEFA, par exemple, indique dans un rapport de 2020 que le nombre de jeunes filles inscrites en club ne cesse de croitre en République tchèque, notamment chez les moins de 9 ans. Les sports individuels féminins sont moins en difficulté. La parité est presque atteinte au sein des fédérations d’escrime et de natation.
« All in : Toward gender balance in sport »
Le Conseil de l’Europe et l’Union européenne ont communément réalisé une étude entre mars 2018 et novembre 2019. Le projet, intitulé « All in : Toward gender balance in sport », avait pour objectif d’établir l’état de la parité homme/femmes dans le sport.
Selon le rapport, en République tchèque, 70% d’hommes contre 30% de femmes sont inscrits dans une fédération sportive. Certaines fédérations comme celle de hockey sur glace (5%) ou de boxe (6%) ne comptent que très peu de femmes. En octobre 2019, en Europe, plus de 60% des comités olympiques nationaux placent la lutte pour l’égalité des sexes dans leur agenda. La fédération tchèque d’aviron était en 2017 la première à faire figurer un plan d’action pour la parité. Aujourd’hui presque la moitié des fédérations nationales ont pris des mesures pour faciliter l’accès des femmes au sport, majoritairement des sports individuels.
En 2019, quatre fédérations commençaient à mettre en place un plan pour lutte contre les violences dans le sport. En 2021, une enquête nationale fait état de plus de 400 plaintes pour agression dans le sport - preuve qu’il y a encore beaucoup à faire.
Des progrès à relativiser
Les inégalités persistent notamment en dehors de la pratique du sport en elle-même. En effet, la place des femmes dans le sport ne se donne pas à voir uniquement chez les athlètes mais également dans les grandes instances et les métiers du sport en général.
En 2019 en Europe, seulement 8% des présidents de fédérations olympiques nationales sont des femmes. Chez les entraîneurs, 87% des entraîneurs de la fédération tchèque de patin à glace sont des femmes, 70% pour la gymnastique. C’est moins d’un pourcent pour la fédération de hockey sur glace. Cependant le rapport souligne également les efforts fournis par certaines fédérations comme celle d’athlétisme qui a tenté de sensibiliser les femmes au métier d’entraîneur notamment à travers la mise en place de cours de formation.
Au sein de l’Europe, la Tchéquie se hisse à la deuxième position des Etats présentant le plus d’entraîneur femmes dans le sport de haut niveau. Cependant, le pays fait le pire score concernant les efforts fournis pour rééquilibrer le nombre de femmes occupant des postes à hautes responsabilités. De même, aux Jeux olympiques de Rio, 86% des journalistes accrédités tchèques couvrant l’événement étaient des hommes.
Bien que considérable, les avancées concernant la place des femmes dans le sport se heurtent parfois à des inégalités de couverture médiatique. Les médias sportifs traditionnels couvrent d’avantage les hommes. Par ailleurs, la part du budget attribuée aux hommes dans certaines fédérations se révèle être nettement supérieure. Nombreux sont ceux qui avancent le fait que le sport masculin susciterait plus de ferveur et d’intérêt et donc plus d’argent. Ansley Hoffman, responsable de projets au sein de l’association « Fotbal pro rozvoj » nous rappelle le rôle des médias dans le développement du sport féminin.
« Les choses évoluent comme dans d’autres pays après il faut voir si le public suit, si le public apporte un engouement pour le football féminin et si les médias couvrent de manière plus authentique et plus régulière les résultats et ce qu’il se passe autour du football féminin. Il y a encore pas mal d’étape à faire, c’est dans la bonne voie mais ça prend du temps. »