Laissez-vous contaminer par le bal folk tchèque

« Nakazte se českým balfolkem » (« Laissez-vous contaminer par le bal folk ») : le message de la communauté de musique et danse bal folk en République tchèque est on ne peut plus clair. Avec son CD intitulé « Karantóny » (« Quarantons »), sorti fin 2021, elle invite à la découverte et à l’écoute de la scène tchèque… en attendant la reprise de ses bals folk hebdomadaires.

Mikuláš Bryan | Photo: Jakub Zvoníček,  ČRo Brno

« Le bal folk, c’est quelque chose de très naturel pour les Français », estime Mikuláš Bryan, initiateur du mouvement de bal folk en République tchèque. En effet, depuis leur apparition en France dans les années 1970, les bals folk y ont trouvé leurs musiciens et leurs danseurs amateurs de ce panaché de danses populaires et régionales réintroduites, réinterprétées ou réinventées, avec un objectif unique : les perpétuer.

Musique traditionnelle, interprétation actuelle

Mikuláš Bryan détaille les deux types de musique traditionnelle représentés dans le bal folk :

« Dans le bal folk, il y a deux niveaux de musique traditionnelle. Tout d’abord, il y a énormément de danses du XIXe siècle, des danses de couple pour la plupart, comme la mazurka, la scottish et la valse. Ce sont des danses que l’on retrouve partout en Europe, en Bretagne, dans le Poitou et le Berry, mais aussi en Suède ou en Lituanie. Mais il y a également un second niveau, celui des danses plus anciennes et régionales, rattachées à un lieu. Dans le bal folk, il y a donc différentes cultures qui se rencontrent, pour au final aboutir à un grand bal de l’Europe. »

De France, où il a vu le jour, le bal folk s’est ensuite répandu surtout en Europe, et également un peu dans le reste du monde, avec notamment une petite scène au Canada – francophone et anglophone – mais aussi en Australie, aux Etats-Unis et à Istanbul.

Balfolk | Photo: Jakub Zvoníček,  ČRo

En République tchèque, c’est il y a une dizaine d’années que Mikuláš Bryan a ramené le bal folk dans ses valises après une année de séjour d’études Erasmus à Rennes. Auparavant, ce style de musique – et de rassemblements qui vont avec – était tout à fait inconnu. D’ailleurs, avant la chute du Rideau de fer, la musique et la danse populaires se voyaient systématiquement accoler l’étiquette « folklorique » et prenaient la forme de spectacles organisés, surtout en Bohême. Des manifestations culturelles qui n’avaient pas grand-chose de spontané ni d’engageant, et étaient loin de donner envie de se joindre à la danse.

Balfolk | Photo: Jakub Zvoníček,  ČRo

Mais depuis, la situation a bien changé : hors période de restrictions sanitaires, la communauté de bal folk de Prague, qui compterait plus de 200 passionnés, se retrouve une fois par semaine pour des ateliers-bals ouverts à tous. Par ailleurs, entre autres événements musicaux et dansants, un festival de bal folk est normalement organisé une fois par an.

En 2021, année frustrante notamment pour le monde de la culture, les groupes et interprètes de bal folk tchèques ont malgré tout fait preuve de créativité avec la sortie d’un CD intitulé « Karantóny ». Cette compilation de moments musicaux collectés est donc en quelque sorte une illustration de la scène du bal folk tchèque actuelle.

Lui-même musicien et chanteur, Mikuláš Bryan est heureux du résultat dans son ensemble. Il avoue cependant avoir un faible pour un morceau en particulier :

« J’aime beaucoup ‘One Step Forward’, une scottish impaire de Two Steps Back. C’est particulièrement intéressant parce qu’elle s’inspire du groupe français Zlabya, qui fait du jazz bal folk. C’est aussi une danse inventée par Gérard Godon, dans les années 1990, je crois. C’est donc une danse très nouvelle dans le milieu folk, mais qui vient de la tradition – c’est une scottish un peu adaptée. Dans les bals, elle a beaucoup de succès. Il y a donc déjà des groupes qui créent leurs propres morceaux pour cette danse relativement nouvelle, et cette évolution permanente me plaît. »

Balfolk | Photo: Jakub Zvoníček,  ČRo