Presse : une affaire de corruption qui évoque les années 1990 dites sauvages
Le bouleversement de la scène politique locale en lien avec une nouvelle vaste affaire de corruption est le premier sujet traité dans cette nouvelle revue de presse. Quelques remarques ensuite concernant l’évolution de la pauvreté en Tchéquie. Il y sera également question de certaines restrictions alimentaires que les Tchèques sont désormais prêts à s’imposer. Le magazine s’intéresse aussi à l’influence russe sur les questions qui se rapportent au genre. Un mot enfin sur le Covid-19.
L’affaire de corruption autour des transports pragois dans laquelle un responsable municipal d’un des partis de la coalition gouvernementale au pouvoir, STAN, est impliqué et la démission du ministre de l’Education nationale Petr Gazdík ont fait pendant toute cette semaine la une des médias locaux. Le journal Deník N note :
« Cette affaire et tout ce qui l’a suivie dans la politique tchèque a mis une nouvelle fois en relief l’importance du travail des médias pour le fonctionnement d’une société démocratique. C’est vrai en dépit des doutes et des critiques qui sont apparus en lien avec l’utilisation de certaines informations de sources policières. »
Pour un commentateur du journal économique Hospodářské noviny, cette affaire représente un déjà-vu qui évoque les années 1990 (« devadesátky »), qualifiées de sauvages. Pourtant, d’après ce qu’il écrit, il ne s’agit pas de leur retour mais du fait qu’elles n’ont pas encore pris définitivement fin :
« Dans une société libre en effet, on ne saurait éliminer de la politique, d’un seul coup, des individus malhonnêtes qui déploient des activités criminelles. Il faut beaucoup de patience et d’envergure pour que les ‘devadesátky’ et tout ce que ces années symbolisent deviennent un simple souvenir historique. »
Le site info.cz s’est intéressé à ce comment cette évolution profitait, logiquement, à l’opposition, qui, par la bouche d’un haut représentant du mouvement ANO, parle d’un « Palerme pragois » :
« L’opposition doit être, et pour cause, très contente. La pire chose qui puisse arriver à un politicien, c’est de ne pas être pris par les gens au sérieux et de faire l’objet de risée. Et c’est ce qui est en train de se passer. Les derniers événements dévoilent le véritable caractère d’un parti gouvernemental et portent préjudice à l’ensemble du conseil ministériel. Tous ceux qui croyaient les promesses des cinq partis de la coalition gouvernementale affichées avant les élections doivent se sentir déçus. Ceux-ci devaient apporter non seulement un tournant, une politique raisonnable et ancrée dans les valeurs, mais aussi un changement de la culture politique ».
Oser parler ouvertement de la pauvreté
La pauvreté divise la société plus que les fake news. C’est du moins ce qu’estime un chroniqueur du site aktualne.cz. Dans un de ses récents textes, il explique :
« On a du mal à l’accepter, mais depuis l’année 2019, le nombre de gens pauvres en Tchéquie n’a de cesse d’augmenter. Une des idées préconçues, assez répandue dans le pays, prétend que les gens pauvres eux-mêmes sont responsables de leur pauvreté et qu’ils devraient déployer plus d’efforts pour aller mieux. Pourtant, en réalité, ils ne peuvent nullement influencer la situation extérieure qui change. La pauvreté a augmenté pendant la pandémie. Une tendance qui a continué en raison des manquements du gouvernement précédent et de la guerre russe contre l’Ukraine. L’actuel gouvernement quant à lui n’arrive pas à freiner cette évolution dangereuse rapidement et avec suffisamment de souplesse. »
Le texte constate que l’inflation actuelle a plongé près de 16% des ménages tchèques dans la pauvreté :
« Les plus touchés sont évidemment les retraités, les personnes mal payées et les familles monoparentales. Mais le problème touche également les familles qui appartiennent à la classe moyenne, qui ont des enfants et qui ont à payer des crédits hypothécaires. Le système des allocations sociales, tel qu’il est actuellement conçu, omet cette catégorie de la population ».
L’article pointe que le gouvernement ne prête pas l’oreille aux recommandations des experts en la matière. « Le mécontentement augmente. Celui de la classe moyenne est dangereux, car il profite aux extrémistes », lit-on en conclusion.
Les Tchèques se serrent la boucle et mangent moins souvent en ville
« Les Tchèques n’ont pas assez d’argent pour pouvoir régulièrement déjeuner dans les restaurants », signale dans ce même contexte le site echo24.cz :
« Impossible de trouver désormais un repas de midi de cent couronnes. Les gens cherchent des possibilités d’alimentation meilleur marché. Ainsi, par exemple, beaucoup sont ceux qui déjeunent dans un restaurant deux ou trois fois par semaine au lieu de le faire cinq fois comme auparavant. Les données recueillies le confirment clairement : au mois de mai, le nombre de repas de midi vendus a diminué de quelque 35 %. Le fait que les bistros et les restaurants survivent quand même assez bien est dû à l’augmentation du prix des repas, de quelque 25 % en une année. »
Une baisse des prix dans la gastronomie tchèque n’est pas à attendre, selon les restaurateurs cités. Pour eux, la situation pourrait s’améliorer avec l’augmentation des salaires, prévue en rapport avec la grande inflation en cours.
Les questions du genre sous l’influence russe
« En Tchéquie, les questions concernant le genre font désormais partie de la guerre de désinformation et de la stratégie géopolitique de la Russie.». C’est ce qu’affirme l’auteure d’un texte publié sur le site de l’hebdomadaire Respekt, qui revient sur le récent débat au Parlement tchèque sur la modification du code civil qui stipule la légalisation du mariage pour tous :
« Un des arguments contre cet amendement, de la part du public et des politiciens, prétend qu’il y à l’heure actuelle des questions plus importantes que celle de genre dont la Tchéquie devrait s’occuper. C’est le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a donné, lundi, un coup dur à cet argument en soumettant au Parlement de son pays, en plein milieu de la guerre, la Convention d’Istanbul pour la voir promptement adoptée à une majorité écrasante. Il s’avère que les Ukrainiens se font du temps pour le ‘genre’ même pendant le conflit militaire. Une façon de manifester leur volonté de joindre l’Union européenne et le cercle de civilisation occidental. »
Le texte fait dans ce contexte part de l’offensive contre le genre menée dans le monde par différentes associations ultraconservatrices qui sont politiquement et idéologiquement soutenues par la Russie de Poutine. La Convention d’Istanbul serait, d’après l’auteure de l’article, un témoignage de ce que cette offensive porte ses fruits également en Tchéquie. Signée en 2016, elle n’a pas pris effet à ce jour. En conclusion, la journaliste de Respekt indique :
« Le Mouvement pour la vie, l’Alliance pour la famille et d’autres organisations ultraconservatrices tchèques maintiennent des contacts avec différentes associations proches de la Russie. La doctrine anti-genre est soutenue également par une partie de l’Eglise catholique tchèque. Tous ces acteurs s’opposent non seulement à la légalisation du mariage pour tous mais favorisent également un ancrage constitutionnel du mariage comme une union d’un homme et d’une femme. Une démarche que la Russie a entreprise en 2020. »
Une nouvelle vague de la pandémie de covid à attendre ?
Le journal Mladá fronta Dnes de ce jeudi rapporte que la Tchéquie enregistre une augmentation du nombre de cas de Covid-19. Il précise :
« Plus de 600 cas enregistrés ces lundi et mardi montrent que le Covid-19 est de retour en Tchéquie, discrètement et plus tôt que prévu. Les experts s’attendaient à ce qu’une nouvelle vague du virus n’atteigne le pays qu’à l’automne mais l’apparition de nouveaux variants virulents et la situation à l’étranger qui se détériore signalent que cela va se passer probablement plus tôt. »
Le port obligatoire du masque n’est pas envisagé en ce moment en Tchéquie. Le ministère de la Santé entend le recommander, à partir de l’automne, dans les moyens de transport et lors des grands rassemblements. Le journal indique en outre que la quatrième dose de vaccin anti-Covid sera destinée prioritairement aux personnes de plus de 80 ans.