Inflation : nouveau taux record en septembre, mais la barre des 20 % ne devrait pas être franchie

Inflation

La croissance des prix s’est une fois encore accélérée en République tchèque en septembre avec un taux d’inflation qui, en glissement annuel, a atteint un taux de 18 %. Un nouveau niveau record depuis 1993 qui pourrait ne pas être le dernier, aucune baisse sensible n’étant attendue avant l’année prochaine.

L’année 2022 en Europe restera dans les annales tant pour des raisons géopolitiques qu’économiques avec une vague inflationniste qui s’est amplifiée avec la guerre en Ukraine. Située géographiquement au cœur du continent, la République tchèque non seulement n’échappe pas à ce phénomène de flambée des prix et de pénurie de certaines matières premières, mais elle compte même parmi les pays les plus touchés. Jamais en effet depuis la première moitié des années 1990 qui ont suivi la chute du régime communiste et ont été marquées par la transformation de l’économie du pays en une économie de marché, l’inflation n’y avait été aussi élevée.

Les chiffres publiés mardi par l’Office tchèque des statistiques (ČSÚ) pour le mois de septembre ont sans surprise confirmé la tendance observée depuis la fin 2021, avec une hausse de 0,8 point du taux d’inflation par rapport au mois d’août, qui avait été marqué par un léger ralentissement à 17,2 %, le premier après une accélération constante pendant les treize mois précédents. Les prix du logement notamment, en raison de la hausse de ceux de l’énergie, ont grandement contribué à cette reprise de la croissance. Ainsi, entre septembre 2021 et septembre 2022, les montants des factures d’électricité, de chauffage, de gaz et carburants ont augmenté de près de moitié (+48,8 %).

Après que le gouvernement a récemment décidé de plafonner les prix de l’électricité et du gaz, le ministre chrétien-démocrate du Travail et des Affaires sociales, Marian Jurečka, suppose que cette mesure permettra de freiner la croissance de l’inflation et que le tableau d’ensemble s’améliorera prochainement.

Économiste en chef de l'Association bancaire tchèque (ČBA), Jakub Seidler est, lui, moins optimiste. Si l’inflation pourrait effectivement quelque peu ralentir en octobre avec des ménages qui devraient avoir des factures d’énergie moindres, les prévisions pour le dernier trimestre de l’année n’en demeurent pas moins très incertaines :

« À l’évidence, l’inflation restera élevée jusqu’à la fin de l’année. Il faudra très probablement plutôt attendre l’année prochaine pour assister à une baisse et même le milieu de l’année prochaine pour la voir repasser sous la barre des 10 %. »

L’énergie n’est pas la seule responsable de l’inflation. Les prix des produits alimentaires ont ainsi augmenté de 21,8 %, avec pour un produit de première nécessité comme la farine une envolée de 61 %, ceux des services de restauration et d’hébergement de 26 % ou encore ceux des biens et services pour l’entretien courant des foyers de 18 %. Au total, tandis que la hausse des prix des biens a été de 20,7 %, celle des prix des services a été de 13,7 %.

L’inflation de septembre a dépassé les attentes du marché, qui prévoyait plutôt une stagnation. Selon les analystes, elle est néanmoins proche de son pic et devrait atteindre un taux moyen de l’ordre de 16 à 17 % pour l’ensemble de l’année 2022. Un ralentissement significatif de la demande intérieure devrait contribuer à freiner cette inflation, et même si l’incertitude continue de régner quant à l’évolution des prix de l’énergie, la barre des 20 % ne devrait pas être franchie.