Le manque d’incitation risque de détourner les sociétés de cinéma de la Tchéquie
L’une des questions les plus discutées cette année au festival du film de Karlovy Vary a sans nul doute été celle des incitations fiscales. Les producteurs affirment que l’incapacité du gouvernement tchèque à affecter des fonds pour de tels dégrèvements finira par coûter cher à l’Etat – et incitera les sociétés internationales de cinéma et télévision à aller voir ailleurs. Pavel Strnad, de la société de production Negativ Film Productions, commente la situation actuelle en République tchèque.
« Même si nous avons battu un record l’année dernière quand le volume de productions était proche de 12 milliards de couronnes tchèques – dont 70% provenaient de productions internationales tournées en République tchèque – nous avons un problème avec le système d’abattement fiscal. Etant donné que le gouvernement n’a pas investi suffisamment dans le système, celui-ci est clos depuis début janvier, et nous attendons que le gouvernement mette la main au portefeuille, afin que le système puisse tourner à nouveau. »
Que se passera-t-il si le gouvernement ne prend pas ce genre de mesure ?
« Je pense que ça sera un vrai désastre. J’imagine alors que nous aurons à attendre que l’ensemble du système soit transformé en quelque chose qui puisse fonctionner à long terme. Je crains que cela ne prenne un an, ou deux, voire peut-être trois. Et nous ne pouvons attendre si longtemps. »
Vous n’êtes pas très optimiste quant à la volonté du gouvernement de faire ce que votre industrie réclame ?
« J’espère qu’ils le feront, parce que je ne pense pas que l’on puisse se permettre de perdre autant de contrats, juste parce que le gouvernement n’a pas affecté suffisamment d’argent au budget. On parle de 400 ou 500 millions de couronnes tchèques cette année – et il y a 9 milliards de couronnes en jeu. »
Le gouvernement évoque donc des remises ou incitations limitées pour les films individuels ?
« Oui, ils ont proposé un plafond pour chaque projet qui, je crois, est de 150 millions de couronnes tchèques par projet. Cela peut potentiellement affecter les immenses productions qui sont à venir, comme The Gray Man. Ces films à gros budget seraient affectés, mais je pense que la chose la plus importante est de trouver un système qui peut fonctionner sans causer trop de tracas. Car l’activité est en pleine croissance, donc bien évidemment, si vous avez un système d’abattement fiscal de 20%, vous devez vous adapter à cette activité croissante. »
Est-il vrai que la Tchéquie est en concurrence dans ce domaine avec la Hongrie ?
« Nous sommes en concurrence avec tous les pays européens, parce que la plupart des pays européens ont aujourd’hui un système d’abattement fiscal ou un abri fiscal quelconque. Dans les faits, à l’heure actuelle, la République tchèque n’offre seulement que 20%, alors que d’autres pays offrent 25%, 30% ou même 37%. »
Certains avanceront que tout le monde fait face à des difficultés financières cette année. Pourquoi l’industrie cinématographique devrait-elle bénéficier d’un traitement de faveur ?
« C’est un système qui attire réellement les investissements étrangers et rapporte de l’argent au budget de l’Etat, par le biais des taxes et d’effets secondaires. Il a été prouvé que cela marche. Cela fonctionne dans tous les pays. Je pense donc que c’est un débat que nous avons déjà eu, et je pense qu’il a été prouvé que les incitations fiscales pour les tournages de films valent la peine. »