Cinéma : le gouvernement revoit à la hausse les aides à la production en Tchéquie
Peut-être un effet The Gray man, la grosse production Netflix à Prague : les incitations financières destinées à l’industrie cinématographique sont désormais revues à la hausse dans le projet d'amendement au budget de l'État pour cette année et les deux suivantes. Le texte, qui doit encore être validé par le parlement, devrait fournir au Fonds national de la cinématographie (SFK) près de 600 millions de couronnes supplémentaires en plus des 800 millions de couronnes qu’il distribuait chaque année.
Directeur de la société pragoise Okko Productions, le Français Marc Jenny a répondu aux questions de RPI :
Les ministres des Finances et de la Culture ont annoncé jeudi la hausse du budget consacré à ces incitations financières. Une bonne nouvelle pour vous ?
« Oui une excellente nouvelle, car on était dans une situation catastrophique depuis le début de l’année, à cause de la fermeture des candidatures au crédit d’impôt. Cela a bloqué complètement nos projets pour 2022. »
Prague a perdu des productions à cause de cette baisse initiale ?
« Du côté des productions que je fais avec la France, aujourd’hui travailler dans un pays qui n’a pas de système d’aides est plus qu’un handicap, c’est quasiment impossible… »
De quelle manière fonctionne le système tchèque ?
« Le système tchèque est un des meilleurs que je connaisse parce qu’il a le mérite d’être simple. A partir du moment où vous dépensez une somme sur le territoire, le système mis en place incite à faire ces dépenses qui ont des retombées importantes et qui sont remboursées à hauteur de 20%. »
Dans les annonces faites jeudi dernier il est question d’un plafonnement de cette aide, à 150 millions de couronnes par film – un chiffre raisonnable selon vous ?
« Il va falloir voir à l’usage si ce chiffre correspond à l’équilibre entre ce plafond et le total des fonds débloqués. C’est vrai que c’est un système qui a été mis en place en 2009 sans prendre en compte ce genre de problèmes. En gros, deux films à très gros budget récupéraient 20% de leurs dépenses et vidaient les fonds d’aide à la production. Le plafonnement va permettre de remédier à ce problème. »
20% - si on compare aux autres pays de la région, où se situe la Tchéquie dans ce domaine ?
« Je pense qu’il faut rentrer plus dans les détails sur cette question et savoir comment fonctionne le pays en termes de coût, de savoir-faire et d’éligibilité. Il y a tout un écosystème en Tchéquie qui est très favorable, avec un système simple sans trop de rouages administratifs et de faux frais. A partir de là, 20% est un pourcentage très intéressant. D’autres pays affichent des pourcentages supérieurs pour ces aides mais ce n’est pas forcément là que ça se joue. La Tchéquie avec son savoir-faire a sa carte à jouer. Le système mis en place en 2009 était jusqu’ici très stable et viable. Il est important que ce système soit pérenne. J’avais appelé à ce que le système soit plus sélectif, en fonction de la mise en avant des qualités artistiques des professions occupées par des Tchèques sur un film ou de la mise en valeur du pays. Augmenter ce pourcentage de 20% serait évidemment bienvenu mais si on peut déjà avancer avec ce qu’on a ce serait très bien. »
Pouvez-vous nous parler de certains de vos projets actuels ?
« Hélas non, car ces projets étaient en train de partir vers d'autres pays. J'étais vraiment en stand-by, mais avec cette annonce gouvernementale je vais pouvoir relancer et essayer de rattraper mes projets pour faire en sorte que l'année prochaine soit meilleure que celle-ci. »