Presse : La crise et la pauvreté en Tchéquie ? La réponse ne fait pas l’unanimité
Cette nouvelle revue de la presse propose d’abord deux regards sur la situation de la Tchéquie en rapport avec la crise énergétique et la vie chère. Quelques mots ensuite sur une exposition qui se tient à Prague et qui présente une partie de la lourde technique militaire russe anéantie en Ukraine. Il y sera également question de l’influence des fake news et de la cinquième colonne pro-Poutine en Tchéquie. L’émergence, à l’approche des élections communales, de quelque trente nouveaux partis et mouvements, est le dernier sujet traité.
Les informations sur l’appauvrissement et la crise en Tchéquie sont exagérées, car les données ne les confirment pas. C’est du moins ce que prétend l’éditorialiste du journal en ligne Forum24.cz, qui a écrit à ce propos :
« On vit dans une situation schizophrénique. D’une part, nous sommes confrontés à des prévisions économiques et matérielles sombres et, d’un autre côté, on voit les gens faire de gros achats, passer des vacances au bord de la mer, on voit tous les jours des colonnes sur les routes. Alors, que se passe-t-il ? L’opposition et certains médias présentent la vie actuelle en Tchéquie comme un désastre. Certes, il y a des gens qui affrontent de graves problèmes causés par l’inflation et la hausse des prix des énergies, qui sont contraints à se retreindre ou qui ont du mal à s’en tirer. Force est pourtant de constater que la Tchéquie vit la période la plus riche de son histoire et que les difficultés actuelles ne constituent qu’une oscillation qui n’affecte pas lourdement la majorité de la population. »
Pour confirmer que l’alarmisme n’est pas de rigueur, l’éditorialiste rapporte que le taux de chômage en Tchéquie a de nouveau diminué pour se situer autour de 3,2% et que l’évolution du PIB est positive. Il admet cependant :
« La guerre en Ukraine et les problèmes en rapport avec les fournitures du gaz russe risquent d’apporter de nouveaux bouleversements et la détérioration de la situation économique. Il faut s’y préparer et relever bravement le défi. Pensons aux habitants de l’Ukraine, dont les souffrances et les problèmes sont incomparables à ce que nous sommes en train de vivre. »
« L’inflation désormais supérieure à 17% ainsi que la crise énergétique portent leurs fruits », observe pour sa part l’auteur d’une note publiée sur le site echo24.cz :
« Une partie importante des Tchèques, qui craignent un appauvrissement important et la chute de leur niveau de vie, ne croient plus que la situation puisse s’améliorer dans les prochaines années. Les ménages commencent à réduire considérablement leurs dépenses, ce dont témoigne la baisse des recettes du commerce de détail. Il y a aussi de plus en plus de gens qui accusent de cette évolution le gouvernement de coalition au pouvoir, et qui se recrutent même parmi les sympathisants de son principal parti, l’ODS (Parti civique démocrate). »
La lourde technique militaire russe anéantie en Ukraine présentée à Prague
« L’Ukraine est un bouclier de l’Europe. » Tel est le nom de l’exposition qui vient d’être ouverte sur l’esplanade de Letná à Prague et qui présente une partie de la lourde technique militaire russe anéantie lors du conflit en Ukraine. Un article mis en ligne sur le site aktualne.cz a situé cet événement dans un plus large contexte :
« Cette exposition ambulante témoigne du courage dont l’Ukraine fait preuve en défendant, face à l’immense supériorité de l’ennemi, non seulement elle-même, mais aussi l’Europe. En quelque sorte, elle exprime également un merci à l’Occident pour ses fournitures d’armes à l’Ukraine. L’exposition rappelle que le temps où l’on pouvait croire, naïvement, que le monde a changé et que la puissance russe s’est débarrassée de ses ambitions impériales, est révolu. Pour toutes ces raisons, l’exposition devrait être présentée dans les villes et villages tchèques pour que les gens tiennent compte des menaces qui nous guettent, et réalisent qu’il faut continuer à aider tous ceux qui fuient les atrocités de la guerre. »
Soyez braves comme les Ukrainiens. Tel est, selon l’éditorialiste du site aktualne.cz, un autre appel lancé aux Tchèques :
« Le courage est ce que nous sommes en train de perdre et ce dont nous n’avions pas eu besoin pendant de longue années. C’est pourtant ce dont nous devons être à l’avenir munis. Pour l’instant, il nous suffit de nous défendre devant nous-mêmes, devant notre paresse, notre confort, notre tendance à rouspéter pour tout ce qui ne nous convient pas. Nous aurons néanmoins besoin d’une grande témérité à l’automne et en hiver. »
Les fake news et la cinquième colonne pro-Poutine
« Une nouvelle puissante vague de désinformation arrive », constate un texte publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny. Son auteur explique :
« Selon les évaluations qualifiées, les fake news intoxiquent de 10 à 15% de la population tchèque. On peut s’attendre à ce que la convergence de l’inflation, de la crise énergétique, de la guerre en Ukraine et, très probablement, d’une nouvelle vague de la pandémie de coronavirus, aura pour conséquence une circulation massive des fausses nouvelles. Leur influence déplorable va encore s’accentuer pendant les campagnes précédant les élections communales prévues fin septembre. Cette période s’annonce, pour le gouvernement et l’ensemble de la société tchèque, très critique. »
Le commentateur du journal indique que, contrairement au précédent cabinet d’Andrej Babiš, l’actuel gouvernement de Petr Fiala considère les fake news comme un grave problème. Il estime toutefois qu’en dépit de certaines démarches qu’il a faites, son action contre leur influence destructrice demeure assez faible.
Qui sont les gens qui font partie de la cinquième colonne pro-Poutine en Tchéquie ?, s’interroge, dans ce contexte le commentateur du journal en ligne HlídacíPes. D’après ce qu’il constate, le nombre de Tchèques qui sympathisent avec Poutine et qui minimisent la guerre contre l’Ukraine est étonnamment élevé. De même, leur camp est on ne peut plus hétérogène :
« Il couvre des communistes, des anciens communistes et des anti-communistes, des personnes orientées à droite et à gauche, des individus appartenant à des cercles chrétiens et ésotériques, des anti-vaccins, mais également des opposants à l’appartenance de la Tchéquie à l’OTAN et à l’Union européenne. »
L’approche des élections communales et l’émergence de nouveaux partis
La Tchéquie est l’un des pays démocratiques dans lesquels l’intérêt des gens pour l’appartenance à un parti et pour un engagement politique est très faible. Pourtant, comme le remarque le chroniqueur du site Seznam Zprávy, au moins tous les quatre ans, à l’occasion des élections communales, on y voit augmenter considérablement le nombre de formations politiques. Son texte explique :
« Cette année, une trentaine de nouveaux partis et mouvements ont élargi le registre de ceux qui existent déjà. Et même si on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils donnent lieu à l’émergence d’un nouveau leader national, ils répondent aux critères législatifs qui autorisent la candidature aux prochaines élections communales. La majorité de ces nouvelles formations nées à l’approche des élections est d’habitude composée d’enthousiastes qui souhaitent s’imposer au niveau municipal afin de réaliser des projets envisagés au niveau local. »
Un engagement public au niveau local est nécessaire et souhaitable. Le chroniqueur du site Seznam Zprávy estime néanmoins que la forme d’associations de candidats indépendants – que la loi électorale a introduite dès les années 1990 – est pour les activités communales dans les villes et les communes plus opportune et plus efficace que la création de nouveaux partis. « Les règles en vigueur jouent pourtant en faveur de ces derniers. Pour se faire valoir, il leur suffit de réunir au moins trois personnes et de collecter un millier de signatures à travers tout le pays », précise-t-il.
