Toujours pas assez de donneurs de moelle osseuse en Tchéquie
Près de 112 000 Tchèques sont inscrits sur le registre national des donneurs de moelle osseuse, l’un des fichiers les plus importants en Europe centrale et orientale. Au cours de ses trente ans d’existence, il a permis de sauver la vie de plus de 2 000 malades, en Tchéquie et à l’étranger. Toutefois, le nombre de donneurs volontaires reste insuffisant : un patient sur quatre ne trouve pas de donneur en Tchéquie.
Agée de plus de 80 ans, Zdeňka Wasserbauerová mène depuis un quart de siècle une campagne en faveur du don de moelle osseuse. Dans sa région de Zlín, mais aussi un peu partout en Tchéquie, elle explique aux adultes de moins de 35 ans que s’inscrire sur le fichier est un geste simple et très altruiste : il suffit de se faire prélever un échantillon de salive et remplir un formulaire pour augmenter les chances de guérison de nombreux enfants et adultes atteints de cancers du sang, ainsi que de maladies graves du système immunitaire.
Zdeňka Wasserbauerová collabore avec la fondation pour le don de moelle osseuse qui participe activement à la recherche de donneurs. Son engagement a inspiré son petit-fils Pavel Jakeš, qui a lui-même guéri d’une leucémie, pour le tournage d’un film documentaire sorti en 2021 et intitulé « Babička jako Šance ». Zdeňka Wasserbauerová raconte :
« Il y a 23 ans, mon petit-fils était hospitalisé à Olomouc. Il a subi une chimiothérapie qui a bien marché. Mais dans sa chambre, il y avait un autre garçon, Honzík, âgé de deux ans et demi. Chez lui, la maladie est revenue au bout d’un an. Dans son cas, la greffe de moelle osseuse était le seul espoir de guérison. Quand je le voyais, je pleurais. Un médecin à l’hôpital m’a dit que les larmes ne servaient à rien, qu’il fallait faire quelque chose. Alors j’ai commencé à sensibiliser les gens à cette problématique. Dans toute la Tchéquie, plus de 100 000 personnes sont inscrites dans le registre national. Moi-même, j’ai convaincu 14 000 donneurs potentiels. Mais ce n’est toujours pas suffisant. »
Finalement, moins d’1% d’inscrits se révèlent génétiquement compatibles avec un patient et donnent un greffon. De plus, un certain nombre de volontaires sont rayés du registre tchèque chaque année pour avoir dépassé la limite d’âge de 55 ans ou en raison d'un problème de santé. D’où la nécessité de mobiliser le plus grand nombre de donneurs possible et d’élargir le registre national. Celui-ci a deux centres, à Prague et à Plzeň. Chef du service d’hématologie-oncologie de l’Hôpital universitaire de Plzeň, Pavel Jindra explique :
« Il serait bien qu’au moins la moitié ou un tiers de nos patients trouvent des donneurs en Tchéquie. Ce serait moins cher et plus facile à organiser que de faire venir de la moelle osseuse de l’étranger. Pour cela, il suffirait qu’il y ait au moins 200 000, 250 000 donneurs en République tchèque. Cela nécessite le recrutement de quelque 100 000 donneurs supplémentaires. La situation est toute autre en Allemagne, par exemple, où 8 ou 9% de la population est inscrite sur le registre des donneurs, comparé à 1,5% en Tchéquie. Il n’empêche que nous disposons du nombre de donneurs potentiels le plus élevé de tous les pays post-communistes. »
L’Institut de médecine clinique et expérimentale de Prague affirme trouver un donneur de moelle osseuse pour 80% des patients. La plupart des greffons proviennent de donneurs anonymes, non-apparentés avec les patients. Plus de la moitié des malades tchèques trouvent donc un donneur à l’étranger, le plus souvent en Allemagne, en Pologne ou aux Etats-Unis.
En revanche, les greffons tchèques ont voyagé, depuis 1992, dans une trentaine de pays sur cinq continents.
D’une importance capitale pour les malades souffrant de leucémies incurables sans greffe, les registres nationaux interconnectés sont une soixantaine dans le monde entier. En 2021, près de 38 millions de bénévoles au don y étaient inscrits.
