A Prague, le Musée de l’Armée tchèque rénové rouvre ses portes
Les amateurs d’histoire militaire ont été ravis de l’apprendre : après quatre ans de vastes travaux de rénovation, le Musée de l’Armée à Žižkov, dans le 3e arrondissement de Prague, a été inauguré jeudi. Modernisé, avec désormais des expositions interactives, le musée retrace toute l’histoire militaires des pays tchèques.
Preuve qu’il s’agissait d’un événement marquant, même le président de la République, Miloš Zeman, dont les apparitions se font pourtant de plus en plus rares, a assisté à cette inauguration, au côté notamment d’anciens combattants. Cette réouverture symbolique s’est tenue quatre-vingt-dix ans après l’ouverture du complexe de bâtiments de l’ancien Mémorial de la libération en 1932, avec alors la participation du premier président tchécoslovaque, Tomáš Garrigue Masaryk.
De son côté, le grand public devra patienter encore un peu, jusqu’à vendredi prochain, avant que le musée ne lui rouvre ses portes à lui aussi. La date n’a pas été choisie par hasard : il s’agira du 28 octobre, jour de fête nationale et du 104e anniversaire de la fondation de l’État tchécoslovaque.
Bien évidemment, une grande place dans ce musée dont la conception a été revue de fond en comble par rapport à ce qui était proposé avant le début des travaux, est réservée aux légionnaires tchécoslovaques qui ont combattu durant la Première Guerre mondiale. A l’époque, Bohême, Moravie et Silésie appartenaient encore à l’Empire austro-hongrois, et l’engagement de ces unités de volontaires armés au côté des puissances militaires alliées de la Triple-Entente a grandement contribué, en 1918, à l’indépendance des Tchèques et des Slovaques. Une contribution que n’a pas manqué de rappeler le général Aleš Knížek, directeur de l’Institut d’histoire militaire, chargé de l’administration du Musée de l’Armée :
« Les fondations de la collection du musée ont été posées par nos soldats qui, pendant la Première Guerre mondiale, se sont engagées dans l’armée d’un État (la Tchécoslovaquie) de facto inexistant. Nous avons considéré qu’il était de notre devoir de rendre à ce lieu sa beauté originelle. »
L’histoire militaire tchèque ne s’arrête cependant pas aux seuls légionnaires, aussi héroïques ceux-ci aient-ils été. Sur une surface s’étendant désormais sur plus de 5 000 m2, soit trois fois plus qu’auparavant, le musée propose plus généralement à ses visiteurs une nouvelle grande exposition divisée en sept parties qui retrace l’histoire militaire des pays tchèques depuis l’arrivée des Slaves à la rupture des Ve et VIe siècle jusqu’à l’engagement des soldats tchèques dans les récentes missions de l’OTAN en Afghanistan en passant aussi, par exemple, par la présentation de ce qu’était l’Armée tchécoslovaque sous le régime communiste. Autrement dit, et comme n’a pas manqué de le faire remarquer Miloš Zeman, déçu du désengagement dans la lutte contre le terrorisme international, le musée ne présente pas forcément que des périodes glorieuses de l’histoire militaire tchèque.
Alors que la rénovation du musée a été récompensée du prix du Meilleur bâtiment de l’année 2022 (Stavba roku), Aleš Knížek souhaite que l’ensemble du site, situé à quelques minutes par les transports en commun du centre de Prague, devienne un grand lieu d’accueil du public :
« Notre volonté est d’ouvrir le site au plus grand nombre, et pas seulement à ceux qui s’intéressent à l’histoire militaire. Tout ce qui se trouve autour du musée mérite aussi d’être visité. »
Une visite à laquelle ne sont d’ailleurs pas seulement conviés les Tchèques, mais aussi tous les touristes et autres étrangers de passage, l’ensemble de l’exposition étant accessible en anglais.