Un derby des « S » pragois avec le football pour seul vainqueur
Disputé samedi soir, le traditonnel derby des « S » pragois entre le Sparta et le Slavia s’est achevé sur un résultat nul (3-3). Au terme d’un match d’une rare qualité dans le championnat tchèque, deux points continuent de séparer les deux équipes en tête du classement. À trois journées de la fin de la saison régulière et du début des play-offs, le suspense reste donc entier dans la lutte pour le titre de champion.
Des buts, beaucoup de buts, de (très) beaux arrêts des deux gardiens aussi, du spectacle sur le terrain et dans les tribunes, de l’engagement, de l’intensité, un suspense haletant jusqu’au coup de sifflet final et, au bout du compte, beaucoup d’émotions. Entre deux semaines de quarts de finale de coupes d’Europe qui font regretter son absence sur la scène continentale mais rappellent aussi tout ce qui le sépare du très haut niveau, ce derby entre le Sparta et le Slavia, le 305e de l’histoire, a sans doute proposé le meilleur de que l’on peut espérer aujourd’hui du football tchèque et de son championnat.
Cela faisait quinze ans que le Sparta et le Slavia ne s’étaient plus affrontés au printemps avec la première place au classement pour enjeu, et les attentes étaient donc grandes avant le coup d’envoi. Des attentes auxquelles les deux équipes ont parfaitement répondu, notamment lors d’une deuxième mi-temps qui a offert une course-poursuite effrénée. Mené 1 à 0 à la mi-temps, puis de deux buts après 55 minutes, le Sparta a d’abord égalisé à 2-2 avant de concéder un troisième but à cinq minutes de la fin puis, finalement, de recoller à 3-3 dans le temps additionnel. De quoi rendre fier son entraîneur danois, Brian Priske :
« Je ne considère pas cela comme une petite victoire, mais cette égalisation en toute fin de match est bien sûr très importante. Avec tous ses renversements de situation, ce match a montré la force morale de mon équipe. Cet état d’esprit est important pour remporter des trophées, mais si nous avons su recoller au score à deux reprises aujourd’hui contre un adversaire de la qualité du Slavia, c’est aussi grâce à la qualité de notre jeu. Je n’étais pas satisfait à la mi-temps, mais en deuxième période nous avons davantage posé le ballon, mieux construit nos actions et cela a payé. Au final, je pense que ce derby a été une excellente publicité pour le football tchèque. Je suis content aussi pour les fans partout dans le pays, ce match a dû leur procurer du plaisir et c’est aussi le sens du football. »
Dans le camp du Slavia, compte tenu de l’évolution du tableau d’affichage, le sentiment était évidemment plus partagé. Tout proches d’une victoire qui leur aurait permis de reprendre la tête du championnat, les Rouges et Blancs ont concédé l’égalisation suite à un but contre son camp de leur défenseur suédois Aiham Ousou. Pour autant, comme son homologue du Sparta, leur entraîneur Jindřich Trpišovský retenait d’abord la qualité du spectacle proposé :
« Aujourd’hui, c’est le positif qui prédomine. À mes yeux, cela a été un grand match à tous points de vue. Six buts ont été marqués, il y a eu beaucoup de situations tendues et intéressantes de part et d’autre, l’ambiance était excellente. Oui, je pense que c’était du très bon football, bien aidé par l’arbitrage. Les deux équipes ont fait preuve d’un grand engagament, elles ont fait beaucoup d’efforts et ont tout donné. La deuxième mi-temps m’a même fait penser à certains matchs en Angleterre, elle a été très disputée avec deux équipes qui se sont rendus coup pour coup dans le bon sens du terme. Vraiment, ce match a été l’un des meilleurs que j’ai vus dans notre championnat depuis longtemps et, au-delà du résultat, c’est d’abord ce que l’on retiendra. »
Invaincu depuis l’humiliante défaite (0-4) concédée sur la pelouse du Slavia lors du match aller à l’automne, le Sparta, qui restait par ailleurs sur neuf succès consécutifs en championnat, a donc été freiné dans sa course vers un titre de champion qu’il n’a plus remporté depuis 2014. Neuf années qui apparaissent comme une éternité à l’échelle du club tchèque le plus titré de l’histoire. À l’issue du derby, son milieu de terrain Lukáš Sadílek préférait néanmoins, lui aussi, voir le verre à moitié plein :
« Je pense que nous avons montré une grande force de caractère. À 2 à 0 contre nous en deuxième mi-temps, nous n’avons pas baissé les bras et sommes parvenus à égaliser. Je pense même que nous aurions alors pu arracher la victoire, mais nous avons malheureusement encaissé ce troisième but dans les dernières minutes. Je ne sais si je peux dire que ce point du match nul est un bon résultat, mais le fait d’avoir égalisé dans le temps additionnel et de ne pas avoir perdu pourrait bien avoir beaucoup d’importance à la fin du championnat. »
S’il n’a donc pas pris cinq longueurs d’avance comme il l’espérait avant le coup d’envoi, le Sparta, grâce à cette égalisation presque tombée du ciel dans les toutes dernières secondes du match, a néanmoins conservé son avantage de deux points sur son grand rival à trois journées de la fin de la saison régulière. S’il parvient à conserver le fauteuil du leader jusqu’au bout, le Sparta aura donc l’avantage de recevoir le Slavia lors des play-offs, durant lesquels les six équipes de tête, réunies dans un groupe pour l’attribution du titre de champion, s’affronteront toutes de nouveau une fois.
Avant cela, le Sparta et le Slavia se retrouveront aussi en finale de la coupe nationale, le 3 mai. Et si ces deux prochains derbys sont du niveau et de l’intensité de celui de samedi dernier, c’est un beau et excitant printemps qui attend tous les amateurs de football en République tchèque.