Havel, paysage lunaire, jardins du Château de Prague et slivovice : les 5 visites de Charles III en Tchéquie
Comme ailleurs dans le monde, le couronnement, ce samedi, de Charles III sera très suivi en République tchèque aussi. Mais si la cérémonie suscite un grand intérêt, c’est aussi parce que le nouveau roi du Royaume-Uni, en sa qualité alors d’héritier du trône, s’est rendu à plusieurs reprises en Tchécoslovaquie, puis en République tchèque.
Lors de sa première visite privée, en mai 1991, le prince Charles avait voyagé en Tchécoslovaquie avec son épouse de l’époque, la princesse Diana, à l’invitation d’un président Václav Havel que le monde entier souhaitait alors rencontrer, un an et demi après la chute du régime communiste.
L’occasion, bien évidemment, de boire une « pils » au Château de Prague en compagnie des héros de la révolution, de visiter les monuments délabrés de la capitale tchèque, mais pas seulement. Le prince de Galles, qui se voulait un pionnier de l’écologie, s'était aussi rendu au château de Jezerí, dans la région minière de Most, dans le nord-ouest du pays. Le passionné d’histoire et de botanique qu’il est, habitué à parler aux arbres, y avait découvert « un paysage lunaire », comme s’en souvient l’ancien châtelain.
Et pour cause : le magnifique édifice baroque, toujours considéré aujourd’hui comme un des monuments historiques les plus menacés en Europe, se dresse directement au-dessus d’une immense mine à ciel ouvert de lignite.
Qu’importe, ses passages à Brno et à Bratislava lors de cette même première visite en Tchécoslovaquie donneront à Charles l’envie de revenir. Et ce dès décembre 1992.
Une deuxième visite privée, toujours en compagnie de Václav Havel, marquée cette fois par la préparation de la création d’une fondation pour la protection des monuments et des œuvres architecturales de Prague, qui prendra le nom de Fonds des monuments historiques de Prague.
Un peu plus d’un an plus tard, lors de sa troisième visite, en juin 1994, dans une Prague sous le soleil et en fleurs, Charles se lance même dans une étonnante déclaration devant les journalistes :
« Je dois confesser que je suis tombé désespérément amoureux de cette ville (Prague) lorsque j’y suis venu pour la première fois. Et pas seulement de cette ville, d’ailleurs, mais aussi d’une grande partie de ce pays. »
Ce nouveau Fonds permettra par exemple de rénover les différents jardins en terrasses qui s’étendent sous la face sud du Château de Prague. Une immense réussite, comme le prince en aura la confirmation lors de sa quatrième visite en octobre et novembre 2000.
Mais si Charles est amoureux de Prague, il l’est aussi de Brno, la capitale d’une Moravie dans laquelle il s’est également rendu à plusieurs reprises.
Comme le rappelait cette semaine un reportage de la Radio tchèque, c’est à la slivovice, l’alcool de prune traditionnel de la région, que celui qui, depuis, est enfin devenu roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, avait été accueilli à Hostětín, au printemps 2010. Là, en Moravie de l’Est, au pied des Carpates blanches, Charles avait découvert un petit village connu pour ses projets et initiatives écologiques.
Le maire d’Hostětín se souvient que le prince avait alors levé le coude au moins à quatre reprises, et si Charles n’est plus revenu en République tchèque depuis et s’il est peu probable que la slivovice coule de nouveau à flots ce samedi à Londres, c’est néanmoins habitées d’un souvenir attendri que Prague et la Moravie suivront son couronnement.