A Marseille, ouverture d’une bibliothèque au nom de Vladimír Vochoč
Ce samedi 13 mai sera inaugurée à Marseille, au sein du consulat honoraire de la République tchèque, une bibliothèque dédiée à la littérature tchèque et nommée d’après l’ancien consul tchécoslovaque pendant la Deuxième Guerre mondiale, Vladimír Vochoč. Pour en parler, Radio Prague Int. a interrogé Petra Gehan, officier consulaire, et qui est à l’origine de ce projet.
Petra Gehan, bonjour. Le 13 mai ouvre à Marseille une nouvelle bibliothèque, qui va porter le nom de Vladimír Vochoč — dont on a beaucoup parlé sur cette antenne puisqu’il a aidé de nombreux réfugiés juifs et des artistes à fuir le nazisme pendant la Deuxième Guerre mondiale. Comment cette idée de bibliothèque est-elle née ?
« J’avais cette envie de créer la bibliothèque pour les Tchèques vivant en France depuis un moment. C’est en discutant par hasard avec Kateřina Malečková, l’ancienne lectrice tchèque à l’université d’Aix-en-Provence, que l’idée a vu le jour. Nous avons discuté de comment nous pouvions mettre en place ce projet et, un an après, la bibliothèque va être inaugurée. »
Cette bibliothèque, où va-t-elle se trouver à Marseille ? Est-ce que vous pourriez nous décrire les locaux ?
« Il me semble important que la bibliothèque soit à Marseille, côté Aix-en-Provence, puisqu’il y a l’université Aix-en-Provence-Marseille. Et à Marseille, il y a quand même pas mal de Tchèques qui sont installés depuis des décennies. Elle se trouve au sein du consulat honoraire lui-même, au 4 rue d’Angkor, dans le sixième arrondissement. C’est un très bel endroit, avec une vue sur Notre-Dame de La Garde. »
À l’intérieur, dans les locaux, ça se présente comment ? C’est une pièce, deux pièces ?
« Vous entrez dans les locaux du consulat honoraire — il faut préciser que c’est la villa de Pierre Robin, le consul honoraire qui a mis à disposition ses locaux. Le consulat lui-même, c’est une grande pièce d’environ cinquante mètres carrés. En entrant, juste à gauche, vous trouvez des panneaux avec des livres. Pour l’instant, nous commençons modestement avec les dons et ce que nous possédons. Mais nous allons avoir des grandes quantités de livres qui vont arriver au moment de l’inauguration. »
Avant de revenir sur ces livres en particulier, l’idée de nommer cette bibliothèque du nom de Vladimír Vochoč s’est-elle imposée tout de suite ?
« C’est arrivé progressivement mais, aujourd’hui, c’est une évidence. Vladimír Vochoč a été consul tchécoslovaque à Marseille entre les années 1938 et 1941. C’est aussi le personnage principal du livre de Lenka Horňáková-Civade, La Symphonie du nouveau monde. C’était pour lui rendre l’hommage qu’il n’a pas eu. Il est oublié, il n’est pas connu par les Tchèques habitant à Marseille ni par les Marseillais. La dernière chose est que cette année a eu lieu, au mois de janvier, la commémoration du 80ème anniversaire de la rafle du Vieux-Port. Et il a quand même été cité dans la première partie du discours du maire de la ville. »
LIRE & ECOUTER
Quand il était consul tchécoslovaque à Marseille, c’était dans ces mêmes locaux ou ailleurs ?
« Pas du tout. Il avait ses locaux dans la rue de la République, à côté du Vieux Port — là où il y a eu la rafle. »
Vous parliez des dons de livres. Comment est-ce que vous rassemblez ces livres ? Est-ce que ce sont des éditeurs qui vous font des dons, des particuliers ? Comment vous vous organisez ?
« Nous avons commencé modestement par les dons des particuliers. Ce sont même de magnifiques collections. Par exemple des poésies de Vladimír Holan ou Hrubín du début du siècle ont été données par des donateurs assez connus, dont un sculpteur de Marseille. Mais nous avons aussi un don des maisons d’édition tchèques et je voudrais justement les remercier. Ce sont par exemple les maisons d’édition Atlantis, Host, Argo. Proposer de nouvelles publications aux lecteurs tchèques vivant dans le sud de la France est pour nous quelque chose d’exceptionnel. »
Quel est l’objectif, à terme ? Peut-être que vous avez aussi des projets : organiser des rencontres, faire venir des auteurs ?
Oui, bien sûr. Nous allons déjà recevoir le 14 juin Dagmar Beňaková qui vient de publier un livre. Elle va le présenter lors de son voyage à Marseille. Ce sera notre premier événement au mois de juin. On a aussi des idées qui vont se concrétiser dans l’avenir, parce que je suis entourée par des personnes qui sont ravies de participer à cette bibliothèque qui, en fait, représente la culture tchèque dans le sud de la France. La langue tchèque va résonner au sein du consulat. Quelque part, ce sera un petit pays tchèque à Marseille. Nous avons l’idée de faire de petites projections de films, des conférences. Cela dépend de l’envie et de l’intérêt des personnes qui viendront. »
J’imagine qu’il y a à Marseille des Tchèques qui ont des enfants. Est-ce qu’il y aura aussi des livres pour enfants dans cette bibliothèque ?
« Tout à fait. Dans cette bibliothèque, nous avons aussi pensé aux petits lecteurs. Il y a énormément de livres tchèques pour les enfants. Nous avons aussi des jeux, des livres audio, des vidéos, des dvd… Il y a de tout. »
Vous avez aussi lancé une cagnotte en lien avec cette bibliothèque…
« Exactement. Nous avons créé une cagnotte pour enrichir notre bibliothèque de meubles et de nouvelles éditions. Elle est disponible sur le site Leetchi. »