Photo : génie et voyeur, Miroslav Tichý exposé dans le sud de la France
Disparu en 2011, le photographe tchèque Miroslav Tichý continue d’avoir de fervents admirateurs de son œuvre, dont Pol Lemétais, qui a organisé une exposition de ses clichés dans une galerie de Millau :
« Je m’occupe du Musée des arts buissonniers depuis 25 ans dans l’Aveyron. On y fait des expositions d’art hors-norme, d’art brut et d’art singulier depuis très longtemps. Depuis 8 ans, j’ai aussi ouvert ma galerie pour défendre certains artistes. »
« Avec le récent festival de Millau, où j’ai été l’un des organisateurs, j’ai découvert la galerie Le Salon dédiée à la photographie. Je leur ai proposé de faire une expo de Miroslav Tichý. »
Quel est votre lien avec le travail de Tichý ?
« J’ai découvert son travail il y a une vingtaine d’années à la FIAC de Paris où une galerie présentait son travail. J’ai continué à suivre son travail tout en ayant un attachement particulier à la Tchéquie, où je suis allé plusieurs fois depuis mon adolescence. Par le passé j’ai aussi fait la post-production à Prague de films que j’avais réalisés. J’ai toujours gardé un œil sur son travail et sur ce qui s’est passé ensuite avec sa médiatisation autour de son exposition au Centre Pompidou à Paris notamment. »
« Lorsque j’ai monté ma galerie d’art brut, j’ai essayé de trouver ses œuvres et en ai acquis quelques-unes. Je suis en lien avec beaucoup d’autres galeries et c’est comme ça que j’ai pu monter cette petite exposition. »
« J’étais content de faire découvrir cet artiste. Dans une petite ville comme Millau on ne connaît pas tellement et comme c’est un travail assez particulier c’est intéressant de le montrer. »
Les Tchèques emploient eux-mêmes parfois le mot français « voyeur » pour décrire une partie du travail de Miroslav Tichý. Est-ce ce mot là que vous employez aussi ?
« Oui bien sûr, il a effectivement ce côté voyeur qui est évident. Mais c’est dans ce travail-là qu’il y a de la poésie parce que les tirages sont tous assez hésitants au niveau technique. Il a fabriqué lui-même pour ce côté voyeur certains objectifs en essayant notamment d’allonger la focale. C’est typiquement de l’art brut, avec le créateur qui fabrique lui-même son matériel pour arriver à sa création. »
Les réactions du public sont-elles partagées ?
« C’est assez étonnant. Au départ, les gens sont assez interloqués. Les clichés de Tichý interrogent. Cela a été l’occasion pour moi de parler d’art brut en général, avec de la documentation et des films aussi. Le public était là et c’était réussi. »
Vous disiez avoir acquis certains clichés. Que vaut une photo de Tichý aujourd’hui ?
« C’est très très variable. Si on veut parler de cote, cela a fait des hauts et des bas. Après son entrée dans la collection du Centre Pompidou, les prix ont fortement augmenté avant de redescendre. On peut trouver des choses abordables. Et puis grâce aux échanges entre galeristes j’ai pu en obtenir quelques-unes. »