Logement : l’accès à la propriété, un rêve qui devient inaccessible en Tchéquie
Pourquoi l’accès au logement est-il devenu si compliqué en Tchéquie ? Telle est la première question à laquelle nous apporterons quelques éléments de réponse dans cette nouvelle revue de la presse tchèque. Autres sujets traités : la circulation routière, l’habitude qu’ont prise les Tchèques de faire leurs courses dans les pays voisins, la volonté croissante des réfugiés ukrainiens de s’intégrer en Tchéquie ou encore une des leçons à tirer de la pandémie de covid-19.
« En Europe, c’est en Tchéquie que l’accès au logement est le plus difficile », constatait cette semaine sur un ton alarmant Hospodářské noviny. Le quotidien économique explique pourquoi :
« Selon les données d’Eurostat, les prix de l’immobilier résidentiel en Tchéquie ont augmenté de façon vertigineuse. Ils ont plus que doublé au cours des quinze dernières années, semblant même alors échappé à tout contrôle, se détachant de toute valeur réelle. La Banque nationale tchèque estime que les biens immobiliers sont surévalués de plus de 50 %. Cette évolution des prix du logement est d’autant plus inquiétante que la Tchéquie devait connaître une prospérité générale au cours de cette période. »
« Ainsi, le Tchèque moyen avait besoin de treize salaires annuels pour acheter un appartement en 2022, à condition bien sûr qu’il ne mange pas, ne conduise pas et ne fasse rien d’autre », ajoute le journal. En comparaison, par exemple, sept salaires annuels sont nécessaires en Allemagne et huit en Pologne. Autant de données qui, selon l’auteur, démontrent combien faire l’acquisition d’un logement est plus difficile en Tchéquie qu’ailleurs en Europe.
« La principale raison de ces prix élevés est la très faible construction de nouveaux appartements. Celle-ci a baissé de 60 % au cours des quarante dernières années. Les achats dits d’investissement ou de spéculation, qui représentent jusqu’à la moitié du total des achats, aggravent également considérablement la situation », peut-on encore lire dans Hospodářské noviny.
Circulation routière : la Tchéquie appuie sur l’accélérateur
La prochaine augmentation à 150 km/h de la limite de vitesse maximale sur certains tronçons d’autoroute, à laquelle le Sénat tchèque a récemment donné son feu vert, a certes suscité de nombreuses réactions, mais dans les faits elle restera très restreinte car les tronçons concernés seront peu nombreux. Le site Seznam Zprávy juge même que cette décision est « inutile ». Explications :
« C’est davantage le 1er octobre 1997 qui est une date marquante dans l’histoire de la circulation routière en Tchéquie. Non pas parce que, ce jour-là, la limite de vitesse maximale sur les autoroutes est passée de 110 à 130 km/h, mais parce que celle autorisée dans les communes est passée de 60 à 50 km/h. Or, s’il y a une loi qui a considérablement contribué à améliorer la qualité de vie dans ce pays, c’est bien celle-là. C’était déjà vrai à l’époque, et cela l’est encore davantage aujourd'hui. »
Pour Seznam Zprávy, l’adoption de cette nouvelle mesure qui permettra de rouler plus vite témoigne d’un manque de sensibilité par rapport à ce dont nous avons réellement besoin en termes de qualité de vie :
« Dans la majorité des pays européens, où l’on comprend mieux les enjeux de la circulation routière contemporaine, la tendance est plutôt de réduire les vitesses de circulation. En Tchéquie, nous nous apprêtons à faire le contraire et à appuyer davantage encore sur la pédale d’accélération. Et il semble que personne ne s’en inquiète. »
Les Tchèques aiment faire leurs courses dans les pays voisins
Selon le site Echo24.cz, près de 25 % des Tchèques font régulièrement leurs courses à l’étranger. Au cours du premier trimestre de cette année, ils y ont dépensé quelque 21 milliards de couronnes, soit près de 40 % de plus qu’en 2022. Précisions :
« Selon une enquête réalisée par l’agence Ipsos, la moitié des ménages tchèques font au moins une fois de temps à autre leurs courses dans un pays voisin et un tiers les font régulièrement. Les Tchèques dépensent ainsi 55 milliards de couronnes par an juste de l’autre côté de nos frontières, ce qui prive l’État de milliards d’euros de revenus en taxes. »
La grande majorité de ces achats concernent les produits alimentaires, mais aussi cosmétiques, les carburants, les médicaments, le tabac et l’alccol. Echo24.cz indique que les Tchèques se rendent majoritairement en Pologne, l’Allemagne étant leur deuxième marché préféré. »
La volonté croissante des Ukrainiens de s’installer en Tchéquie
Selon une enquête de l’agence PAQ Research, un peu plus de la moitié des quelque 340 000 réfugiés ukrainiens qui séjournent actuellement en Tchéquie après avoir fui la guerre ont l’intention de rester. Le quotidien Mladá fronta Dnes relève à ce sujet :
« L’année dernière encore, un réfugié ukrainien sur trois espérait retourner dans son pays d’origine. Aujourd’hui, seul un quart d’entre eux envisagent encore un retour. La volonté de s’établir dans leur nouveau pays concerne d’abord ceux qui ont appris le tchèque et ont trouvé un emploi. Les données montrent effectivement que cette volonté est nettement plus prononcée chez les réfugiés qui sont bien intégrés. Le fait que le conflit en Ukraine perdure joue également un grand rôle dans cette tendance. »
L’étude constate que la connaissance de la langue progresse rapidement au sein de la communauté ukrainienne, 44 % des personnes interrogées se disent ainsi capables de s’exprimer et d’écrire correctement en tchèque. Il s’agit pour la plupart d’autodidactes. Cette connaissance, comme le souligne encore le quotidien, est pourtant essentielle pour espérer trouver un emploi qualifié ou correspondant au niveau de formation des candidats à un emploi. Le journal explique :
« Près de deux tiers des réfugiés ukrainiens sont toujours dans l’impossibilité d’exercer une profession répondant à leur niveau de qualification. C’est pourquoi il n’est pas rare que certains qui étaient des spécialistes en Ukraine acceptent de travailler, par exemple, comme simples ouvriers. »
Quelle leçon tirer de la pandémie de Covid-19 ?
« La Tchéquie n’a pas tiré de leçon marquante de la pandemie de Covid-19, que ce soit au niveau individuel ou collectif. Et ce à un moment où le virus H5N1 de la grippe aviaire, qui pourrait aisément se transformer en pandémie, se propage dans le monde entier. » C’est ce qu’estime l’épidemiologue tchèque Rostislav Maďar, interrogé par l’hebdomadaire Reflex :
« Bien que l’Organisation mondiale de la santé ait levé l’état global d’urgence sanitaire il y a trois mois seulement, les mesures préventives élémentaires comme le respect des distances et le port d’un masque de protection en cas de symptômes d’infection respiratoire ont été levées depuis belle lurette dans notre pays. Certes, nous étions tous fatiguées par cette situation et personne ne souhaite y revenir, mais il faut néanmoins en tirer des leçons. Nous féliciter d’avoir bien fait ce que nous avons fait ne suffit pas. Il faut plutôt se pencher sur ce qui n’a pas fonctionné et pourquoi afin que cela ne se reproduise plus. 40 000 décès en lien avec le Covid, c’est un chiffre alarmant, un bilan qui ne doit plus se reproduire. Minimiser la gravité de la situation précédente pourrait nous coûter cher, d’autant plus que la propagation des maladies est souvent déterminée par des facteurs aléatoires. »
L’épidémiologue attribue le fait que le système de santé tchèque ne se soit pas effondré « lors de périodes dramatiques comparables à la guerre » à son caractère robuste.