À Prague, la volonté renforcée de faire disparaître les trottinettes en libre-service du centre-ville
Le stationnement des trottinettes électriques en libre-service sera probablement bientôt interdit pour de bon dans le centre de Prague. C’est du moins ce qu’a décidé la mairie du 1er arrondissement, où se concentrent l’essentiel des attractions touristiques de la capitale, pour soulager les Pragois.
Dans un premier temps, l’interdiction, votée la semaine dernière par les conseillers municipaux, ne concernera que les voies de communication, trottoirs et autres espaces relevant de l’autorité de la mairie du 1er arrondissement. Ceux-ci étant toutefois minoritaires, la mairie de la ville de Prague sera prochainement sollicitée pour étendre l’interdiction à l’ensemble de la zone protégée du patrimoine.
Si circuler en trottinette restera possible, en revanche, la volonté, comme ne s’en cache pas la maire du 1er arrondissement, Terezie Radoměrská, est bel et bien d'empêcher toute possibilité de dépôt et de stationnement des engins dans le centre-ville, là où les touristes sont les plus nombreux.
« Le problème n’est pas nouveau. Cela fait déjà quelques années que le centre-ville y est confronté. Il y a toujours eu une volonté de limiter la place laissée à ce type de véhicule, mais ce n’est que récemment que nous avons pris le problème à-bras-le-corps, grâce aux recommandations méthodologiques des ministères des Transports et de l’Intérieur sur lesquelles nous devrions pouvoir nous appuyer pour mieux réglementer la circulation des trottinettes dans le cadre de la loi. »
Dans la pratique, si les possibilités de stationnement disparaissent bien, se rendre d’un endroit à un autre dans le centre de Prague en empruntant une trottinette deviendra impossible. Et sur ce point aussi, Terezie Radoměrská admet que c’est ce que souhaite la municipalité :
« Les touristes ou toute autre personne qui voudraient emprunter une trottinette n’en trouveraient pas, tout simplement. Et c’est précisément ce à quoi nous aimerions parvenir : faire complètement disparaître les trottinettes en libre-service du centre-ville. »
Dès lors, pourquoi donc ne pas tout simplement en interdire la circulation, comme s’interrogent certains critiques, qui estiment que c'est là une politique bancale que mène la mairie ?
« Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une décision curieuse. Nous ne pouvons pas interdire les trottinettes, car elles font partie de la micro-mobilité. Celle-ci englobe des modes de transport importants pour le développement de la ville auxquels nous sommes d’ailleurs tout à fait favorables. Mais quel que soit le mode de transport, il ne faut pas que la place que celui-ci occupe dans l’espace public dépasse certaines limites. Dans le cas des trottinettes, il s’agit aussi d’une affaire commerciale qu’il convient de réguler. Nous pensons que les trottinettes électriques ne sont d’aucun intérêt pour les habitants de Prague 1. Au contraire, ceux-ci n'en perçoivent que les aspects négatifs, ils sont très mécontents, et c’est pourquoi nous nous efforçons de faire valoir leur point de vue. »
Il y a encore un mois seulement, un accord entre la mairie du 1er arrondissement de Prague et les sociétés de location de trottinettes et de vélos électriques, visant précisément à mieux encadrer le service et à réduire le stationnement sauvage, avait été annoncé.
Différents « hotspots » ou parkings dits virtuels sont désormais localisables dans les applications de location. Si les usagers déposent leur engin dans une zone ou à un endroit qui n’est pas prévu à cet effet, le compteur de la location continue de tourner et les opérateurs peuvent leur facturer davantage que pour un trajet normal. Ce système de stationnement obligatoire, qui doit permettre de libérer les trottoirs, est déjà testé depuis un certain temps dans les 2e et 3e arrondissements de la ville.
Responsable des affaires publiques chez Lime, une des deux sociétés spécialisées dans la location de matériel de transport en libre-service à Prague, Lucie Krahulcová confirme que ces nouvelles règles sont bien appliquées :
« Depuis le 1er septembre, les usagers des trottinettes électriques en libre-service ne peuvent plus se garer dans le centre de Prague qu’à des emplacements spécialement prévus à cet effet. Le plus souvent à des endroits qui ne gênent ni les automobilistes, ni les piétons. Bien sûr, ce n’est pas un système parfait et cela demande beaucoup de travail de toutes les parties concernées. C’est quelque chose dont nous discutons constamment, mais c’est un long processus. »
Reste néanmoins toujours le problème de la circulation des trottinettes sur les trottoirs dont se plaignent tout autant les piétons, parents avec poussette, enfants, personnes âgées ou encore personnes à mobilité réduite :
« Pour ce qui est des trottoirs, nous savons, grâce à des études menées à l’étranger, que c’est parce que les usagers roulent dessus parce qu'ils ne se sentent pas suffisamment en sécurité sur la route et qu’il n’y a pas assez d’infrastructures pour les cyclistes. Nous nous nous efforçons de réglementer cela dans les applications, de sensibiliser nos clients, mais bien sûr, rouler sur les trottoirs est interdit, et la police s’occupe de cette infraction comme il se doit. Elle inflige des amendes ou donne des instructions aux gens. »
La semaine dernière, peu après l’annonce de l’interdiction par la mairie, le directeur de la police municipale de Prague 1, a indiqué qu’un peu plus de 4 350 infractions en lien avec les trottinettes avaient été traitées et que des amendes pour un montant total de 1,1 million de couronnes (près de 45 000 euros) avaient été infligées au cours des sept premiers mois de cette année. À titre de comparaison, au cours de la même période, l’usage des vélos en libre-service a fait l’objet de près de huit fois moins d’infractions.