Conseil européen : des dizaines de personnalités tchèques pour l’aide financière à l’Ukraine
Une soixantaine de personnalités tchèques ont appelé le Premier ministre Petr Fiala à plaider en faveur d’une aide financière à l’Ukraine lors de la réunion du Conseil européen, ces jeudi et vendredi à Bruxelles, et ce malgré un éventuel veto de la Hongrie.
« Il est inacceptable qu’un groupe de vingt-six pays démocratiques économiquement forts soit bloqué par un Premier ministre soupçonné d’avoir des liens clientélistes avec le régime criminel russe », peut-on lire dans la lettre que les personnalités de la vie publique tchèque ont adressée au chef du gouvernement à la veille du sommet européen qui s’annonce crucial pour Kyiv. Le prêtre et théologien Tomáš Halík, la cinéaste Olga Sommerová, les écrivains Ivan Klíma, Jiří Padevět et Tereza Boučková ont ainsi pointé du doigt le Premier ministre hongrois Viktor Orbán qui, à peine arrivé ce jeudi au Conseil européen à Bruxelles, a déclaré que l’UE n’était « pas en position » de lancer les négociations d’adhésion avec l’Ukraine, celle-ci n’ayant pas rempli, selon lui, les conditions nécessaires.
Le dirigeant nationaliste s’oppose aussi à la mise en place d’un programme d’aide de 50 milliards d’euros que l’UE pourrait débloquer sur quatre ans pour soutenir l’économie du pays en guerre.
Tout cela dans le contexte de la grande conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine tenue ce jeudi à Moscou, lors de laquelle le président russe a une nouvelle fois réclamé « la démilitarisation de l’Ukraine et son statut de neutralité », objectif qui sera, a-t-il souligné, « négocié ou obtenu par la force ».
« Nous vous demandons d’essayer de trouver un moyen de financer, de manière responsable, la défense de l’Ukraine qui est un partenaire important pour nous », lit-on encore dans l’appel au Premier ministre tchèque soutenu, entres autres, par le musicien Jaroslav Hutka, le sociologue Fedor Gál ou encore par la présidente de l’Office national pour la sécurité nucléaire Dana Drábová. Des anciens opposants au régime communiste, mais également les représentants de plusieurs organisations qui s’engagent en faveur de l’Ukraine ont apposé leur signature sur le document.
Dans sa réponse, le Premier ministre a réitéré son soutien à l’Ukraine, déclarant que la Tchéquie souhaitait « une réponse européenne forte et unie » sur le sujet. « Je suis prêt à discuter activement d’une solution permettant de continuer à aider l’Ukraine et sur laquelle la grande majorité des États membres s’accorderaient », a ajouté Petr Fiala.
Politologue à l’Institut Europeum, Jana Juzová a expliqué à la Radio tchèque ce que l’éventuel échec des négociations signifierait pour l’Ukraine :
« Pour le pays et surtout pour ses habitants qui continuent à combattre la Russie, ce serait une grande désillusion et une profonde déception. Ils ont beaucoup d’ambitions et attendent énormément de ce sommet européen. Ils s’attendent à un retour positif de la part de l’Europe. »
Seul dirigeant de l’UE à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin, Viktor Orbán reste, certes, fermement opposé à une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, mais il pourrait lever son veto sur l’aide financière en échange du dégel de l’ensemble des fonds communautaires dont la Hongrie est temporairement privée en raison de ses dérives en matière d’Etat de droit. Une tranche de 10 milliards d’euros a déjà été débloquée ce mercredi par Bruxelles.