Emploi : la Tchéquie entend attirer davantage de jeunes travailleurs du sud de l’Europe
Toujours confrontée à une importante pénurie de main-d’œuvre sur son marché du travail, la Tchéquie souhaite désormais se tourner, entre autres, vers les pays du sud de l’Europe. Objectif : attirer davantage de jeunes travailleurs qualifiés.
Cela fait désormais de nombreuses années que le marché du travail tchèque se caractérise par un chômage particulièrememt bas, un des plus faibles même à l’échelle européenne. Selon le Bureau du travail (l’équivalent de Pôle Emploi en France), le taux, malgré une légère hausse de 0,2 point en glissement annuel, s’est ainsi élevé à 3,7 % en décembre dernier, avec près de 280 000 personnes sans emploi pour 272 000 postes vacants. Selon les derniers chiffres d’Eurostat, ce taux n’était même que de 2,5 % en novembre 2023, soit l’indice le plus bas parmi les Vingt-sept.
Cette situation de plein emploi sur le long terme est cependant problématique dans de nombreux secteurs d’activité, où on ne compte plus les entreprises se plaignant de la pénurie de main-d’œuvre, tant qualifiée que peu qualifiée. Même l’arrivée ces deux dernières années des réfugiés ukrainiens, parmi lesquels se trouvaient de nombreuses femmes en âge de travailler, n’a permis que de compenser très partiellement ce manque et de satisfaire les besoins des employeurs.
Bien conscient que d’autres pays en Europe, tant au sein de l’Union européenne qu’en dehors de celle-ci, sont confrontés à une situation contraire, les entreprises et le gouvernement tchèques entendent donc se tourner vers leurs marchés du travail. Jeudi, lors d’une conférence de presse à Prague, le ministre du Travail et des Affaires sociales, le chrétien-démocrate Marian Jurečka, a confirmé qu’un modèle visant à favoriser le recrutement de nouveaux travailleurs était en cours d’élaboration :
« Nous prenons déjà des mesures ciblées pour attirer ces personnes sur notre marché du travail... Dans certains pays, en particulier dans le sud de l’Europe comme l’Espagne et le Portugal, le taux de chômage est nettement supérieur à la moyenne de l’UE. Pour les jeunes, il oscille souvent entre 10 et 15 %, voire même parfois plus encore. Nous souhaitons attirer une main-d’œuvre hautement qualifiée, notamment dans les domaines des technologies de l’information et de la recherche. Pour cela, nous entendons travailler en coopération très étroite avec les agences pour l’emploi et les institutions qui fournissent des services de placement dans ces pays. C’est même désormais un des axes de travail prioritaires pour la direction du Bureau du travail. »
Selon le ministre, il convient toutefois d’abord de mieux exploiter le potentiel existant à l’échelle nationale. Principales catégories visées : les parents de jeunes enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées et les réfugiés. Davantage de crèches et de groupes d’enfants en bas âge, une augmentation du travail à temps partiel, une loi sur l’entrepreneuriat social et le renforcement des cours de langue devraient contribuer à leur implication.
Selon Milena Jabůrková, vice-présidente de la Confédération de l’industrie et des transports de la République tchèque, les entreprises souffrent principalement d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans les métiers techniques. Selon elle, l’Inde, l’Indonésie, le Vietnam et les Philippines, autant de pays où le Premier ministre Petr Fiala s’est rendu ces derniers mois, font partie des pays où ces nouvelles forces vives pourraient être trouvées.
Toujours selon elle, les ressortissants des pays membes de l’UE souhaitent également travailler en Tchéquie, où cela fait désormais déjà quelque temps que les entreprises proposent des conditions salariales et de travail intéressantes à leurs personnels qualifiés. C’est pourquoi il convient de supprimer les barrières bureaucratiques pour favoriser leur arrivée.
Enfin, les étudiants étrangers sont l’un des autres principaux groupes considérés comme à fort potentiel, et pour les attirer en plus grand nombre encore, différentes mesures seront mises en œuvre pour renforcer les possibilités d’étudier en Tchéquie et leur ouvrir le marché du travail.
Selon le Bureau du travail, 823 900 ressortissants étrangers travaillaient en Tchéquie à la fin de l’année dernière, soit environ 30 000 de plus en l’espace d’un an. Objectif désormais ? Le million !