Les députés ont adopté la définition de l’antitziganisme

Aussi parfois appelé romophobie, l'antitziganisme possède désormais une définition concrète en République tchèque. Mercredi 27 mars, les députés de trois sous-commissions parlementaires ont adopté un texte qui vise à réduire les différentes formes de discrimination. 

Lucie Fuková | Photo: Rena Horvátová,  Český rozhlas

« Une excellente nouvelle pour la Tchéquie et les Roms ! », s’est félicitée Lucie Fuková, la chargée des affaires de la minorité rom au gouvernement. Si l’adoption de cette définition reste un acte essentiellement symbolique dans la mesure où il ne s’agira pas d’une mesure juridiquement contraignante, son application contribuera néanmoins à condamner les sentiments anti-Roms. Toujours selon elle, cette adoption par les députés démontre aussi que « les Roms font partie de notre société ».

Photo repro: To jsou těžké vzpomínky

Les Roms étant sujet à diverses discriminations, l’antitziganisme renvoie à toutes les formes d’hostilité, de préjugés, de marginalisation, d’exclusion et de racisme direct envers les membres d'une minorité que beaucoup de Tchèques désignent souvent encore sous le nom de « tziganes » avec toutefois une connotation péjorative et offensante.

Les députés ont adopté la résolution dans la perspective de la Journée internationale des Roms, qui sera célébrée le 8 avril. En janvier dernier déjà, à l’occasion cette fois de la Journée en mémoire des victimes de l’Holocauste et de prévention des crimes contre l’humanité, dans le cadre d’une cérémonie qui s'était tenue au Sénat tchèque, l'historien et romologue Michal Mižigár, après avoir rappelé le génocide des Roms pendant la Deuxième Guerre mondiale ainsi que toutes les discriminations dont ils restent les victimes aujourd’hui, avait expliqué pourquoi il était nécessaire, selon lui, d’adopter une définition de l’antitziganisme :

Michal Mižigár | Photo: Lukáš Houdek,  ČRo

« Cela permettrait surtout de définir clairement certaines pratiques discriminatoires, en particulier de la part des institutions. Parce que de notre côté, même si nous avons des ONG et des étudiants, nous sommes confrontés au fait que nous ne disposons pas de moyens suffisants pour être en mesure de contribuer à l’amélioration de la coexistence et de la situation en général. L’ensemble des institutions, par rapport auxquelles nos ONG sont toutes petites, doit œuvrer dans ce sens et c’est pourquoi je pense qu’une définition plus concrète de ce qu’est l’antitziganisme serait utile. En même temps, cette adoption permettrait de lutter plus efficacement contre toutes les formes de racisme. »

La défintion en question devra maintenant être adoptée par le gouvernement, ce qui sera une formalité. L’objectif principal, selon les auteurs du texte, est d’établir noir sur blanc que manifester de la haine, des préjugés ou de la discrimination à l’égard d’une autre personne parce que celle-ci est membre d’une minorité ethnique et d’utiliser en même temps le mot « tzigane » comme une insulte n’est désormais plus possible.

Photo illustrative: Filip Jandourek,  ČRo

« L’antitziganisme, c’est-à-dire la discrimination à l’encontre des Roms, est l’expression et les actions d’individus, les stratégies et les pratiques d’institutions qui conduisent à la marginalisation ou à l’exclusion des Roms, à la dévalorisation de leur culture et de leur mode de vie, à la violence physique ou à des expressions de haine à l’encontre des Roms et d'’autres individus et groupes considérés comme des ‘Tziganes’. Pour cette raison, ils sont stigmatisés ou ont été la cible de persécutions durant la période nazie, et parfois, malheureusement, encore aujourd’hui », peut-on lire, plus en détail, dans la résolution adoptée par les députés.