« Ramener à Prague le plus grand bout de la Tour Eiffel », l’objectif tchèque aux JO de Paris
Cent-treize sportifs tchèques participeront aux Jeux olympiques qui se tiendront à Paris du 26 juillet au 11 août. D’ici à la cérémonie d’ouverture, nous vous présenterons les portraits des principaux leaders et prétendants à une médaille de cette délégation. Jamais organisés aussi près de Prague depuis de nombreuses années, ces XXXIIIes Jeux d’été de l’histoire moderne sont un événement très attendu en Tchéquie aussi. Chef de mission de la délégation tchèque, Martin Doktor nous fait part de ces nombreuses attentes.
Aujourd’hui encore, pour beaucoup d’amateurs de sport tchèques, Martin Doktor reste d’abord le céiste double champion olympique de la course en ligne (sur 500 et 1 000 mètres) à Atlanta en 1996. Un succès retentissant pour ce qui constituait les premiers Jeux de l’histoire auxquels les sportifs tchèques ont participé en tant que représentants de leur nouveau pays indépendant et qui, quatre ans plus tard, avait valu l’honneur à Martin Doktor de porter le drapeau de la Tchéquie lors de la cérémonie de l’ouverture des Jeux de Sydney.
Depuis, Martin Doktor est aussi devenu un parfait exemple de reconversion réussie pour qui le passage progressif de la tenue de sportif au costume de fonctionnaire s’est fait naturellement. Après une expérience d’entraîneur de l’équipe nationale tchèque de canoë-kayak jusqu’aux Jeux de Londres en 2012, Martin Doktor occupe, depuis 2013, les fonctions de directeur sportif du Comité olympique tchèque et de chef de mission des délégations tchèques aux Jeux d’été comme d’hiver. C’est donc en cette qualité qu’il accompagnera les sportfs tchèques à Paris :
« Ma première ambition en tant que chef de mission est d’abord de faire en sorte que tout se passe au mieux à Paris et que tout le monde revienne bien en Tchéquie. Pour ce qui est des performances en tant que telles, cela ne dépend que des sportifs. Je n’aime pas trop faire de pronostics, mais bien évidemment, nous savons dans quelles disciplines nous avons nos principales chances de médailles. Nous savons, par exemple, que nous sommes traditionnellement très forts dans les épreuves de slalom en canoë-kayak. Nous savons que nous emmenons avec nous le champion olympique en titre de judo Lukáš Krpálek ou les champions du monde en titre au tir à l’arc (Marie Horáčková) et en beach-volley (Ondrej Perušič et David Schweiner). Et nous avons d’autres sportifs dans d’autres disciplines qui ont eux aussi remporté des médailles aux championnats du monde ou d’Europe. Disons donc les choses comme ça : ce ne sera pas facile, mais revenir de Paris avec une dizaine de médailles pourrait être considéré comme un résultat fantastique. »
Plutôt que de donner un objectif chiffré précis, le chef de la mission tchèque préfère même envisager les futurs résultats de la délégation tchèque sous un angle plus romantique :
« Puisque nous parlons de médailles, je préfère dire que j’espère que nos représentants raméneront en Tchéquie le plus grand bout possible de la Tour Eiffel puisque de véritables morceaux du monument conservés après l’une de ses rénovations ont été intégrés dans chaque médaille. Je pense que c’est une excellente idée, donc plus nous raménerons de ce métal de Paris, plus nous pourrons être satisfaits. »
Cette année, cependant, après que l’équipe féminine de rugby à sept a échoué, fin juin à Monaco, à se qualifier pour le tournoi olympique, la Tchéquie, à l’exception du beach-volley, ne sera représentée dans aucun sport collectif. Un constat qui chiffonne évidemment Martin Doktor, et ce, bien que celui-ci soit conscient de l’extrême difficulté pour un pays de la taille de la Tchéquie de participer à des épreuves olympiques où le nombre de pays européens est moindre que dans les autres grandes compétitions internationales :
« Oui, c’est sûr. Les compétitions par équipes font toujours que l’ambiance est encore meilleure à l’intérieur de la délégation. Même si pour ce qui est concrètement du rugby à sept, la compétition ne dure que quelques jours, une qualification de notre équipe féminine aurait amené un rayon de soleil supplémentaire. J’ai eu l’occasion d’assister au tournoi de rugby à sept lors des Jeux européens à Cracovie l’année dernière et c’est quelque chose qui m’avait beaucoup plu. Naturellement, c’est toujours mieux quand nous avons au moins une équipe dans les disciplines collectives aux Jeux. Ce n’est malheureusement pas le cas cette année, mais la réalité est que de se qualifier pour les Jeux, même dans les disciplines individuelles, est quelque chose d’extrêmement difficile et qu’il faut être au top niveau pour cela. »
Après Rio en 2016 et Tokyo en 2021, les Jeux olympiques d’été se tiennent de nouveau en Europe. En raison de la proximité géograhique, des milliers de supporters et d’amateurs de sport tchèques sont attendus dans la capitale française du 26 juillet au 11 août prochains. Et pour Martin Doktor, qui s’est rendu en France à plusieurs reprises ces derniers mois, il ne fait aucun doute que malgré notamment toutes les inquiétudes en matière de sécurité, Paris 2024 sera une grande fête du sport :
« C’est une super occasion de voir comment se déroulent les Jeux olympiques. Bien sûr, le système d’achat des billets était assez compliqué et trouver du logement à Paris n’est pas simple non plus. Mais je ne doute pas que cela en vaut la peine et que l’ambiance à Paris sera exceptionnelle. Pas seulement d’ailleurs sur les sites de compétition mais ailleurs aussi dans la ville, dans les fan zones ou par exemple à la Maison tchèque qui sera ouverte au public et servira à montrer ce que sont l’idée olympique et la véritable ambiance des Jeux. Je ne peux donc que conseiller à tous ceux qui aiment le sport d’aller à Paris. »
La « Maison tchèque », un bout de Tchéquie en France
Paris, qui accueille l’événement pour la première fois depuis cent ans, entend faire au moins aussi bien que Londres en 2012, où l’organisaion des Jeux avait été une grande réussite. Et sur ce point non plus, le chef de la mission tchèque, en bon diplomate qu’il est devenu, ne doute pas que l’objectif sera rempli :
« Les Français sont un peuple sportif et je pense que la rivalité saine qui existe entre la France et l’Angleterre sera une bonne chose dans le cas présent. Londres avait organisé de très beaux Jeux, mais jusqu’à présent les organisateurs à Paris ont montré qu’ils entendaient faire encore mieux. S’ils y parviennent, ce seront des Jeux magnifiques et, personnellement, je suis très impatient de vivre cela. »
Et pas même l’autorisation finalement faite aux athlètes russes et biélorusses à concourir au compte-gouttes et dans certaines disciplines à Paris sous bannière neutre, une participation à laquelle le Comité olympique tchèque s’est toujours opposé, ne gâchera le plaisir de Martin Doktor. Après son absence à Tokyo puis à Pékin en 2022 en raison de la pandémie de Covid, lui préfère retenir le retour de la Maison tchèque (ou Club tchèque), un lieu de partage d’émotions au cœur de l’action qui a été récompensé par deux fois par le passé comme « meilleure maison nationale aux Jeux olympiques ».
Cette Maison tchèque, qui fait partie du projet « Parc des nations » imaginé par les organisateurs parisiens, sera installée dans le Parc de la Villette et Martin Doktor en recommande vivement la visite à tous les curieux et amateurs de sport, et pas seulement tchèques :
« Il y aura beaucoup de choses à voir et à faire à la Maison tchèque ! Je dirais que ce sera d’abord un morceau de Tchéquie en France. C’est un lieu qui servira à présenter notre culture, mais toujours en lien avec la France. Comme vous le savez, c’est le Cabaret sauvage qui accueillera cette Maison tchèque et l’esprit du lieu, avec l’atmosphère de cirque qui règne là-bas, nous plaît beaucoup. Ce sera un lieu parfait pour présenter notre pays et accueillir les fans tchèques, qui pourront rencontrer nos sportifs. Ce sera quelque chose à vivre ! »
Cette Maison tchèque à Paris sera ouverte le 26 juillet quelques heures avant l’ouverturte des Jeux et nous vous la présenterons elle aussi plus en détail très prochainement.