JO 2024 : être bénévole à la Maison tchèque à Paris
Ils s’appellent Stanislav, Petra ou, plus surprenant, Yacouba, et tous sont bénévoles à la Maison tchèque à Paris le temps des Jeux olympiques. D’où sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Ou encore, qu’y font-ils ? Autant de questions auxquelles ils ont répondu vendredi dernier, lors de la soirée durant laquelle ont été célébrées les deux seules médailles remportées jusqu’à présent par des sportifs tchèques depuis le début de la compétition.
Stanislav
« Comme j’ai fait mes études en Tchéquie et que je suis vraiment très reconnaissant d’avoir pu les faire gratuitement, je me suis dit que se serait une possibilité rembourser, même de manière presque insignifiante, ce que la Tchéquie m’a donné. »
Originaire de la région de Plzeň (Bohême de l’Ouest), Stanislav Stašek vit aujourd’hui en France. Mais comme il l’explique, ces JO dans son pays d’adoption et sa participation au bon fonctionnement de la Maison tchèque sont pour lui l’occasion de remercier en quelque sorte son pays d’origine...
« Les prérequis, c’était les connaissances linguistiques, donc le français, l’anglais, avec des niveaux différents, mais disons que c’était important que les bénévoles puissent communiquer en français et en anglais. Ensuite, c’était d’avoir un hébergement sur Paris, ça, c’était obligatoire. Et ensuite d’être ouvert et communicatif. Pour moi, vraiment, la motivation était de pouvoir aider les Tchèques qui viennent en France, parce qu’au niveau de la bureaucratie ou de l’organisation, c’est quand même assez différent par rapport à la Tchéquie. J’ai déjà une expérience, du fait de mon travail, parce que je travaille dans une centrale nucléaire en France, je me suis donc dit que je pourrais être utile et que je pourrais accompagner les organisateurs dans le cadre de la communication avec les organisateurs français ou en cas d’aléas, être là tout simplement pour les aider. »
« Aider », Stanislav le peut donc, chaque jour des Jeux, à travers des missions très diverses.
« Notre travail commence vers midi et se termine - cela dépend du nombre de gens qui viennent à la Maison tchèque - vers minuit, donc dure à peu près douze heures. Mes tâches sont très variées, les organisateurs essayent de faire des roulementzs pour que l’on ne reste pas au même poste pendant plusieurs jours, parce qu’il faut dire qu’il y a des postes qui sont très intéressants comme l’accueil des gens ou l’accompagnement des sportifs, mais il y a aussi des tâches de type nettoyage, rangement… Je ne vais pas dire que ce sont des tâches qui ne sont pas importantes, mais c’est vrai que tout au long des JO on n’a pas vraiment l’intention de vider les poubelles. »
Et parce qu’il vit en France, Stanislav a eu une idée très originale pour aider aussi les autres bénévoles à la Maison tchèque :
« Je sentais (avant même le début des Jeux) une l’osmose à travers notre équipe et j’avais remarqué qu’il y avait certaines personnes qui habitaient en dehors de Paris intra-muros. Je me suis dit que ça allait être vraiment une galère de se déplacer tous les jours au tarif olympique, donc j’ai proposé à une douzaine de personnes des vélos que j’avais trouvés par-ci par-là sur Leboncoin. Il y a certains vélos que j’ai ramenés de Troyes, un autre de Cherbourg, il y en a encore un autre que j’ai trouvé à Saint-Valéry-en-Caux, parce que j’avais fait une petite formation là-bas donc j’en ai profité pour le ramener avec moi. Du coup, le tout premier jour, on s’était rencontrés dans mon box au sous-sol et j’ai distribué tous les vélos aux bénévoles, ça m’a vraiment fait plaisir parce que je voulais leur faciliter au maximum la vie sur Paris, parce que je sais que ce n’est pas vraiment évident (rires). Et après, en fin de compte, les vélos se revendent tellement bien et facilement sur Leboncoin qu’à la fin des JO ils reviendront tous au box et je les revendrai à nouveau. Je pense que ça sera même mieux vendu avec cette notion de ‘vélo utilisé pendant les JO par les bénévoles’ (rires). »
Petra
« Mon histoire, c’est que j’habite à Prague mais en même temps je travaille pour une société qui vend de la bière en France, c’est pour ça que j’ai une connexion de long terme avec la France. Je fais aussi beaucoup de sport et j’aide à organiser beaucoup d’événements sportifs en Tchéquie mais aussi dans d’autres pays, partout en Europe. Les JO à Paris, c’était la combinaison idéale : le sport et la culture française ensemble. »
L’histoire et le parcours de Petra Emilie Votočková sont, eux, un peu différents... Et si elle aussi peut mettre la main à la pâte, c’est parce que son iniaitive a été bien acceptée par l’entreprise pour laquelle elle travaille habituellement :
« Je dois dire que mon entreprise m’a bien soutenue. Aux JO, j’ai une journée de libre (par semaine) alors je vais à notre bureau à Paris et je travaille pour mon entreprise, je combine. Ce sont des vacances idéales, de mes rêves en tout cas (rires). »
Sa mission durant les JO ressemble d’autant plus à « des vacances de rêve » que Petra est d’abord une passionnée de sport.
« Une des valeurs ajoutées de notre participation, de notre présence ici, c’est que nous pouvons aussi assister à différentes épreuves. J’ai déjà eu l’opportunité de voir par exemple de la natation ou de l’aviron. »
Mais le fait de ne pas pouvoir passer davantage de temps sur les sites de compétition durant cette quinzaine olympique ne la dérange pas plus que ça, tant son travail à la Maison tchèque semble plaire à Petra.
« Mes tâches quotidiennes sont en particulier de communiquer avec les gens, c’est-à-dire avec nos visiteurs, non seulement de Tchéquie mais aussi des autres pays, aussi avec nos invités VIP et nos représentants sportifs. C’est ‘totalement sympa’ et c’est une opportunité extraordinaire. »
« Totalement sympa » et « extraordinaire » est aussi, selon Petra, la transformation de Paris, une ville qu’elle apprécie tant, pour ces Jeux.
« Je pense que toute l’organisation est une grande surprise pour moi. Je dirais même que tout est parfait. Ça commence avec les transports en commun mais on a aussi bien nettoyé la ville, c’était vraiment pour moi choquant, mais très très positivement. Toutes les rues étaient bien nettoyées, j’espère que ça restera maintenant... La multiculturalisme, c’est aussi quelque chose de super sympa. »
Yacouba
« Je vis en Tchéquie depuis neuf ans et à l’occasion des JO, j’ai eu cette belle opportunité, venant de mon entreprise, de faire partie des volontaires de la Maison tchèque. Du coup, j’ai postulé et c’est parti très vite. Voilà, je suis là pour avoir cette expérience que je qualifierais d’unique dans la vie. »
Ivoirien d’origine, Yacouba Coulibali vit et travaille, lui, à Prague...
« On a reçu un email dans lequel le Comité olympique tchèque proposait à trois employés de Deloitte de devenir volontaires et c’est comme ça que je me suis dit ‘pourquoi pas ?’. Parce que j’ai deux enfants moitié Tchèques et cela peut être une bonne motivation pour eux, je veux leur montrer l’exemple, leur dire ‘voilà, on fait partie d’une communauté, il faut s’entraider et aider pour une cause qui est l’olympisme’. C’est une cause noble, je dirais. »
Si ses enfants sont « moitié tchèques », Yacouba revient à Paris dans une ville dans laquelle il a aussi vécu et étudié par le passé. Et ce retour en France est, pour lui, aussi un moyen d’améliorer... son tchèque.
« Pour moi, vraiment, c’est juste le côté ‘expérience unique. Je vis en Tchéquie depuis des années, je ne dis pas que tout y est super super bien, mais au moins, c’est un endroit où je me retrouve, où je me sens moi-même, où j’ai envie de faire davantage connaissance avec les gens, de connaître du monde, et ça passe aussi par le fait d’aider un peu la société. Je sais que comme je ne parle pas très bien tchèque, je ne peux pas aller dans les lieux où ça exige 100% la langue tchèque, c’est pourquoi j’ai opté pour la proposition du Comité olympique. Ce que je retire de cette expérience, c’est que ça me force vraiment à pratiquer mon tchèque, parce que je pense que depuis quelques jours j’ai davantage parlé tchèque que ces deux ou trois dernières années (rires). »
Et pour Yacouba, cette mission à la Maison tchèque est pour lui l’occasion de prendre tout à fait consience de là où il se sent chez lui et de son statut de citoyen du monde.
« Souvent, les gens me demandent c’est où chez moi et c’est vraiment une question difficile. Par exemple, il y a quelques années, quand je revenais à Paris, je disais ‘oh, ça fait du bien d’être chez soi’. Et beaucoup de fois aussi – je vais régulièrement en Côte d’Ivoire – et quand j’arrive là-bas, je me dis ‘oh, ça fait du bien d’être chez soi’. Et la plupart du temps, vu que je vis désormais à Prague et que je voyage souvent pour le travail, à chaque fois que j’y reviens, je me dis ‘oh ça fait du bien d’être chez soi’. Donc, au final, entre la Côte d’Ivoire, la Tchéquie et la France, mon coeur est partagé entre les trois. »