Presse : à quand la légalisation de l’aide à mourir en Tchéquie ?

Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur les perspectives de l’aide à mourir en Tchéquie. Les autres sujets traités sont : l’évolution peu favorable des préférences électorales pour la coalition gouvernementales, le non des sociaux-démocrates à une alliance avec les communistes, le respect pour les athlètes revenus sans médaille des JO de Paris. Un mot enfin sur le journal Lidové noviny qui cesse d’exister sous forme imprimée.

« Le président Petr Pavel appelle à un débat sur l’aide à mourir et nous devons l’écouter ». C’est ce qu’indique un texte publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny quelques jours après la mort de l’acteur Karel Heřmánek qui s’est donné la mort :

« Les dirigeants politiques n’entendent manifestement pas aborder le sujet de l’euthanasie ou de l’aide à mourir, malgré le fait que, selon des sondages, près de 73 % des Tchèques se disent favorables à l’adoption d’une réglementation en la matière. Mais heureusement, il y a au moins le président de la République qui invite à débattre de la question. ‘Je trouve que toute personne libre devrait avoir le droit de décider de la manière dont elle veut finir sa vie si elle se retrouve dans une situation sans issue’, a-t-il déclaré dans une récente discussion sur Facebook, avant d’ajouter qu’un débat de l’ensemble de la société devrait avoir lieu sur cette question. »

Selon l’éditorialiste, il n’est pas nécessaire de parler d’emblée d’euthanasie, qui est légale aux Pays-Bas ou en Belgique, par exemple. « Mais pourquoi ne pas discuter de l’aide à mourir ? », se demande-t-il :

« Evidemment, le débat doit prendre en compte à la fois les arguments religieux et les risques d’abus. Nombre d’expériences provenant de plusieurs pays européens pourraient servir d’inspiration. Par ailleurs, nulle part on n’a vu d’abus massifs en matière d’aide à mourir. En Belgique, un pays comparable à la Tchéquie en termes de nombre d’habitants, 7 000 personnes par an profitent aujourd’hui de cette possibilité, soit environ 5 % des personnes décédées. »

Des préférences électorales peu favorables pour le gouvernement

En attendant la rentrée scolaire et la tenue des élections régionales prévues pour le mois de septembre, il y a lieu de constater que les chances de la coalition gouvernementale de remporter les élections législatives l’année prochaine n’ont de cesse de s’amoindrir. Un avis exprimé dans un texte rédigé pour la station de radio ČRo PLUS :

Le modèle électoral | Source: Median

« Il s’agit d’abord de la montée en puissance des partis qui, jusqu’à présent, n’atteignaient guère le seuil des 5 % requis pour entrer à la Chambre des députés. Aujourd’hui, les sondages révèlent qu’au moins d’eux d’entre eux, le Parti communiste et Přísaha (Serment) commencent à atteindre, voire à dépasser ce seuil. Et comme les deux sont des alliés potentiels d’Andrej Babiš, leader du mouvement ANO, les espoirs des cinq partis au pouvoir de défendre leur victoire de 2021 semblent désormais bien minces. Leur coalition pourrait facilement se retrouver avec seulement 80 sièges, contre 108 actuellement. »

Il y a deux facteurs fondamentaux qui sont à l’origine de ce changement. Le premier, selon l’éditorialiste, est le succès de ces deux formations aux élections européennes qui a de quoi encourager leurs sympathisants. Le deuxième facteur est le recul du parti d’extrême droite SPD de Tomio Okamura :

« Les sympathisants de ce dernier se tournent désormais vers des formations moins en vue ou complètement nouvelles qui disent la même chose en s’opposant à l’UE et au gouvernement Fiala, mais avec des mots légèrement différents. Evidemment, il n’est pas certain que ces formations finissent par entrer au parlement l’année prochaine. Ce qui est en revanche sûr, c’est que l’évolution des préférences électorales n’est pas du tout favorable à la coalition gouvernementale. Il est bien sûr possible que cette tendance change, qu’un nouvel acteur vienne changer la donne. On spécule, par exemple, sur l’émergence d’une nouvelle formation de droite qui pourrait attirer tous les indécis qui en ont assez du gouvernement de Petr Fiala, mais qui ne veulent pas voter pour Andrej Babiš. »

Non à une alliance des sociaux-démocrates avec les communistes

Cette semaine, une réunion des partis de gauche devait avoir lieu au siège du parti SOCDEM à Prague, mais les sociaux-démocrates l’ont annulée à la dernière minute. Le journal en ligne Forum24.cz remarque :

Michal Šmarda | Photo: Barbora Navrátilová,  Radio Prague Int.

« Même un président de parti aussi faible que Michal Šmarda a compris que faire un pacte avec les communistes signifierait la disparition définitive de la social-démocratie, qui est déjà au bord de la mort clinique. ‘L’initiative d’actions communes contre le gouvernement a été interprétée à tort comme un lien avec le Parti communiste’ : c’est ainsi qu’il a justifié, dans une lettre adressée à ses camarades de parti, l’annulation de la réunion prévue. Une façon de se rendre compte de ce qu’après une association forcée avec les communistes en 1948 et sa participation volontaire au gouvernement d’Andrej Babiš, basé uniquement sur un soutien des communistes, la social-démocratie ne peut pas se permettre de commettre la même erreur une troisième fois. »

Les JO de Paris : le respect pour les perdants

« Le complexe olympique tchèque ». Voilà le titre d’une note publiée dans l’hebdomadaire Respekt qui revient sur la présence des athlètes tchèques aux Jeux olympiques de Paris et qui prend la défense de ceux d’entre eux qui n’ont pas atteint des résultats brillants :

Source: Comité olympique tchèque

« Les JO n’étaient pas clos, que des lamentations sur les résultats historiquement les plus faibles de ‘nos’ athlètes olympiques, qui ont gagné au total cinq médailles, ont surgi en Tchéquie. Pourtant, s’il y a une chose qui est propre au sport, c’est la défaite et la capacité à l’accepter et à aller de l’avant. Face au nombre de médaillés, le nombre de participants du côté des perdants doit toujours être plus important. Mais s’agissant de compétitions olympiques, ces perdants font partie des meilleures équipes. Les meilleurs de leur pays, d’habitude les meilleurs au niveau international également. Sinon, ils n’auraient pas obtenu la qualification olympique. Même s’ils quittent les Jeux olympiques sans médaille, ils se battent parmi les meilleurs du monde. Ils perdent généralement de justesse, pour un centième de seconde, quatre centimètres, quelques lancers ou balles. »

Nous devrions donc, comme le souligne le chroniqueur de Respekt, remercier tous nos athlètes, et pas seulement nos athlètes olympiques d’ailleurs, d’être parvenus à côtoyer l’élite mondiale. « Ils ont durement travaillé pour avoir la chance d’être confrontés aux meilleurs des meilleurs. Et même s’ils ont fini battus, ils méritent d’être appréciés et reconnus », explique-t-il.

La culture avait une place privilégiée dans Lidové noviny

A partir de cette fin du mois d’août, Lidové noviny, le quotidien le plus ancien du pays, fondé en 1893 à Brno, cessera d’exister sous forme imprimée et restera en ligne. L’occasion pour une des commenatrices du journal de remarquer d’un ton amer :

Photo: Martin Vaniš,  Radio Prague Int.

« Lidovky (Lidové noviny) était l’un, sinon le dernier des journaux imprimés tchèques où la culture occupait une page entière, parfois même deux, et où elle a été traitée dans son intégralité. Tous les genres et toutes les disciplines y trouvaient leur place, indépendamment des tendances en vogue, du taux d’audience, du nombre de clics ou d’autres critères. Une culture digne de ce nom qui ne faisait pas partie des tabloïds et n’en était pas non plus victime. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle allait dépérir au cours de ce millénaire, tant sur le plan économique qu’idéologique. Qu’il y aurait si peu d’intérêt pour la culture réelle, une culture de qualité, alors qu’il s’agit de notre principal ambassadeur, de notre seul ticket d’entrée dans le monde. »