JO 2024 - Bilan : loin du compte, les Tchèques n’ont ramené qu’un petit bout de la Tour Eiffel
Les Jeux olympiques à Paris se sont achevés, dimanche soir, au Stade de France, avec un total de cinq médailles, dont trois d’or, pour les Tchèques. Un bilan très inférieur à celui de Tokyo il y a trois ans qui fait apparaître la Tchéquie au 28e rang au tableau final des médailles par pays.
Ne serait-ce qu’en termes de résultats et sur le plan purement comptable, avec six médailles et un titre olympique de moins qu’en 2021, qui avait toutefois constitué une année record depuis la partition de la Tchécoslovaquie, ce sont des Jeux somme toute plutôt décevants qu’ont vécus les Tchèques à Paris, et ce, comme l’a reconnu à demi-mot, dimanche, le président du Comité olympique tchèque, Jiří Kejval :
« À vrai dire, après ce superbe finish lors des derniers jours, je suis plutôt satisfait, mais c’est vrai que le début de la compétition a été très frustrant. Je pense que les échecs de certains favoris s’expliquent par le fait que les attentes étaient trop grandes et qu’ils avaient trop de pression sur les épaules. Je pense, par exemple, au kayakiste Jiři Prskavec qui était champion olympique en titre en slalom et dont beaucoup pensaient qu’il conserverait plus ou moins automatiquement son titre ou décrocherait au moins la première médaille tchèque. Mais nous ne sommes pas des machines. Disons donc que le début des Jeux n’a pas été bon, mais au bout du compte, tout est bien qui finit bien. »
Alors que l’objectif annoncé avant le départ pour Paris était « un total de médailles à deux chiffres », le compteur est longtemps resté bloqué à zéro, comme s’il refusait de se mettre en route, puis à deux unités, après le sacre de Kateřina Siniaková et de Tomás Macháč en double mixte en tennis et le bronze de l’équipe masculine d’épée en escrime à la fin de la première semaine de compétition.
Finalement, les victoires, vendredi puis samedi, de Martin Fuksa et de Josef Dostál, respectivement nouveaux champions olympiques du kilomètre en canoë et en kayak monoplace (C1 et K1), deux titres auxquels s’est ajoutée l’inattendue médaille de bronze de la lanceuse de javelot Amálie Švábíková, samedi soir, ont embelli le tableau d’ensemble, faisant ainsi quelque peu oublier les multiples déceptions et places d’honneur des journées précédentes.
Et s’il avait déclaré, avant le début des Jeux, que l’objectif à Paris serait de « ramener le plus grand bout de la Tour Eiffel à Prague », Martin Doktor, chef de mission de la délégation tchèque et lui-même ancien double champion olympique de sprint en canoë, n’était finalement pas trop mécontent de la performance d’ensemble de ses troupes. Conscient du niveau toujours croissant de performance des athlètes et de la concurrence toujours plus féroce parmi l’élite, il se voulait même plutôt philosophe :
« Le fait est que dans de nombreux sports, les Jeux olympiques sont la compétition la plus relevée. Ils représentent un sommet auquel la majorité des athlètes se préparent pendant quatre ans avec l’idée qu’il n’existe rien de plus important dans leur carrière. Mais la ligne qui sépare le succès de l’échec est souvent très mince. Malheureusement pour nos représentants, les choses ont souvent mal tourné pour eux cette année, mais il m’est difficile de trouver une cause objective à ce constat. Je pense qu’il s’agit d’abord de performances individuelles qui n’ont pas été celles que les athlètes eux-mêmes auraient aimé qu’elles soient. Mais si on prend par exemple le slalom en canoë-kayak et le judo, où nous avions deux champions olympiques en titre, ce sont sont deux disciplines où la moindre erreur peut vous faire perdre toute chance de médaille ou vous éliminer. Donc, voilà, dans certains cas, cela a été insuffisant, mais dans d’autres, nous avons eu plus de réussite. »
Des enfants tchèques de moins en moins sportifs
En décrochant le bronze au javelot, grâce à un lancer à 63,68 mètres à son troisième essai, dans l’une des dernières finales à s’être tenues au Stade de France, la veille de la cérémonie de clôture, Amálie Švábíková a permis d’éviter un zéro pointé en athlétisme qui aurait été le premier pour la Tchéquie depuis les Jeux de Berlin en 1936.
Néanmoins, ce total de cinq médailles, faible quoiqu’on en dise, deux ans après des Jeux d’hiver à Pékin au cours desquels seuls deux représentants tchèques étaient parvenus à grimper sur un podium, rappelle que le sport tchèque dans son ensemble, surtout si l’on rappelle l’absence totale d’équipe tchèque à Paris dans les sports collectifs, ne se porte pas spécialement bien. Un constat que dresse aussi le président du ČOV, Jiří Kejval, tout en nuançant quelque peu :
« Si l’on considère les classements parmi les dix premiers dans toutes les disciplines sur les quatre derniers Jeux olympiques d’été, on s’aperçoit que notre niveau de performance reste plus ou moins le même et que ces Jeux de Paris sont dans la moyenne de ces douze dernières années. Nous sommes un petit pays et avons donc aussi parfois des renouvellements de générations qui nécessitent du temps et de la patience. Il y a des jeunes prometteurs qui arrivent et nous avons donc de bonnes raisons de rester optimiste. Mais cela ne signifie pas non plus qu’il ne faille pas regarder la réalité en face. Les études que nous avons menées montrent que l’évolution des aptitudes sportives des enfants tchèques ces trente dernières années est inquiétante. Cela aura forcément des répercussions plus tard sur nos performances au haut niveau. Nous devons aussi faire en sorte que la science soit davantage au service du sport, comme cela est déjà le cas dans beaucoup d’autres pays, comme la France, les Pays-Bas, l’Australie ou les États-Unis. Sur ce point, nous possédons beaucoup de retard. Nous devons repenser notre mode de préparation, car le succès est toujours le résultat d’un travail d’équipe. »