Les Tchèques distribuent des sacs à dos de survie dans la ville fantôme de Kherson

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Le collectif tchèque Koridor UA a lancé une collecte qui permettra de fabriquer des sacs à dos de survie destinés aux habitants de la ville de Kherson, située dans le sud de l’Ukraine, à proximité immédiate de la ligne de front.

Libérée en novembre 2022 et devenue symbole de reconquête ukrainienne, Kherson est toujours sous le feu des combats. La cité que 85% de ses 200 000 habitants ont quittée subit quotidiennement des bombardements provenant de l’autre côté du Dniepr.

Matouš Bláha et Richard Křesina | Photo: Ľubomír Smatana,  ČRo

« La situation à Kherson est particulière : les habitations y sont à portée des unités d’artillerie, des lance-roquettes, des mortiers et des drones. Certaines maisons ne se trouvent qu’à deux kilomètres des positions russes », explique Matouš Bláha du collectif Koridor UA. Celui-ci est basé à Mykolaiv, à une heure de route de Kherson. Les volontaires tchèques sillonnent la région dévastée par les combats. Partout où vivent encore les gens, parmi lesquels des personnes âgées et handicapées, ils ont identifié d’énormes besoins de ces sacs à dos de survie qui permettent de sauver des vies dans les situations critiques.

« C’est quelque chose qui manque ici et à laquelle personne ne pense. Il s’agit en fait un kit d’urgence pour quelqu’un qui n’a plus de toit », précise Matouš Bláha qui a déjà fait près de 90 allers-retours entre la Tchéquie et l’Ukraine depuis le lancement de la grande offensive russe en févier 2022.

Un sac à dos de survie contient de la nourriture de base, de l’eau, des produits d’hygiène, un sac de couchage et un imperméable. On y trouve aussi des médicaments, ainsi qu’une lampe, un briquet, un réchaud ou encore une batterie externe. Après avoir distribué les premiers sacs à dos en février dernier, Koridor UA a lancé une collecte publique avec l’objectif d’affréter au moins un camion d’aide humanitaire de ce genre destinée à la région de Kherson.

Koridor UA, qui dispose de deux camions, livre en Ukraine non seulement son propre matériel, mais aussi de l’aide humanitaire provenant d’autres organisations tchèques, comme l’explique Matouš Bláha :

« Nous collaborons par exemple avec l’organisation Nesehnutí de Brno ou avec l’ONG Post Bellum. Nous avons ainsi transporté par exemple des panneaux ou  des générateurs de grande capacité. »

Rien que l’année dernière, 449 tonnes de matériel ont ainsi été envoyées en Ukraine.

La salle d’étude à l’Université nationale Oles-Hontchar de Dnipro | Photo: Martin Dorazín,  ČRo

L’État tchèque continue également de fournir un soutien à l’Ukraine dans plusieurs secteurs. Le ministère des Affaires étrangères et l’Université Charles ont récemment permis d’équiper une salle d’étude à l’Université nationale Oles-Hontchar de Dnipro, tandis que le gouvernement de Prague a financé la construction d’un centre de santé modulaire dans le village de Pryvilne, dans le sud de la région de Dnipropetrovsk, soumise, elle-aussi, à des combats permanents.

Un bâtiment équipé d’un laboratoire et d’une petite salle d’opération | Photo: Martin Dorazín,  ČRo

Début mars, l’inauguration du bâtiment équipé d’un laboratoire et d’une petite salle d’opération n’a pas échappé aux désinformateurs pro-Kremlin : la chaîne tchèque To je náš svět diffusée sur le réseau Telegram et suivie par environ 12 000 personnes y prétend qu’il s’agit d’un « hébergement temporaire », dont l’Ukraine n’a pas besoin, tout en accusant les autorités tchèques de corruption.

Un message aussitôt dénoncé par l’entreprise morave Promstal Engineering qui affirme avoir construit ce centre médical dans des conditions « très difficiles » étant donné qu’il se trouve non loin de la ligne de front et de la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par les Russes.

Auteurs: Magdalena Hrozínková , Ľubomír Smatana
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