Guerre en Ukraine : « Les Tchèques continuent d’envoyer de l’aide »
L’aide internationale à l’Ukraine est au plus bas depuis le début de l’invasion russe, selon un rapport de l’Institut Kiel pour l’économie mondiale, publié la semaine dernière. En Tchéquie, malgré la volonté du gouvernement et du chef de l’Etat de continuer à soutenir l’Ukraine, la poursuite de la livraison d’armes serait soutenue, selon un récent sondage de la société Kantar, par 47% des Tchèques soit le chiffre le plus bas depuis le début de l’invasion du pays par la Russie.
De retour du Donbass, le journaliste de la radio publique tchèque Ľubomír Smatana, témoigne toutefois du soutien ininterrompu et massif de la part des associations et des volontaires tchèques : « En ce qui concerne les sondages : si presque la moitié des Tchèques soutiennent la poursuite de l’aide militaire à l’Ukraine, je trouve cela plutôt pas mal, après plus d’un an et demi de guerre. La situation est semblable en Ukraine, où les gens sont fatigués, y compris les soldats qui n’ont pas vu leurs proches depuis un an. Certaines personnes ont manifesté à Kyiv. La guerre et la séparation pèsent lourd sur les familles ukrainiennes. »
« L’aide qui arrive de la Tchéquie, hormis celle fournie par le gouvernement, concerne surtout les choses les plus courantes. Il s’agit de vêtements et de sous-vêtements chauds que les Tchèques continuent à envoyer en Ukraine, de même que des équipements de protection personnelle – des appareils de vision nocturne, par exemple, des gilets pare-balles, des gants tactiques ou des trousses IFAKS, indispensables pour les secouristes. (…). Les Tchèques fournissent notamment du matériel médical, y compris des ambulances, mais également du matériel militaire : par exemple, l’organisation Team4Ukraine a livré récemment une voiture et un moteur de bateau aux soldats de la marine, qui opèrent sur la rive gauche du Dniepr et s’infiltrent dans le territoire occupé. »
L’organisation tchèque Team4Ukraine, récompensée cette année pour son engagement par le chef des forces armées ukrainiennes, a la particularité de fournir directement sur le front ce dont les unités ont besoin, notamment des drones. Grâce à cette organisation, Ľubomír Smatana a pu rencontrer des Ukrainiens qui fabriquent, de manière improvisée, des munitions au tétryl :
« Ils disposaient d’une usine souterraine de fabrication de mécanismes de drones, où ils plaçaient les explosifs. Ils fabriquaient du TNT dans la maison voisine, car s’il avait explosé à l’intérieur, ils seraient tous morts. (…) Ils mettent l’explosif dans des fusées en plastique fabriqués sur une imprimante 3D. Le commandant m’a dit qu’il fallait 5 à 6 dollars pour fabriquer une fusée comme celle-ci, qu’ils accrochent ensuite sous le drone. »
Ľubomír Smatana explique qu’une énorme quantité de matériel militaire est fabriquée par des civils ukrainiens, alors que l’Ukraine bénéficie d’une aide internationale importante :
« Le fait est que sur les trois cents milliards de dollars que le Congrès américain a débloqués au printemps en faveur de l’Ukraine, environ 90 % restent aux États-Unis. Ils vont aux Américains qui fabriquent les armes. L’argent sert également à la recherche, à la formation des soldats ukrainiens, à l’entretien des bases militaires en Allemagne. (…) La même chose se produit au sein de l’Union européenne : les moyens financiers consacrés à l’Ukraine sont investis en Europe, dans des usines d’armement locales. »
En novembre dernier, le Parlement tchèque a approuvé la poursuite de la formation des soldats ukrainiens en Tchéquie l’année prochaine. Ministre tchèque de la Défense, Jana Černochová a récemment déclaré que la Tchéquie « n’avait plus beaucoup de choses à envoyer à l’Ukraine en termes de matériel militaire », soulignant que le gouvernement entendait compenser le manque d'équipement « en accordant des licences d’exportation aux entreprises privées ».
Ce jeudi commencera à Bruxelles le sommet européen « à hauts risques pour l’Ukraine » selon les médias internationaux. Les Vingt-Sept doivent en effet se prononcer à l’unanimité, sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec Kyiv et sur la prochaine aide financière et militaire au pays en guerre, d’ores et déjà bloquée par certains pays européens.