Nymburk et Nymbursko

Nymburk, photo: Štěpánka Budková
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Zbozicko, Kostomlaty et les ruines d'un château médiéval, Bosin avec son église de l'Assomption de la Sainte Vierge, Straky, Macire, Sadska et ses précieuses sources ferrugineuses, Zdonin, ce sont des petits villages pittoresques se trouvant à Nymbursko, région de la ville de Nymburk, en plein dans la vallée de l'Elbe. Dans cette région, de précieux objets remontant jusqu'à la préhistoire ont été trouvés au cours de fouilles archéologiques. C'était, par exemple, une dent de mammouth à proximité de Zdonin, le squelette de la tête d'un aurochs près de Nymburk, un couteau, un rasoir, des ciseaux et même une boucle dans la ville de Nymburk, qui jadis avait le statut de ville royale. Son histoire est très intéressante et très complexe. Il est donc impossible de la présenter en quelques brefs instants. Mais il est tout à fait possible de révéler quelques points importants pour vous, chers auditeurs.

Nymburk,  photo: Štěpánka Budková
La ville, située sur la berge de l'Elbe, fut probablement fondée au XIIIe siècle par des colons allemands. A l'époque, ceux-ci se déplaçaient en masse dans l'Etat tchèque. Les souverains leur affectaient des endroits avec terrains propices au commerce et leur attribuaient également des privilèges considérables. Les écrits sur les premiers privilèges de la ville de Nymburk datent de la première moitié du XIVe siècle, époque du règne de Jean de Luxembourg, roi de Bohême. Les armoiries de la ville étaient un lion blanc sur fond rouge dans la partie droite et une tour de rempart dans la partie gauche. Nymburk était soumis uniquement au souverain et formait donc une entité absolument autonome sur le plan politique, économique et culturel. Les citoyens étaient soumis à l'autorité du bailli, du bourgmestre et des échevins.
Les remparts de Nymburk,  photo: Štěpánka Budková
La fortification de la ville fut construite vers la fin du XIIIe siècle. Elle consistait en un majestueux double rempart en briques et en marne calcaire doublé d'un fossé. Il reste encore de nos jours une bonne partie des remparts longeant la rive de l'Elbe, puis le Grand et le Petit Glacis. La rive de l'Elbe invite à une jolie promenade. En longeant la baie, lieu de patinage si l'Elbe gèle, on arrive jusqu'à un pont qui mène sur l'Ile. Il s'agit effectivement d'une véritable île en plein milieu de l'Elbe aménagée en parc de style anglais avec de petits sentiers et de magnifiques arbres. Le parc fut créé dans les années vingt du XXe siècle.

Le Dôme de saint Gilles,  photo: Štěpánka Budková
Parmi les monuments les plus intéressants, je citerai l'imposant Dôme de saint Gilles, le monastère des Dominicains fondé par Premysl Otakar II, le lycée, superbe bâtiment en style néo-renaissance ouvert en 1907, le bâtiment administratif de la gare datant du XIXe siècle, le château d'eau en style Art nouveau, le pont en béton armé du début du XXe siècle, premier en son genre en Bohême ou la colonne de la peste au centre de la place. Quelques précisions concernant la Grand place. Jusqu'au coup d'Etat de 1948, la place était le centre de la vie de la ville.

Elbe à Nymburk,  photo: Štěpánka Budková
Le dimanche, les bourgeois se promenaient sous les arcades et n'oubliaient jamais de faire un saut chez le confiseur Josef Prachensky, dont les excellants gâteaux, tartes, éclairs et surtout la glace à la crème fraîche étaient réputés dans toute la région. Après le putsch, la maison de Joseph Prachensky fut confisquée et démolie sans aucune compensation pour les propriétaires. Et maintenant, laissez-vous emporter dans vos pensées dans la vallée de l'Elbe au XIVe siècle. En ces temps vivait dans les alentours de Nymburk une très belle femme. On ne savait rien de son passé, ni d'où elle venait, ni sa raison de vivre seule. Elle vivait seule, mais ne l'était pas vraiment. Sa beauté et son charisme attiraient les hommes comme un aimant. Et elle profitait bien de leur attention. Elle aimait les délices physiques et ne restait pas insensible aux plaisirs matériels. Ses amants lui apportaient des robes, des bijoux, de la bonne nourriture et de l'argent. Nombre d'hommes ruinèrent leur famille pour la monstrueuse créature. Elle fut même la cause d'un meurtre lorsqu'une femme jalouse de son mari le poignarda en plein coeur.

Nymburk
Mais ses péchés ne devaient pas rester impunis. Un jour, elle vit rentrer chez elle un homme aux yeux très noirs et aux cheveux longs de la même couleur que ses yeux. Il lui plaisait beaucoup. Aussitôt il devint son amant. Les jours passaient. Un matin ensoleillé, le bel homme passa chez l'ignoble femme et lui demanda de le rejoindre au crépuscule près de la petite rivière Mrlina qui coule aux abords de Nymburk. N'y voyant aucun inconvénient, la jeune femme acquiesça. Peu avant le crépuscule, elle sortit et marcha vers Mrlina. A l'époque, la rivière était bordée d'une étendue de marécages qui sont depuis longtemps asséchés. En marchant, elle aperçut un magnifique prés de fleurs multicolores. La belle créature sourit : elle allait prendre le plaisir de marcher entre les fleurs qu'elle aimait tant. Elle était heureuse car pour la première fois de sa vie elle était amoureuse de l'homme aux cheveux noirs. Soudain elle sentit que ses pieds étaient humides. Elle baissa les yeux et vit ses pieds enfoncés jusqu'aux chevilles dans une vase noire et puante.
La rivière Mrlina,  photo: Tchoř,  CC BY-SA 3.0 Unported
Le près et les fleurs avaient disparu faisant place à un marécage. Elle sentait bien qu'elle s'enfonçait de plus en plus profondément. Prise de panique, la jeune femme regarda autour d'elle pour voir s'il n'y avait pas quelqu'un pour l'aider. Ce fut alors qu'elle aperçut son bel homme aux yeux d'un noir de jais. La belle ressentit un soulagement mais par pour longtemps car à sa grande stupeur elle fut témoin de la métamorphose de son amant. Celui-ci se transforma en un petit homme frêle. Il avait toujours ses longs cheveux noirs, mais il était laid avec des dents pourries et tenait à la main un bâton noueux. Elle comprit vite que c'était l'homme des bois qui était venu la punir de ses péchés. Le corps de la jeune femme s'enfonçait dans la vase gluante, qui bientôt recouvrit son magnifique visage. La belle femme disparut à tout jamais dans le marécage. On entendit seulement le rire démoniaque de l'homme des bois et un léger bouillonnement.

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