Open d’Australie : 2015, enfin la bonne pour Berdych ?

Tomáš Berdych, photo: ČTK

2015 sera-t-elle enfin la bonne année pour Tomáš Berdych ? Après avoir changé d’entraîneur en fin de saison dernière, le Tchèque a fait de la quête d’un titre du Grand Chelem, le premier de sa carrière, son grand objectif pour les prochains mois. Mais bien qu’auteur d’un sans-faute depuis le début de l’Open d’Australie, Berdych retrouvera une de ses bêtes noires en quart de finale à Melbourne : Rafael Nadal. Néanmoins, quel que soit son résultat contre l’Espagnol, son bilan aura été plus satisfaisant que celui de Petra Kvitová, éliminée dès le 3e tour.

Tomáš Berdych,  photo: ČTK
Pour la cinquième année consécutive, Tomáš Berdych s’est qualifié pour les quarts de finale de l’Open d’Australie. C’est là déjà une performance en soi, sauf que… Sauf que nombreux sont ceux, et l’intéressé lui-même le premier, à attendre plus de Berdych, deuxième tennisman tchèque après Ivan Lendl à avoir atteint les demi-finales des quatre tournois du Grand Chelem. A 29 ans, Berdych est, à sa manière, une exception : présent sans interruption dans le Top 10 mondial depuis 2010, le double vainqueur de la Coupe Davis (2012 et 2013) reste le seul joueur de l’élite aussi constant sur la durée à ce niveau de performance à ne pas encore avoir remporté le moindre titre du Grand Chelem. S’il parvient régulièrement dans les derniers tours des tournois auxquels il participe, le Tchèque ne soulève que très rarement la coupe du vainqueur au-dessus de la tête.

Difficile pour autant de placarder une étiquette de « loser », de « Poulidor du tennis » ou de « joueur fragile mentalement » sur le dos de Berdych. Ce déficit de trophées et de grands succès dans son palmarès, le Tchèque peut le mettre, sans avoir à rougir tant la concurrence est féroce, sur le compte notamment de la voracité du trio Djokovic – Nadal – Federer, qui, à lui seul, collectionne 38 des 46 titres du Grand Chelem attribués depuis le premier sacre de Roger Federer à Wimbledon en 2003…

Loin de cette insatiabilité de trois des tout meilleurs joueurs de l’histoire, Tomáš Berdych se contenterait sans doute volontiers d’un titre d’ici la fin de sa carrière. Et, le temps passant, si possible dès cette saison et, pourquoi pas, dès cet Open d’Australie, probablement le Majeur qui lui réussit et lui convient le mieux. Pour l’heure, on exagèrerait à peine en affirmant que tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes pour le Tchèque. Vainqueur de ses quatre matchs à Melbourne sans concéder le moindre set, Berdych a sorti sans sourciller le local Bernard Tomic en trois sets (6-2, 7-6, 6-2) en huitièmes de finale, dimanche. Auteur de dix-sept aces et de cinquante-deux coups gagnants, l’actuel n° 7 mondial rayonnait à la sortie du court :

« C’est vrai, je suis satisfait du déroulement du tournoi. Les choses se passent bien : je progresse de match en match et je me sens bien, tant physiquement que psychiquement. Maintenant, il va falloir que j’ajoute encore un petit extra dans mon jeu si je veux avoir une chance de poursuivre ma route ici. »

Seulement voilà : pour atteindre le dernier carré et s’offrir le droit de rêver à la deuxième finale d’un Grand Chelem de sa carrière, après sa seule et unique à Wimbledon en 2010, Tomáš Berdych doit d’abord se coltiner, ce mardi, en quarts de finale, le joueur qui, avec Novak Djokovic, lui réussit le moins bien sur le circuit : Rafael Nadal. Ces huit dernières saisons, quels que soient le tournoi, la surface ou l’état de forme des deux hommes, le Tchèque s’est incliné dix-sept fois consécutives contre l’Espagnol… Ainsi, déjà à Melbourne en 2012, Berdych, malgré une balle de deux sets à zéro, avait quitté l’Open d’Australie au stade des quarts de finale, victime de l’opiniâtreté et, accessoirement, du talent de Nadal. Un bilan peu flatteur, c’est un euphémisme que de l’affirmer, sur lequel le Tchèque n’a cependant pas voulu trop s’attarder avant cette nouvelle confrontation contre le finaliste du dernier Open d’Australie : « Peu importe l’histoire. Il ne sert à rien de revenir sur le contenu des matchs précédents et de réfléchir à ce que j’aurais pu faire alors différemment. Pas mal de choses ont changé ces derniers temps. Je suis d’abord très content d’en être là. J’arrive à ce stade de la compétition en étant dans la meilleure position dans laquelle je pouvais espérer être. Cela me donne de la confiance et c’est dans cet état d’esprit que j’aborde ce match. »

Sûr de lui et de son jeu, le Tchèque, auteur d’un début de saison convaincant, affirme devoir son optimisme entre autres à son nouvel entraîneur, le Vénézuélien Daniel Vallverdu, et au lourd travail de préparation effectué avec l’ancien coach d’Andy Murray. Toutefois, pas même Tomáš Berdych n’oublie que c’est avec un autre conseiller à ses côtés, un certain Ivan Lendl qui a refusé en octobre dernier de coopérer avec son compatriote, que l’Ecossais a remporté son premier titre du Grand Chelem…

A Melbourne, Kvitová n’y arrive plus

Que Tomáš Berdych soit le dernier Tchèque encore en lice dans le tableau masculin constitue tout sauf une surprise. Plus étonnant en revanche, eu égard aux résultats du début de saison, est le fait que plus aucune joueuse tchèque ne figure en seconde semaine dans le tableau féminin. La principale déception est venue de l’élimination précoce de Petra Kvitová. La n° 4 mondiale, vainqueur du tournoi de Sydney il y a dix jours de cela, a été sortie dès le 3e tour, samedi, par l’Américaine Madison Keys en deux sets (4-6, 5-7). Trahie par son service, Kvitová a été dominée par une joueuse pourtant trente-et-un rangs en dessous d’elle au classement WTA. Et même si elle présente un bilan moins déshonorable que lors des deux dernières éditions, où elle avait quitté le tournoi dès les 1er et 2e tours, la Tchèque n’en quitte pas moins une nouvelle fois l’Open d’Australie prématurément, sans cacher ses regrets :

« Sur les trois dernières années, celle-ci est clairement la meilleure. On peut toujours voir les choses comme ça. Je me sens mieux, je sens que le travail avec mon nouveau préparateur physique m’a permis de progresser, même si j’attendais quand même un peu plus de cet Open d’Australie. Ce n’est pas facile sur le coup, mais il faut tourner la page. Cela ira mieux dans quelques jours, d’autres tournois arrivent. Je dois continuer à travailler, surtout pour renforcer mes jambes et améliorer mes déplacements. Cela demande du temps, il faut savoir être patient. Je sais bien qu’il y a encore pas mal de choses à améliorer. »

Si Petra Kvitová était présentée comme une des favorites du tournoi, cela n’était pas le cas de ses compatriotes avec lesquelles elle a remporté la Fed Cup en novembre dernier. Eliminée elle aussi samedi au 3e tour, Barbora Záhlavová-Strýcová, entraînée par le Français Jérôme Adamec, l’était d’autant moins qu’elle croisait la route de la revenante biélorusse Viktoria Azarenka. Malgré donc son statut de tête de série n° 25, la Tchèque s’est logiquement inclinée en deux manches (4-6, 4-6) contre l’ancienne numéro un mondiale sans pour autant démériter.