De Martina Navrátilová à Helena Suková, l’hommage de Radka Leitmeritz aux joueuses de tennis tchèques
Le jardin du Musée des Arts décoratifs, au cœur de Prague, accueille une exposition de photographies basée sur le livre « One Love » de la photographe tchèque Radka Leitmeritz. Disponible jusque fin juillet, l’exposition rend hommage aux joueuses de tennis tchèques, des légendes du passé, aux sportives montantes d’aujourd’hui.
« One Love », l’ouvrage photographique de Radka Leitmeritz, est né de la passion d’une photographe pour le tennis. L’exposition Tennis Garden, réalisée en collaboration avec l’agence de création Pavleye Production et l’architecte Jerry Koza, s’appuie sur cet ouvrage, associant à la fois des photographies, mais aussi des objets ayant appartenu à des légendes du tennis tchèque. Par exemple, les visiteurs peuvent retrouver les baskets de la joueuse Martina Navrátilová. Entre 2019 et 2022, la photographe, originaire de Litoměřice, a suivi des joueuses tchèques de grande renommée. Elle nous en dit plus sur les visages que l’on peut reconnaître sur ses photographies.
« J’ai pu travailler aux côtés de neuf joueuses tchèques comptant parmi les meilleures joueuses du tennis mondial. Parmi les sportives les plus titrées, j’ai rencontré les légendes Martina Navrátilová mais aussi Helena Suková et Hana Mandlíková. »
« Ce projet est en partie un hommage car, bien que la Tchéquie ne soit qu’un petit pays, de nombreuses joueuses tchèques s’illustrent dans le tennis. Karolína Muchová, qui a brillé à Roland Garros, fait aussi partie du projet. »
Markéta Vondroušová, Barbora Krejčíková, Petra Kvitová et Karolína Plíšková ont également été photographiées par Radka Leitmeritz. L’objectif était aussi de montrer les coulisses de la vie d’une joueuse de tennis à travers un projet uniquement dédié aux femmes, car elle estime que les hommes bénéficient déjà beaucoup de plus d’attention dans le domaine sportif. Jozef Pavleye, producteur de la photographe, explique comment ce projet est né.
« L’idée de rassembler ces photographies dans ce livre a germé pendant la pandémie de Covid-19. Radka voyage énormément, elle vit à Los Angeles mais elle est revenue à Prague pendant l’été 2020. A ce moment-là, elle envisageait de rencontrer des joueuses qui étaient en Tchéquie et qui ne voyageaient pas. Cet été 2020, nous avons donc organisé des séances photos avec certaines d’entre elles. »
« Je voulais documenter le tennis féminin, ce que personne n’a jamais fait. Les biographies, les documentaires existent, mais aucun projet n’existe pour montrer la beauté et l’esthétisme du tennis féminin. Je voulais montrer les personnalités des joueuses en-dehors des codes sportifs du tennis. Elles sont rarement montrées en dehors des courts et de la performance sportive. Etant photographe de mode, je travaille avec des acteurs, des mannequins, le style de ma photographie est totalement différent de celui d’un photographe sportif. Mon esthétique est proche du monde de la mode et de l’art. »
Ces photographies représentent les succès passés (et nombreux) des joueuses de tennis tchèques au cours des dernières décennies. Mais elles décrivent aussi les côtés moins glamour ou les moments hors du jeu pendant lesquels les joueuses lâchent la raquette.
« Pour chaque joueuse, j’ai essayé de trouver un lieu ou un angle pour refléter sa personnalité. Même si les séances photos étaient organisées, avec un coiffeur et un maquilleur, je voulais rendre les portraits les plus naturels possibles. »
« Les joueuses de tennis voyagent dix mois par an. En dehors des entraînements et des tournois, elles passent beaucoup de temps seules dans des chambres d’hôtel. A travers mes photographies, je voulais montrer les difficultés qu’elles peuvent rencontrer pour garder une vie privée, rencontrer quelqu’un, profiter de leur famille ou même avoir des amis. J’ai essayé d’adopter cet angle sans tomber dans la photographie documentaire. J’ai aussi pris des photos pendant les tournois mais en me concentrant sur les moments en-dehors des performances sportives. Les moments d’action sportive sont capturés par les photographes sportifs. Mais je voulais capter les moments de pause, de réflexion, de doute ou de fatigue. Dans le sport, les gagnants et leurs moments de succès sont pris en photos. J’ai cherché à saisir des moments auxquels personne ne prête attention. »
Le travail de Radka Leitmeritz est sans conteste animé par une passion du tennis, raison pour laquelle il est aussi dédié à des lieux, parfois abandonnés, faisant partie intégrante de la culture du tennis en Tchéquie. Par exemple, il est possible de retrouver des photographies de l’ancien complexe du Lawn Tennis Club à Letenské sady, à Prague. Abandonné aujourd’hui, c’est dans ce complexe qu’a été fondé le plus ancien club de tennis du pays. Radka Leitmeritz nous en dit plus sur sa fascination pour ces lieux du passé.
« Selon moi, la Tchéquie est une nation de tennis et certains lieux en témoignent. Le temps s’est arrêté dans beaucoup de clubs de tennis. Quand j’ai commencé mes voyages, je me suis rendu compte que les clubs de tennis représentaient ce côté rétro et une forme de nostalgie. J’ai une vision très romantique du tennis, et je cherchais des endroits qui racontaient une histoire. J’ai donc photographié des endroits perdus ou oubliés mais néanmoins incroyables. »
Cette ouvrage « One Love » s’inscrit dans le projet ‘Court Suprems’, mis en œuvre avec la coopération de l’Association des joueuses de tennis (Women’s Tennis Association). C’est pour cette raison que Radka Leitmeritz n’a pas pour idée de s’arrêter au premier set. Après avoir suivi le tournoi de Roland Garros à Paris, elle est aussi la photographe de la campagne pour le tournoi de Wimbledon qui se tiendra à partir du 3 juillet. C’est pourquoi l’exposition est un premier volet avant la réalisation d’un projet plus large qui comprendra des portraits de joueuses du monde entier. En attendant, les visiteurs peuvent profiter de l’exposition au cœur du Musée des Arts décoratifs de Prague jusqu’au 30 juillet.