Orhan Pamuk et Yasmina Khadra au Festival des écrivains de Prague
Du 17 au 19 avril se déroule le Festival des écrivains de Prague. Malgré les réductions budgétaires pour le moins drastiques qu’a subi cet événement culturel, plusieurs grandes figures de la littérature mondiales sont présentes cette année, comme le Prix Noble de littérature 2006, l’écrivain turc Orhan Pamuk et l’écrivain algérien Yasmina Khadra. Guillaume Basset est le directeur adjoint du festival, il nous parle du thème central de cette édition :
Est-ce que cela veut dire que ces thèmes vont être traités sous forme de débats ?
« On aura un grand débat au Sénat. Le président du Sénat, Milan Štěch, est le patron du festival cette année. Le jeudi 18 avril, à 17h, se déroulera un débat sur la naissance et la mort de la Tchécoslovaquie auquel participeront Tomáš Klvaňa, l’historien Jan Rychlík, l’ancien premier ministre de la Tchécoslovaquie indépendante Petr Pithart et Marie Heimann, une historienne américaine qui a écrit un livre intitulé ‘La Tchécoslovaquie, l’Etat qui a échoué’, publié il y a quelques années et qui avait causé quelques remous en République tchèque. »
En dehors de ce thème principal, vous avez beaucoup d’invités étrangers. Il faut citer évidemment Orhan Pamuk, Prix Nobel de Littérature, ou encore l’écrivain algérien Yasmina Khadra. Ces invités vont-ils aussi évoquer ce thème par rapport à l’expérience de leur propre pays d’origine ?
« Tout-à-fait. La question de la naissance des nations, de comment naît une nation, s’articule sur deux moyens principaux : la révolution, qui bouleversant la nation, la fait renaître de façon différente, et l’indépendance, le post-colonialisme. Evidemment, Yasmina Khadra, en tant qu’auteur algérien traitant de l’Algérie mais aussi des différents bouleversements du Moyen Orient, aborde cette question par son propre angle. Concernant la révolution, nous aurons au Théâtre national, mercredi, une grande discussion sur les révolutions arabes, puisque c’est le grand événement des deux dernières années. »Cette année, le festival se déroule de façon un peu concentrée. Que s’est-il passé pour qu’il soit réduit à peau de chagrin ?
« Ce qu’il s’est passé exactement, nous ne le savons pas très bien. Ce qui s’est passé officiellement, c’est que le conseil municipal de Prague, dirigé par Václav Novotný, a décidé de mettre en place un comité pour étudier les subventions, qui a choisi de nous couper 90% du budget normal. Ce qui évidemment a porté un coup quasi fatal au festival. Heureusement nous avons gardé le soutien du ministère de la Culture et du Sénat. Avec 90% de budget en moins, nous avons évidemment dû réduire le festival : au lieu d’avoir douze auteurs, nous n’en avons que cinq, et au lieu de le faire sur une semaine, nous n’avons qu’un jour au théâtre, un jour au Sénat. Orhan Pamuk fera une rencontre à la résidence du maire de Prague car, malgré nos mauvaises relations avec le comité mis en place par Václav Novotný, nos relations avec Bohuslav Svoboda, le maire de Prague, sont excellentes. »
Du coup, quel est l’avenir du festival pour les prochaines années ?
« Qui sait ? Nous verrons. Il est clair que nous allons devoir reconfigurer la structure générale du festival puisque même cette année nous n’étions même pas sûrs de pouvoir le mener à bien. Nous ne savons pas ce qu’il va se passer. Nous allons évidemment tenter le plus possible de maintenir l’idée générale du festival qui est d’inviter des auteurs étrangers en République tchèque, de faire des débats autour de certains thèmes. Est-ce que ce sera sous la forme d’une semaine de festival proprement dit, ou sous la forme de plusieurs rencontres au fil de l’année ? Après tout, c’est ouvert : le festival n’est pas simplement un festival, c’est un fonds pour la culture, dont l’activité principale est cet événement. Est-ce que ses activités vont devoir se diversifier et changer ? Sûrement, mais sous quelle forme, nous ne le savons pas encore… »