Pâques au musée des mines de Pribram
Bonnes et joyeuses Pâques, chers amis auditeurs. Nous vous invitons au musée des mines de Pribram, le plus grand en son genre en Tchéquie, qui a Bonnes et joyeuses Pâques préparé un programme spécial à l'occasion des fêtes de Pâques.
"L'extraction de l'argent et du plomb, dans la région de Pribram, a une longue histoire. Ses traces les plus anciennes nous conduisent jusqu'à la civilisation des Celtes qui étaient les premiers prospecteurs des minerais de fer dans cette région. Les mines ont connu une conjoncture sous l'empereur Rodolphe II qui, en 1579, a attribué à Pribram le statut de ville royale minière. Le XIXe siècle, avec son progrès technique, marque l'âge d'or de l'industrie des mines à Pribram. Les machines à vapeur sont pour la première fois appliquées ici, ainsi que les nouvelles méthodes de traitement des minerais. Pribram a alors approvisionné à 97,7% la monarchie austro-hongroise en argent et en plomb. Une académie minière y est créé, en 1849. Une multitude de monuments miniers se sont conservés de cette époque: à côté des machines et des tours d'extraction, c'est l'architecture industrielle de style dit Malakoff, en briques brutes, tout à fait rare dans notre pays. Le bâtiment de l'ancienne mine Sevcinsky, de 1879, a été proposé pour être inscrit sur la liste du patrimoine culturel de l'UNESCO.
En 1978, l'extraction de l'argent et du plomb a pris fin, dans les mines de Pribram. Tous les bâtiments des anciennes mines - il y en a une quarantaine, font aujourd'hui partie du musée. Ce dernier est le 3e plus grand en Tchéquie et le premier en son genre. L'année écoulée, il a accueilli 50 000 visiteurs. Le musée leur propose, entre autres, un tour, en petit train, à travers le labyrinthe des galeries souterraines, jusqu'à une profondeur de 1600 mètres. En 1875, les mineurs de Pribram ont établi le record mondial dans le percement d'un couloir vertical, long de 1000 mètres, qui est aussi accessible au public. Un record de triste mémoire s'attache à la date de 1892: un incendie qui s'est déclaré dans les mines, et qui a fait 319 morts, a été la plus grande catastrophe minière qui se soit produite, jusqu'alors, dans le monde. En 1948, les mines d'uranium ont été ouvertes à Pribram. Jusqu'à 1991, elles approvisionnaient l'URSS en uranium. Les mines d'uranium de Pribram ont acquis une triste réputation dans les années cinquante, où des prisonniers politiques y étaient envoyés aux travaux forcés. Le mémorial Vojna sera prochainement inauguré, en leur hommage.Pribram, c'est aussi une ville de pèlerinage, puisqu'un bijou de l'architecture baroque monumental, l'église du Mont Saint, se trouve ici. De nombreux touristes y viennent notamment de Bavière, renouant avec la tradition médiévale, lorsque des milliers de pèlerins de notre pays et d'Allemagne voisine se dirigeaient vers l'église du Mont Saint, oeuvre de Carlo Lurago. Les jésuites l'ont fait édifier au 17e siècle, à l'emplacement d'une chapelle abritant la fameuse Madone du Mont Saint, oeuvre adjugée à l'archevêque de Prague, Arnost de Pardubice. La statuette de la Madone du Mont Saint de Pribram fait partie de la décoration de Pâques des demeures de Pribram, tout comme les statuettes des patrons des mineurs: Procope, Adalbert et Barbe. C'est la preuve de ce que les mineurs considéraient Pâques comme la plus importante fête chrétienne de l'année." Parmi les mineurs, il y avait beaucoup de croyants pour lesquels les figurines des madones et des patrons taillées dans le bois ont été un moyen de se rapprocher de Dieu, dit le directeur du Musée, Josef Velfl, en soulignant que par ces statuettes, la tradition de Pâques à Pribram est différente de celle d'autres régions:"Le métier de mineur se reflète dans la manière de décorer les oeufs avec les fils de fer ce qui est une technique tout à fait spéciale. Pour le reste, il n'y a pas de grandes différences: on colorait les oeufs, on préparait les mets traditionnels inséparables de Pâques, dont surtout la brioche et l'agneau de pâte, en tant que symbole de la vie et de l'humilité, on confectionnait les tresses de Pâques, avec des rameaux de saule. De même que dans la plupart des régions, à Pribram aussi, c'était les garçons qui fouettaient les filles et qui allaient aux étrennes, en chantant les chants de Pâques populaires. La coutume d'aller aux étrennes est toujours vivante à Pribram."
Les coutumes de Pâques observées à Pribram, avec leurs éléments spécifiques, propres aux mineurs, sont présentées aux visiteurs dans une atmosphère inimitable d'une maison minière authentique faisant partie du complexe du musée. C'est toujours le directeur du musée qui nous sert de guide dans cette maison campagnarde à décoration pascale merveilleuse. La maison est, elle-aussi, un merveille de l'architecture populaire. Elle est l'une des rares qui se soit conservée dans son style original - une demeure de batteurs de métaux se trouvait ici déjà au XVIe siècle. Plusieurs générations habitaient cette maison de 3 pièces, au toit de bardeaux, avec une cuisine noire unique en son genre, témoin de la préparation des plats au feu ouvert, une cave et un puits. L'intérieur est aménagé dans le style des demeures minières de la fin du 19e siècle. La pièce principale qui concentrait toute la famille, parfois en 3 générations, est meublée de lits, d'un berceau, d'une grande table, sans oublier un grand four et les objets documentant les activités des femmes des mineurs, tels que la machine à coudre. Le soucis des femmes a été de s'occuper du ménage et des enfants - la famille minière moyenne avait de 4 à 10 enfants, mais aussi d'enrichir le budget familial: les femmes fabriquaient les gants et les objets vendus, lors des pèlerinages au Mont Saint: chapelets, médaillons, etc.
Dans la pièce principale, on peut admirer aussi de beaux jouets que faisaient les mineurs pour leurs enfants et qui, au fur est à mesure, ont été fabriqués dans l'une des premières usines de jouets en bois qui se trouvait dans l'air de la mine Vojtech. Un produit typique de la région de Pribram fait main, par les mineurs, ce sont les crèches de Noël dans lesquelles les mineurs sont représentés eux-mêmes, à la place des figurines habituelles, offrant des cadeaux au petit Jésus. Les mineurs taillaient également les plastiques de leurs patrons, et les oeuvres appelées stufenverk - sorte de miniatures de mines, faites avec des pierres trouvées dans le sous-sol, ornées d'argent, et complétées des figurines de mineurs. Ces oeuvres ornaient les maisons des mineurs pendant toute l'année. A Pâques, on décorait les maisons par les dessins sur verre aux motifs de crucifixion du Christ.
Pendant les fêtes de Pâques, les visiteurs du musée, surtout les enfants, peuvent s'essayer eux-mêmes, à colorer des oeufs et à confectionner une tresse. Antonin Svec est là pour le leur montrer:
"La cire d'abeille est une technique classique de colorer les oeufs. L'oeuf est ensuite plongé dans les colorants naturels solubles dans l'eau. Les couches de cire une fois enlevées restent blanches, seul le reste de l'oeuf est coloré. Les enfants peuvent aussi cuire les petits pains d'épices, un autre symbole de Pâques à Pribram. Pour le faire, ils ont à leur disposition divers moules, en forme de coeur, de berceau, de poisson, d'oiseau, de cheval, de Jésus. Aujourd'hui, on utilise les répliques des moules originaux taillés dans le bois de poirier, vers 1830 et exposées dans les vitrines."
Le ton d'une boîte à musique, oeuvre populaire d'un tailleur sur bois de Pribram, nous accueille à l'entrée de la deuxième pièce de la maison des mineurs, où un tailleur, Milan Hosek, est en train de tailler une Madone du Mont Saint:"La Madone du Mont Saint est fabriquée à Pribram, depuis plus de 200 ans. La Madone, faite main, avec du bois de tilleul, est toujours la même: habillée d'une robe rouge et d'un manteau bleu. La statuette de la Madone est un souvenir typique de Pribram, fort recherché et apprécié par les touristes étrangers. Or, à la question de savoir quel est l'attribut pascal le plus typique de Pribram, Milan Hosek répond que c'est la croix en bois, avec le corps du Christ gravé dans celle-ci et ornée de feuilles de vigne ou de chêne. Milan Hosek a hérité de cette tradition de la famille de sa grand-tante, Hermina Tyrlova, célèbre réalisatrice de films de dessins animés, et il l'a déjà transmise à sa fille de 14 ans..."