Pas assez de francophones dans les ministères tchèques ?
Le chef de la diplomatie tchèque, Cyril Svoboda, a reproché mardi aux fonctionnaires de haut rang des autres ministères de ne pas maîtriser suffisament la langue francaise. Selon lui, cela pourrait poser des difficultés à l'avenir, notamment lorsque la République tchèque prendra la présidence tournante de l'UE en 2009. Alors dans quelle mesure les fonctionnaires tchèques favorisent l'anglais et l'allemand au detriment du francais?
« Je considère que le niveau de connaissance générale en français des fonctionnaires en charge du suivi des dossiers n'est pas problématique et ne constitue pas un obstacle. Pour plusieurs raisons : parce qu'il y a des fonctionnaires compétents et parce qu'il y a eu, au ministère de la Justice notamment, un recrutement assez important de fonctionnaires francophones chargés du suvi de certaines questions. Je pense par exemple aux questions de JAI (Justice-Affaires-Intérieures) qui sont élaborées à Bruxelles. Le ministère tchèque de la Justice, en relation avec le ministère des Affaires étrangères, a envoyé à Bruxelles et a recruté à Prague de jeunes fonctionnaires qui parlent des langues étrangères dont le français. C'est vrai que tous les niveaux de la fonction publique sont inégalement représentés en matière de francophonie, et que les niveaux les plus élevés ne sont peut-être pas aussi bien représentés que ceux qui sont en charge des dossiers. »
Vous êtes en poste à Prague depuis plusieurs années. Avez-vous noté une évolution positive dans le recrutement de francophones au sein de l'Administration tchèque ?
« Au ministère de la Justice, incontestablement. Lorsque je suis arrivé dans ce ministère, il n'y avait aucun fonctionnaire qui se sentait assez à l'aise en français pour se faire connaître. Il y a quelques mois, j'ai réussi à réunir plus d'une quinzaine de personnes francophones, ce qui vous montre une évolution très frappante. En revanche, en ce qui concerne l'entraide judiciaire, c'est à dire les commissions rogatoires, les demandes d'arrestation, les mandats d'arrêt européens, les demandes d'extradition (il y en a eu pratiquement tous les jours pendant cette période de fête entre nos deux pays), ce que nous observons, ce sont des lacunes cruelles : les interprètes dont bénéficient les cours et les tribunaux dans nos deux pays - et plus particulièrement en RT - sont très très faibles et mettent en circulation des documents judiciaires qui sont difficilement compréhensibles. Cela pose un vrai problème de gestion et d'efficacité, et des problèmes de principe car un procès équitable, c'est aussi être bien compris et bien comprendre ce qui est demandé aux juges et procureurs des différents pays. Donc, en ce qui concerne l'entraide judiciaire il y a certainement un gros effort à faire. »