Patrick Blanc, l’inventeur des murs végétaux, est venu à Prague

Bridge Max Juvenal - Aix-en-Provence

Savez-vous ce qu’est un mur végétal ? Oui, c’est cette fresque vivante que l’on trouve, par exemple, sur la façade du Musée du Quai Branly à Paris. Inventeur de cette nouvelle technique de culture qui permet de « végétaliser » n’importe quelle surface verticale, le botaniste français et chercheur au CNRS Patrick Blanc a créé presque 300 murs végétaux dans le monde entier. Ils rendent, certes, les villes plus belles et verdoyantes, mais dépolluent aussi l’air et sont un élément d’isolation phonique et thermique. Mardi, Patrick Blanc a présenté son concept à l’Institut français de Prague, dans le cadre des journées internationales de l’architecture qui se tiennent jusqu’au 17 octobre dans la capitale.

Patrick Blanc
« Le mur végétal est quelque chose d’extrêmement simple. C’est un support synthétique de 3 mm d’épaisseur qui est agrafé sur une planche en PVC d’1 cm d’épaisseur, avec des tuyaux percés qui donnent de l’eau au sommet. C’est donc structurellement très simple. Mais avant d’arriver à l’extrêmement simple, j’avais fait, quand j’étais adolescent, des choses beaucoup plus compliquées, avec des fragments de noix de coco, de la tourbe, de la laine de roche... Je croyais ces supports beaucoup plus écologiques. Seulement ces supports ‘beaucoup plus écologiques’, ils se décomposent. Après quelques mois ou, au maximum, deux ou trois ans, le substrat est décomposé et les plantes ne peuvent plus pousser. Voilà pourquoi j’ai choisi d’utiliser une sorte de tissu uniquement fait de vêtements synthétiques en polyamide ou polyester. Du point de vue écologique, c’est correct, parce que ce ne sont que des vieux vêtements recyclés. Mais c’est en polyamide, c’est-à-dire un dérivé du pétrole. Grâce à ce feutre synthétique, comme il est stable à long terme (le plus ancien feutre que j’ai date de 1982), les microorganismes s’installent dedans et peuvent dépolluer l’air. C’était difficile à oser quand j’étais un jeune étudiant en écologie : au lieu d’utiliser des matériaux naturels biodégradables, j’ai choisi le matériau issu de vêtements recyclés qui n’est pas biodégradable. »

Donc vous avez commencé à imaginer les murs végétaux déjà quand vous étiez étudiant.

Bridge Max Juvenal - Aix-en-Provence
« Oui, même avant. J’ai commencé avec des aquariums, et, au début, mon objectif était de faire un filtre biologique. Quand j’avais douze ans, j’ai lu dans une revue allemande que pour extraire le maximum de nitrates des aquariums, il fallait faire tremper des racines de philodendron dedans. Je l’ai fait et j’ai vu que le philodendron poussait très bien et je me suis intéressé progressivement à ces plantes qui poussaient au-dessus de l’aquarium et qui purifiaient l’eau. Après, j’ai voulu faire sortir l’eau de l’aquarium avec une pompe, la faire couler sur les tiges des plantes. Il fallait bien que les tiges soient fixées sur un support et j’ai donc commencé à les agrafer sur des planches en plastique et chercher à mouiller autour des tiges pour que de nouvelles racines apparaissent. Voilà comment sont nés les murs végétaux. »

Vous collaborez évidemment avec des architectes...

« J’ai eu la chance de collaborer avec beaucoup de grands architectes : Jean Nouvel, Herzog et de Meuron, Sejima qui vient de recevoir le Prix Pritzker, Frank Gehry… Parfois, je fais aussi de toutes petites réalisations, mon plus petit mur, il faisait 12 cm de large sur 30 de haut… Et avec Jean Nouvel, je suis en train de travailler sur le projet d’une tour à Sydney de 200m de hauteur ! C’est toujours la même problématique, mais à 200m de haut, il faut tenir compte du vent et des excès de soleil… C’est passionnant, parce que les conditions sont à chaque fois différentes et c’est un nouveau projet. »